Reims Polar 2024 : naïveté, désir meurtrier et soif de justice

Cette nouvelle édition du Reims Polar bat son plein, avec une programmation rafraichissante et éclectique qui rend hommage aux pointures du genre.

Les grands maîtres du polar sont mis à l’honneur et non des moindres. Le Festival propose une petite mais belle rétrospective dédiée au cinéaste français Claude Chabrol. Parmi ses oeuvres se trouve Les Bonnes Femmes, sorti en 1960, au début de la filmographie de Claude Chabrol. Dans ce film, la recherche du style est encore palpable. Toutefois, il est intéressant de le voir pour constater la présence de certains éléments représentatifs du cheminement cinématographique du réalisateur. C’est une histoire de bonnes femmes des années 1960, modernes, travailleuses, insouciantes, aux prises avec la vulgarité masculine. Stéphane Audran et Bernadette Lafont forment un duo féminin qui, à peu de choses prés, ressemble à celui de La Cérémonie : une femme taiseuse et énigmatique puis son acolyte féminine surement plus naïve et qui devient une proie facile. A première vue, le ton peut paraître comique, avec cette description très fantaisiste et délurée de cette France de l’époque où les femmes travaillent et s’émancipent. Cependant, sous cette tonalité légèrement frivole, se dessine l’ombre du polar, symbolisée par la présence d’un homme harceleur aux sombres desseins.

Reims Polar a traversé l’Atlantique pour rendre hommage à Andrew Davis. Le cinéaste a donné une masterclass ce jeudi 11 avril. L’auteur du film Le Fugitif est aussi celui de Meurtre parfait, présenté devant une salle comble. Il s’agit d’un thriller efficace, au scénario bien ficelé, au suspense prenant, dans lequel un terrifiant et glauque Michael Douglas donne du fil à retordre à sa femme, interprétée par Gwyneth Paltrow, qu’il veut à tout prix tuer pour faire main basse sur sa fortune. Le personnage joué par l’acteur américain possède des similitudes avec celui de The Game, de David Fincher, avec un tempérament autoritaire, carriériste et semblant délaisser sa vie personnelle. Tout le piment du film réside dans la construction de ce plan meurtrier machiavélique qui va peu à peu s’effriter, car les choses ne vont pas se passer comme prévu. L’intrigue, sans être exceptionnelle, tient en haleine, et Andrew Davis utilise parfaitement le jeu inquiétant de Michael Douglas pour donner une dimension plus psychologique à cette histoire. Meurtre parfait permet également de voir un Viggo Mortensen jeune, quelques années avant Le Seigneur des anneaux.

Dans la section Sang Neuf, Hesitation Wound propose d’apprécier le travail de Selman Nacar, qui, en 1h24, réussit l’objectif de faire un film de procès plutôt bon. Le récit de cette avocate pénaliste qui doit défendre un homme qu’elle croit innocent, et faire face à la mort de sa mère, est intéressant et dresse le portrait d’une femme de loi prête à transgresser les règles pour arriver à une fin judiciaire juste. Sans être totalement achevé, Hesitation Wound vaut surtout pour son personnage principal, à cheval entre le respect des réglementations et le souhait de rendre une justice équitable.