Fifi : une amie qui vous veut du bien

Fifi, de Jeanne Aslan et Paul Saintillan, récompensé lors du dernier Festival International de Films de Femmes de Créteil, sortira dans les salles françaises le 14 juin 2023 avec, espérons, un succès à la hauteur de la réussite de ce film, véritable pépite et coup de cœur cinématographique. Immense bulle de bonheur dans un océan de tendresse, cette œuvre terriblement attendrissante, débordante de fraîcheur, d’humanité puis d’une bonne humeur communicative, dévoile les péripéties fantastiques d’une jeune fille, Sophie, issue d’un milieu populaire, et s’aventurant vers la découverte d’autres horizons sociaux. Le duo officiant derrière la caméra livre un magnifique portrait d’adolescente, cette amie que l’on souhaiterait tous avoir, au tempérament solidaire, possédant une belle ouverture d’esprit, désirant s’évader et rêver d’une autre vie. En filmant Céleste Brunnquell et Quentin Dolmaire dans ce jeu amical et amoureux, ce long-métrage efface les distinctions sociales, prône l’acceptation de l’autre, la tolérance, la possibilité d’évoluer dans une société égalitaire, juste, où chacun aurait sa chance, et aussi sa place. Fifi procure un immense plaisir, redonne foi dans les relations humaines, en racontant une histoire touchant au cœur.

Sophie vit dans un logement social, subit une ambiance familiale catastrophique. En s’introduisant dans la propriété cossue des parents d’une amie, elle va faire la connaissance de Stéphane, étudiant en commerce.

De ce si sublime Fifi naît une magie que seul le cinéma peut raconter, celle d’une rencontre atypique, presque irréelle, pouvant difficilement se vivre dans le réel, mais qui, sous l’œil attentif de la caméra, s’imprime délicatement, amoureusement, sur une pellicule inondant de joie les écrans blancs. En projetant ce récit, ces images figeant des instants magnétiques, le duo propose de rentrer dans une rêverie, que l’on touche souvent du doigt, celle de découvrir les sensations d’une vraie proximité, sans jugement, ce coup de foudre tant espéré par beaucoup. Voilà ce que Fifi a de magique : la possibilité d’un amour.

Difficile de ne pas quitter le fauteuil de la salle obscure, en n’ayant pas en mémoire ce film contenant de nombreux moments où les émotions positives nous enlacent, étreignent, enveloppent dans une étreinte forte et passionnée. Délicat de ne pas apercevoir quelques cœurs rouges, après avoir vu défiler sur la toile une aussi belle fusion entre deux êtres socialement différents, mais réunis par la destinée, également par l’heureux hasard des interactions. Jeanne Aslan et Paul Saintillan unissent leurs talents, pour produire ce qui, incontestablement, devient une magnifique réalisation du cinéma français actuel, proposant une œuvre sincère, sentimentale, à la limite de la poésie ainsi que du romantisme, procurant l’occasion d’apprécier une des plus intenses unions qu’il est possible de voir sur grand écran. Céleste Brunnquell et Quentin Dolmaire forment un tandem savoureux, admirable, délivrant une autre conception des sentiments, constituant une vision délicieusement idyllique du couple. Grâce aux regards de ces deux personnages se devine surtout toute la signification de Fifi, celle de croire en l’existence de multiples possibilités, la rencontre providentielle, une attirance soudaine, la volonté de franchir les barrières de l’impossible. De cette paire remplie de sympathie émerge l’idée de pouvoir s’aimer, sans barrières sociales. Fifi décrit un petit monde où les distinctions n’existent pas, ce qui donne absolument tout le piment nécessaire à ce récit. Le film possède un inestimable potentiel de séduction, avec l’importance des messages véhiculés, notamment celui d’être dans une société harmonieuse où l’amour n’a pas de frontières, mais la plus fondamentale des valeurs prônées ici reste l’acceptation. En mettant en scène cette jeune fille vivant dans un milieu négligé et cet étudiant de bonne famille, les cinéastes livrent un parfait exemple de profonde humanité, démontrant explicitement que les conditions sociales ne constituent pas un frein aux relations interpersonnelles.

Céleste Brunnquell incarne à la perfection cette Fifi pleine de dynamisme, avec des rêves plein la tête, vivant chichement, mais rendant service aux personnes de son immeuble. Portrait d’une jeune fille au visage avenant et au tempérament téméraire, supportant une vie bien modeste dans un appartement étriqué, existant tant bien que mal dans une famille complètement dysfonctionnelle, Fifi évoque également les aspirations d’une personne désirant ardemment voir d’autres choses, se vider l’esprit, observer enfin la mer, elle qui ne connaît que les murs de sa résidence. L’œuvre décrit ce milieu social défavorisé, sans tomber dans la caricature, l’écriture se concentrant principalement sur cette notion d’évasion, et donc sur la description d’une Fifi aventureuse, le regard tourné délibérément vers son avenir. Son point de vue, nous l’adoptons facilement, avec cette volonté d’affronter le présent avec un certain courage, de regarder le passé tout en pensant à l’après. C’est ainsi le plus beau portrait qui soit, celui d’une future femme affirmée, se cherchant une utilité dans un univers sans pitié. Cette relation qu’elle tisse avec Stéphane lui sert d’issue, de refuge, avec celui qui l’accueille, lui ouvre la porte… La quintessence de Fifi réside dans cette splendide et si magique connexion, dans cette maison où les petits bonheurs de la vie dominent, un lieu de confort où la jeune fille se plaît à imaginer la direction positive que sa vie va prendre, loin des désagréments récurrents. Outre le scénario bien écrit, la manière de mettre en scène sublime à merveille ce lien indescriptible, avec une capacité à exprimer le désir via les plans, les dialogues, avec ces personnages se dévoilant, surtout Fifi pour laquelle on se sent envahi d’une totale affection. D’ailleurs, Céleste Brunnquell en impose dans cette composition incroyable, tellement puissante et juste que nous souhaitons vivement la revoir dans d’autres prestations cinématographiques.

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RÉALISATEUR :   Jeanne Aslan, Paul Saintillan
NATIONALITÉ : France
GENRE :  Comédie dramatique
AVEC : Céleste Brunnquell, Quentin Dolmaire, Chloé Mons, Megan Northam
DURÉE : 1 h 48
DISTRIBUTEUR : New Story
SORTIE LE  14 juin 2023