Top Cinéma 2023 : le choix des rédacteurs de MovieRama

L’amour du cinéma, plus fort que tout. 2023, c’est avant tout la confirmation des noces définitivement renouées avec le Septième Art. Quel autre film porte mieux cette passion que The FabelmansSteven Spielberg nous fait partager son amour du cinéma. Cela méritait bien en effet une première place dans notre Top 2023. De passion, cette année, il aura toujours été question : amoureuse dans Anatomie d’une chute et Killers of the flower moon, colérique dans Toute la beauté et le sang versé, pour la science dans Oppenheimer, entre des générations différentes dans L’Eté dernier, ou encore pour l’enseignement et l’engagement dans Les Herbes sèches. Retrouvez notre classement général ainsi que ceux individuels de nos rédacteurs!

Toute la rédaction de MovieRama vous souhaite de très Joyeuses Fêtes !

TOP GENERAL FILMS 2023

1. The Fabelmans, de Steven Spielberg, 34 points.
2. Anatomie d’une chute, de Justine Triet, 26 points.
3. Toute la beauté et le sang versé, de Laura Poitras, 18 points.
4. Mad God de Phil Tippett, 17 points.
5. Le Gang des bois du temple, de Rabah Ameur-Zaïmèche, 17 points.
6. ex aequo Oppenheimer, de Christopher Nolan et Killers of the flower moon, de Martin Scorsese, 16 points.
8. L’Eté dernier, de Catherine Breillat, 14 points.
9. Mars Express, de Jérémie Périn, 13 points.
10. Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan, 11 points.

N.B : lorsque deux films ont le même nombre de points, (par exemple Mad God et Le Gang des bois du temple), ils sont départagés par la place la plus haute obtenue par l’un des deux films dans les classements individuels.


  • EMILIE OLLIVIER

1. L’Enlèvement de Marco Bellochio

Le film qui aurait dû avoir la Palme d’or. Lyrique, baroque, exempt de défauts : en un mot un chef-d’œuvre au sens non galvaudé du terme. Le très productif et toujours aussi en forme Bellochio est un des derniers plus grands cinéastes en vie.

2. Lost in the night d’Amat Escalante

Un autre chef-d’oeuvre absolu. Dans le jeune cinéma mondial, les plus belles et frappantes surprises nous viennent du Mexique. (Un exemple récent pris au hasard : le merveilleux et dur Despues de Lucia de Franco)

3. How to have sex de Molly Manning Walker

Un film dont il ne faut rien savoir avant de le voir. Qui prend une direction inattendue et nous cueille littéralement.

4. Noémie dit oui de Geneviève Albert

Insoutenable pour certains, tiré de plusieurs histoires vraies et du phénomène sociétal du très jeune âge où entrent les mineures en prostitution au Québec  (en moyenne 14 ans).

5. Les Meutes de Kamal Lazraq

Un film âpre, noir, sans concessions décrivant la réalité trop peu montrée des bas-fonds de Casablanca.

6. Déserts de Faouzi Bensaidi

Un film extrêmement drôle en sa première partie qui se transforme en poésie déchirante en sa seconde.

7. Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania

Un dispositif audacieux et sophistiqué.

8. Le Principal de Chad Chenouga

Chad Chenouga  qui nous avait déjà émerveillés avec De toutes mes forces. Avec un des plus grands acteurs français : Roschdy Zem.

9. A la belle étoile de Sébastien Tulard

Un feel-good movie tiré d’une histoire vraie. Qui par ailleurs émerveille les gastronomes.

10. Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand

Le portrait de deux jeunes hommes à la marge dans un milieu peu montré au cinéma. Fort bien réalisé et joué.

Mentions spéciales à Vincent doit mourir de Stéphan Castang et Anatomie d’une chute de Justine Triet.


  • XAVIER AFFRE

1. Trenque Lauquen (Laura Citarella) : un film formidable qui multiplie les (fausses) pistes et impressionne par la construction de son récit, maîtrisé et d’une richesse incroyable. Chef-d’oeuvre !

2. Le Gang des bois du temple (Rabah Ameur-Zaïmèche) : une œuvre sublime, pleine de vie, et d’un humanisme revigorant même si cela se termine en véritable tragédie. L’un des grands films français de 2023.

3. Anatomie d’une chute (Justine Triet) : une sublime Palme d’or (méritée), une oeuvre d’une grande et belle maîtrise sur le couple. Dense et bouleversant.

4. The Fabelmans (Steven Spielberg) : une oeuvre bouleversante dans laquelle Spielberg évoque son enfance, son rapport au cinéma et à la vie tout en rendant hommage à sa mère, Un très grand film !

5. L’île rouge (Robin Campillo) : magnifique film, subtil et très personnel, d’une richesse formelle indéniable, prouvant que Robin Campillo est un cinéaste majeur et indispensable.

6. Les Herbes sèches (Nuri Bilge Ceylan) : fidèle à son style, le cinéaste turc livre une réflexion sur la condition humaine, désespérée et sombre mais percée ça et là d’un certain humour qu’on ne lui connaissait pas.

7. L’Été dernier (Catherine Breillat) : le grand retour de Catherine Breillat avec un film somptueux, retors mais très émouvant et d’une grande intelligence.

8. Marx peut attendre (Marco Bellochio) : Un documentaire essentiel, hommage pudique et sensible à un frère et belle façon d’expurger une blessure intime. 2023, année Bellochio (avec aussi L’Enlèvement)

9. L’Arbre aux papillons d’or (Pham Thien Ân) : Caméra d’or à Cannes, ce road-movie esthétique et hypnotisant mérite, malgré sa durée, d’être découvert en salles. Un cinéaste à suivre !

10. Le Ciel rouge (Christian Petzold) : Un beau film léger et grave à la fois, magnétique et troublant, d’une fluidité remarquable, qui prend la forme d’une fable rohmérienne.

Mentions spéciales à Désordres (Cyril Schaublin), Il Boemo (Petr Vaclav), Le Règne animal (Thomas Cailley), De nos jours (Hong Sang-soo), Le Garçon et le héron (Hayao Miyazaki), Notre Corps (Claire Simon), Killers of The Flower Moon (M. Scorsese), Assaut (Adilkhan Yerzhanov), Portraits fantômes (Kleber Mendonça Filho), La Bête dans la jungle (Patrick Chiha), Retour à Séoul (Davy Chou) et La Chimère d’Alice Rohrwacher


  • QUENTIN ELUAU

De mon point de vue, 2023 fut une belle année pour le cinéma. Que ce soit en termes de cinéma d’auteur, en passant par le cinéma expérimental ou le blockbuster pop-corn, tout le monde peut y trouver son bonheur. Mon top 2023 est un mélange de tout cela. De belles surprises y figurent comme Mars Express ou Chien de la casse notamment, mais surtout Godzilla Minus One dont je n’attendais rien de particulier et qui arrive pourtant à rentrer dans mon top 3 de cette année. On verra donc ce que nous réserve 2024 entre la sortie de Furiosa de George Miller, The Movie Critic de Quentin Tarantino ou encore Pauvres Créatures de Yórgos Lánthimos pour ne citer qu’eux.

1. Spider-Man : Across the Spider-Verse (Joaquim Dos Santos, Justin K. Thompson, Kemp Powers)

2. Godzilla Minus One (Takashi Yamazaki)

3. The Fabelmans (Steven Spielberg)

4. Mad God (Phil Tippett)

5. Oppenheimer (Christopher Nolan)

6. Mars Express (Jérémie Périn)

7. Suzume (Makoto Shinkai)

8. Chien de la casse (Jean-Baptiste Durand)

9. Traquée (No one will save you) (Brian Duffield)

10. Donjons et Dragons : L’honneur des voleurs (John Francis Daley, Jonathan Goldstein)

Mentions spéciales à The Whale (Darren Aronofsky), Barbie (Greta Gerwig), Vincent doit mourir (Stéphan Castang), Tetris (Jon S. Baird), Beau is afraid (Ari Aster), Killers of The Flower Moon (Martin Scorsese), Ninja Turtles : Teenage Years (Jeff Rowe) et Yannick (Quentin Dupieux).


  • SYLVAIN JAUFRY

L’année 2023 fut éclectique et riche en découvertes dans les salles obscures.

1. Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese: Un film qui transpire le cinéma à chaque plan. Du grand Scorsese et certainement le meilleur film américain de ces dernières années. Flamboyant et passionnant.

2. The Fabelmans, de Steven Spielberg: la sensation cinématographique du début de l’année. Une oeuvre immense et magistrale qui permet de mieux comprendre le parcours du cinéaste et sa passion pour le cinéma.

3. Anatomie d’une chute, de Justine Triet. Palme d’or du Festival de Cannes 2023. Justine Triet réalise un film incroyable décortiquant la structure fragile d’un couple. Sandra Hüller y est épatante. C’est de loin le meilleur film français depuis Illusions perdues.

4. Le Procès Goldman, de Cédric Kahn: le réalisateur frappe fort avec ce film relatant le procès de l’activiste d’extreme-gauche Pierre Goldman. Présenté à la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes 2023, cette oeuvre méticuleuse et documentée est un modèle de film, avec un Arieh Worthalter qui pourrait figurer parmi les favoris pour le César du meilleur acteur.

5. Mission impossible- Dead Reckoning: Partie 1, de Christopher Mc Quarrie: Un remarquable divertissement rempli de scènes d’actions hallucinantes et bien orchestrées. C’est un blockbuster de haute volée, techniquement irréprochable.

6. Ama Gloria, de Marie Amachoukeli: C’est une petite douceur que nous offre la cinéaste, avec cette histoire touchante entre une petite fille et sa nounou. Un récit d’une grande humanité qui mérite amplement sa place dans ce top.

7. Fifi, de Jeanne Aslan et Paul Saintillan: Une belle découverte que ce film léger et tendre qui nous raconte une proximité attendrissante entre deux personnes de milieux différents. ce long-métrage bénéficie de l’interprétation solaire de Celeste Brunnquell, une étoile montante du cinéma français.

8. Petit samedi, de Paloma Sermon-Daï: C’est l’une des plus belle surprises de cette année. La jeune cinéaste propose une immersion réaliste au sein de la petite société belge, à la rencontre de personnages humbles et modestes.

9. The Quiet Girl, de Colm Bairead: Sensible, terriblement humain et généreux. La jeune actrice Catherine Clinch illumine de tout son talent ce film qui s’avère être l’un des plus beaux sur l’enfance.

10. Past Lives, de Céline Song: Le chef-d’oeuvre de cette fin d’année 2023. Magnifiquement réalisé et intelligemment écrit, ce récit est une histoire de romantisme et d’amour qui défie le temps.

Mentions spéciales à Le Consentement, de Vanessa Filho, Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania, Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré, Le Théorème de Marguerite, de Anna Novion, Toni en famille ,de Nathan Ambrosioni, Anti-Squat de Nicolas Silhol, Les Feuilles mortes de Aki Kaurismäki, Limbo de Soi Cheang, Stars at noon, de Claire Denis, L’Odeur du vent, de Hadi Mohaghegh, Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, Misanthrope de Damian Szifron, The Whale de Darren Aronofsky, La Bête dans la jungle, de Patric Chiha, Reality, de Tina Satter, Babylon, de Damien Chazelle.


  • PIERRE LARVOL

On place un film à une position, puis un autre vient prendre sa place et de fil en aiguille, dix films se succèdent, une année de cinéma. Lentement, les souvenirs reviennent : un sentiment, une idée, un paysage, un personnage, une musique, une image. C’est à la fois fugace et définitif, de nouvelles pièces dans un puzzle intime. Avec du recul, la liste s’apparente à un chemin escarpé : des entrailles d’un monde ravagé avec le cauchemardesque Mad God aux envoutants sommets de La Montagne, du passé avec Désordres au futur avec Mars Express, où qui mêle toutes les époques (Conann). C’est aussi un chemin qui ramène à l’essentiel du Septième Art : la création cinématographique (The Fabelmans) et la salle de cinéma, lieu de partage et d’évasion (Empire of Light).

1. Mad God de Phil Tippett

2. Désordres de Cyril Schaublin

3. Mars Express de Jérémie Périn

4. Conann de Bertrand Mandico

5. The Fabelmans de Steven Spielberg

6. La Montagne de Thomas Salvador

7. Empire of Light de Sam Mendes

8. Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto

9. Le Ciel Rouge de Christian Petzold

10. Anatomie d’une chute de Justine Triet

Mentions spéciales à Reality de Tina Satter, Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese, Le Règne Animal de Thomas Cailley et Winter Break d’Alexander Payne.


  • JOLAN MAFFI

1. Un Prince, de Pierre Créton

Un conte érotico-littéraire aux airs d’utopie bucolique et crûe, où règnent l’amour entre hommes, la liberté des animaux, et l’éternité des disparus. Le maillage parfait entre un verbe sale et une douceur extrême, agrémenté de l’une des plus belles ellipse vue au cinéma.

2. Toute la beauté et le sang versé, de Laura Poitras

D’archives en archives, Laura Poitras fait de l’histoire intime de Nan Golding celle de tout un pays, et transcende la forme de son documentaire par un puissant réquisitoire militant contre ceux qui ont changé à jamais la vie de l’artiste.

3. Los Reyes del Mundo, de Laura Mora

Dans un film trouble et enragé, Laura Mora donne la parole à une jeunesse injustement confisquée dans un récit lorgnant avec malice vers le film d’aventure. Un itinéraire onirique et violent inoubliable.

4. Rewind & Play, d’Alain Gomis

Alain Gomis signe un grand film sur le racisme avec ce documentaire brillant qui se sert du montage pour proposer une nouvelle façon de voir les images du passé. Et le visage de Thelonious Monk, inoubliable.

5. Les Ames soeurs, d’André Téchiné

À 80 ans, Téchiné n’a rien perdu de son intelligence. Avec Les Âmes soeurs, il aborde la problématique de l’inceste avec une serénité qui fait toute sa radicalité. Le personnage d’André Marcon trône quant à lui au sommet des plus beaux personnages de l’année.

6. Saules aveugles, femme endormie, de Pierre Foldes

Un film d’animation aux atours lynchéen qui, à la manière du tout aussi excellent Suzume, réveille les fantômes du Japon que le traumatisme du séisme avait auparavant égrainé. Mystérieux, limpide, poétique, chorale….grand film

7. N’attendez pas trop de la fin du monde, de Radu Jude

Film lessivant dont la liberté de formes et de tons met à distance autant qu’elle exalte. Chaotique et composite dans le meilleur des sens, et relativement au-dessus de Bad Luck, dont la fantaisie atteignait souvent ses limites. Fascinant.

8. Les agitateurs de Marco Berger

Même si ses films ne sortent plus au cinéma, Marco Berger signe cette année son film le plus radical où il se laisse complètement aller à l’objectivisation des corps hétéros dans un geste assuré et analytique de l’absurdité viriliste. Une petite révolution en soi.

9. Rotting in the sun, de Sebastian Silva

Dans cette comédie ultra-méta et génialement malaisante, Sebastian Silva laisse enfin les queers être des personnes horribles et exaspérantes, loin des représentations aseptisées et fades auxquelles on a parfois droit, et assure une réflexion maligne sur l’art qui dévore. Génial.

10. Désordres, de Cyril Schaublin

Sorti de nulle part, le film de Cyril Schaublin est un petit chef-d’oeuvre de beauté, qui se concentre sur la naissance d’un sentiment militant au sein d’une communauté d’ouvriers. Bucolique et mécanique, tranquille et bouillonnant, amoureux et cruel, le film est tout à la fois.

Mentions spéciales pour Aurora’s Sunrise, Notre Corps, L’été dernier, Le Paradis, Of an age, Le gang des bois du temple & The Plains.


  • POULET POU

1. L’Eté dernier de Catherine Breillat

Là où el-Toukhy se perd en drones surplombants façon Dieu-le-Père-accusateur, Breillat regarde à hauteur d’homme, et magnifie chaque séquence en accordant la plus grande attention aux détails — gestes, mimiques, objets. C’est fou, le remake conserve tout ce qu’il y a de bien dans l’original — la rigueur du scénario, par exemple —, et là où il dévie, ne serait-ce que légèrement, c’est pour le meilleur.

2. Vers un avenir radieux de Nanni Moretti

Vieillir, outre être la proie de divers maux physiques et psychiques, c’est aussi s’apercevoir que ce n’est pas tellement soi, mais — constatation peut-être encore plus cruelle — le monde autour qui a changé sans prévenir. Tout ça pourrait ne constituer que ruminations de vieux croûton, d’une, si la mise en scène, dont le rendu rhapsodique ne perturbe jamais la limpidité du discours, n’était tout ce qu’il y a de virtuose. Et surtout de deux, si l’émotion ne surgissait sans crier gare à maintes reprises — émotion décuplée par l’utilisation judicieuse de chansons populaires, procédé aussi rebattu que redoutablement efficace.

3. Le Gang des bois du temple de Rabah Ameur-Zaïmeche

Outre Mann, la fluidité des images, la sérénité majestueuse du tempo et le parti-pris d’un certain flottement dans la narration m’ont rappelé la splendeur et le tranquille aplomb postfictionnel de Pacifiction d’Albert Serra.

4. Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras

Une vie — celle de Nan Goldin, plus incroyable que tous les romans, mise en scène par elle-même. Bouleversants échos entre tragédie familiale, élégie aux amis emportés par le sida, et lutte collective contre la dynastie Sackler, responsable de l’actuelle crise meurtrière des opioïdes aux USA. Le tout sublimé par de copieux extraits d’une vie de travail photographique, ainsi que la parole de l’artiste, directe et puissante.

5. Goutte d’or de Clément Cogitore

Il y a une fausse fragilité dans le récit, qui joue avec la crainte que ça finisse par se casser la figure, mais tout tient. Je dirais même plus, j’ai été captivé du début à la fin, grâce à une mise en scène — en particulier, le montage — qui épouse la désorientation du héros tout en restant limpide.

6. De nos jours de Hong Sang-soo

De nos jours, lui, tient plus de la modeste mare, de la minuscule flaque, à la surface de laquelle vous contempleriez les reflets de la lumière. Comme il ne se passe rien plutôt que quelque chose, vous avez le temps de penser, et de ressentir. Flaque minuscule plus profonde que prévu, grand petit film.

7. La Romancière, le film et le heureux hasard de Hong Sang-soo

Autoportrait limpide de l’auteur, dont le film énonce les questions que se pose un artiste mûr, hanté par la crainte de perdre l’inspiration — au risque, peut-être, de perdre le spectateur.

8. Killers of the flower moon de Martin Scorsese

Tous ces effets au service d’un propos d’une grande noirceur, où d’infâmes Blancs assassinent des Indiens à la passivité quasi suicidaire, et où entre les crapules De Niro et DiCaprio et leur victime Gladstone se joue une histoire d’emprise à double étage, dont le fond de cupidité pourrit toute possibilité d’amour vrai.

9. Voyages en Italie de Sophie Letourneur

J’ai été complètement sous le charme de ce portrait de couple fatigué, qui se paye une tranche de Sicile pour raviver la flamme. Le film prend toute son ampleur quand on s’aperçoit que, bien plus que les vacances elles-mêmes, c’est le récit que s’en font après coup les héros qui est important.

10. Yannick de Quentin Dupieux

On causera, plutôt que d’angoisse ultramoderne, du pouvoir et des luttes pour s’en saisir. Relative nouveauté pour notre Quentin national, cependant le discours social/marxiste/etc., ainsi que les résonances avec les diverses crises qui secouent notre beau pays, se diluent dans le jeu, avec cette qualité qui est au fond la plus grande de Dupieux, celle d’être connecté à l’enfance et son idiotie primordiale.

Mentions spéciales à Knock the cabin de M. Night Shyamalan, Anatomie d’une chute de Justine Triet, La Conférence de Matti Geschonneck , Lunettes noires de Dario Argento, Asteroid City de Wes Anderson.


  • DAVID SPERANSKI

1. Oppenheimer de Christopher Nolan

Parce que Nolan surprend par une profondeur jamais atteinte dans ce biopic incroyablement réussi d’un des hommes les plus importants du XXème siècle, tout en gardant son style narratif sous forme de puzzle temporel décomposé. L’un de ses plus beaux films avec Le Prestige.

2. Anatomie d’une chute de Justine Triet

Justine Triet a accompli un incroyable saut qualitatif qu’on n’attendait peut-être pas d’elle, en maîtrisant de manière éblouissante ce thriller judiciaire doublé d’une analyse de scènes de la vie conjugale d’un couple d’aujourd’hui. Résultat mérité, une Palme et une flopée d’autres prix.

3. Past Lives de Celine Song

L’un des plus beaux mélodrames vus depuis très longtemps. Pour son premier film, Celine Song frappe fort en imposant un style discret, subtil et nuancé, pour cette romance impossible, où elle évite le manichéisme facile. Entre Sur la route de Madison et In the mood for love. Peut-être un futur classique.

4. L’Arbre aux papillons d’or de Pham Thien An

Premier film également pour Pham Thien An qui se confronte à la présence des morts et l’absence des vivants, dans une quête existentielle hors normes. Maîtrisant le plan-séquence comme peu aujourd’hui, son film se situe entre l’errance montrée dans les oeuvres de Tarkovski et l’atmosphère ineffable de celles de Marguerite Duras.

5. Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan

Nuri Bilge Ceylan continue son oeuvre imposante avec un nouveau chapitre de plus de trois heures. Mais s’il conserve un certain cynisme misanthrope, il a la bonne idée d’insuffler un peu de tolérance et d’humour dans ses dialogues tchékhoviens et de donner davantage de place aux femmes, une élève lolitesque et une handicapée engagée, assez inoubliables.

6. Le Théorème de Marguerite d’Anna Novion

L’une des grandes surprises de cette année. Avec un film a priori centré sur les mathématiques, Anna Novion nous parle en fait de la passion qui nous aide à vivre au quotidien et nous fait survivre pour le lendemain. Grâce à une Ella Rumpf digne d’éloges, elle parvient à toucher au coeur de ce qui nous fait avancer en dépit des embûches.

7. The Fabelmans de Steven Spielberg

L’oeuvre récapitulative de Spielberg où il revient sur tout ce qui a précédé sa carrière, de sa première séance à sa première leçon de cinéma donnée par un certain John Ford. C’est surtout l’occasion pour lui de rendre hommage à ses parents tous deux disparus, en particulier à sa mère qui lui a transmis son talent artistique.

8. Killers of the flower moon de Martin Scorsese

Scorsese se renouvelle de manière étonnante en filmant cette fois-ci la violence mezzo voce et en rendant hommage aux Indiens, peuple spolié de son pétrole. Il orchestre avec maestria la confrontation De Niro-DiCaprio, arbitrée par la digne Lily Gladstone. 3h25 de film menés de main de maître par un grand metteur en scène qui est loin d’avoir tout dit.

9. Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras

En racontant l’oeuvre et la vie de Nan Goldin, photographe et artiste essentielle, Laura Poitras montre que les combats du passé et du présent doivent être menés de front. Nan Goldin n’oublie pas sa soeur ni ses amis marginaux et lutte de toutes ses forces contre les Sackler qui ont profité pendant des années du mal-être des gens.

10. Taylor Swift -The Eras Tour de Sam Wrench

Sans doute la plus grande performance en concert de la musique pop. 3h25 condensés en 2h49. Captée avec virtuosité et élégance, cette performance historique fera date dans l’histoire de la musique. Taylor Swift y confirme son rôle central dans le monde d’aujourd’hui depuis le confinement.

Mentions spéciales à L’Eté dernier de Catherine Breillat, Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, Misanthrope de Damian Szifron, Mission : Impossible–Dead Reckoning Partie 1 de Christopher McQuarrie, Trenquen Lauquen de Laura Citarella, Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, Yannick de Quentin Dupieux.