Suzume : l’excellent retour de Makoto Shinkai

Depuis 2004 et la sortie de son premier long-métrage d’animation, La Tour au-delà des nuages, Makoto Shinkai était déjà connu des amateurs de cinéma. Cependant, il a acquis une reconnaissance internationale auprès du grand public en 2016 grâce à la sortie de son chef-d’œuvre Your Name, mélangeant les codes du romantisme et de la science-fiction. Ce film a battu des records au box-office japonais et a fait de Shinkai l’un des héritiers de Hayao Miyazaki dans le domaine de la japanimation.

Le film raconte l’histoire de Suzume, une jeune adolescente qui mène une vie ordinaire dans la région de Kyushu, au sud-ouest du Japon. Sa vie est bouleversée lorsqu’elle rencontre Sōta, un homme à la recherche d’une « porte ». Après avoir évité qu’un tremblement de terre ne détruise sa ville en refermant une porte permettant l’accès à une autre dimension, Suzume devra voyager pour verrouiller d’autres portes qui pourraient déclencher des désastres sans précédent aux quatre coins du Japon.

L’histoire pourrait être classée comme du déjà-vu pour ceux qui sont familiers avec la japanimation. Surtout avec le mélange science-fiction/romance qui a déjà été abordé dans les œuvres précédentes de Shinkai (notamment dans Your name et La Tour au-delà des nuages). On aurait pu craindre une redondance, mais ce n’est pas le cas. Shinkai frappe encore une fois très fort avec la qualité de l’animation sur Suzume. Les couleurs chaudes, les paysages variés et immersifs, ainsi que les détails apportés aux intérieurs des lieux tels que les appartements et les magasins, nous en mettent plein la vue.

Nous suivons donc l’évolution psychologique de Suzume, une adolescente qui grandit et s’émancipe lorsqu’elle fait face aux différents désastres sismiques et à leurs répercussions.

Makoto Shinkai fait de son film une véritable carte postale du Japon, montrant son amour pour le pays et ses différentes régions. Il nous guide ainsi à travers des panoramas exceptionnels et les sublime avec une 2D parfaite. Le magnifique visuel est accompagné d’une partition musicale émouvante et envoûtante qui colle parfaitement à l’ambiance onirique du film. La direction artistique et musicale de Suzume est donc quasi parfaite.

Le réalisateur est également conscient de l’histoire de son pays et des événements qui l’ont durement impacté. Les fameuses portes du désastre présentes dans le film pourraient être, entre autres, une douloureuse référence au tremblement de terre de 2011. Le ver, une entité de l’autre dimension, serait alors une représentation de la nature qui peut s’avérer destructrice par moments. Durant le voyage de Suzume, le film montre la beauté du Japon, mais aussi les tragédies que les catastrophes naturelles laissent derrière elles. Shinkai rappelle donc qu’elles font partie depuis longtemps du quotidien de l’archipel. Cela a permis aux citoyens de devenir encore plus matures et résilients. On le constate notamment à la réserve qu’ont les gens en recevant les alertes des tremblements.

Suzume s’attarde plus sur le relationnel que sur le surnaturel. On nous plante le décor concernant la menace en quelques lignes et c’est suffisant. La romance entre les deux personnages principaux est présente, mais ne se trouve pas au premier plan du film. L’accent concernant les relations est d’ailleurs plutôt mis en avant entre Suzume et sa tante ainsi que sur les rencontres qu’elle fera.

Dans le film, nous suivons donc l’évolution psychologique de Suzume, une adolescente qui grandit et s’émancipe lorsqu’elle fait face aux différents désastres sismiques et à leurs répercussions. Suzume ne représente pas une princesse en détresse, mais plutôt une adolescente mature et résiliente, qui incarne les deux qualités que le réalisateur veut transmettre à travers son film.

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RÉALISATEUR :   Makoto Shinkai
NATIONALITÉ : Japon
GENRE :  Animation, aventure, drame
AVEC : Nanoka Hara, Hokuto Matsumura, Lévanah Solomon, Benjamin Jungers
DURÉE : 122 min
DISTRIBUTEUR : Eurozoom
SORTIE LE 12 avril 2023