Riddle of Fire : une réjouissante chasse à l’oeuf

Premier film de Weston Razooli, sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes 2023, Riddle of Fire propose un savoureux mélange d’univers teinté de nostalgie et d’insouciance enfantine, qui n’est pas sans rappeler celui des Goonies de Richard Donner. Ici, un trio d’enfants intrépides se lance dans une aventure aussi incroyable que fantastique, à la recherche d’un œuf tacheté, un ingrédient-clé dans la conception d’une tarte aux myrtilles. En partant de cette idée originale, le cinéaste réalise un film qui convoque à la fois un imaginaire foisonnant et un climat aventureux sympathique.

Il était une fois un trio d’enfants cherchant à craquer le code parental de leur nouvelle console et aussi la parfaite recette de la Blueberry pie, une secte de braconniers qui ne cessent de se chicaner, une petite fille qui a des dons elfiques.

Weston Razooli fait de ce Riddle of Fire un spectacle tout à fait réjouissant, qui ravive la mémoire d’une enfance révolue faite de bonheur simple ou d’intrépidité, et dans lequel il est plaisant d’admirer la vitalité de trois jeunes interprètes fort attachants.

Riddle of Fire débute par ces images atypiques montrant ces enfants, encagoulés et munis d’armes de paintball, en train de voler un objet dans un entrepôt, une console de jeux vidéo. La vision de ces trois petits braqueurs en herbe, dévalant les vertes vallées aux commandes de mobylettes pétaradantes, introduit un film résolument tourné vers l’aventure où la simple intention de jouer pendant des heures devant un écran de télévision est le point de départ d’une série de péripéties divertissantes. Trouver cet œuf tacheté, essentiel à la réalisation d’une tarte aux myrtilles, est la condition sine qua non pour s’adonner à cette activité si prisée de ces adolescents désoeuvrés évoluant dans un environnement quasi-désertique. Le scénario de Weston Razooli tient sur une page, mais compense sa légèreté grâce à la présence de trois jeunes interprètes qui s’investissent pleinement dans leurs personnages, à coup d’humour, d’intrépidité enfantine et de franche camaraderie. L’évidente complémentarité se ressent. Le réalisateur s’inspire clairement des Goonies pour concocter ce récit qui mêle aventure et fantastique. Pas de pirates, ni de borgnes ou de bateaux… simplement cette chasse à l’œuf contrariée par une bande de sectaires illuminés, dirigée par une femme (Lio Tipton), sans doute une version édulcorée de la Mama Fratelli des Goonies. Riddle of Fire est presque une relecture moderne de ce film culte des années 1980, où le réalisateur imprime sa touche personnelle et raconte son point de vue d’adulte sur cette période qu’est l’enfance.

Riddle of Fire réussit à être formidable quand il parvient à insuffler de la magie dans cette histoire qui oppose le monde des petits à celui des grands, l’insouciance face à la maturité.

Sans toutefois être féérique, le film est magique quand il montre ce trio prêt à faire les 400 coups pour retrouver cet œuf tacheté, un véritable Club des Cinq qui n’hésite pas à jouer les Tom Sawyer dans ce Wyoming verdoyant, ou quand la jeune Petal Hollyhock use de son pouvoir de fée pour sortir la bande des griffes d’une secte aux motivations troubles. Weston Razooli met en opposition deux univers parallèles, ce qui rappelle également le travail de Benh Zeitlin sur Les Bêtes du sud sauvage ou Wendy, deux œuvres où il est fortement question du thème de l’enfance, et plus particulièrement de cette forme d’insouciance que l’on retrouve ici, incarnée par cette petite bande obsédée par l’addiction aux jeux. D’ailleurs, l’évocation de cette console si adulée est probablement le symbole même de cette époque que Weston Razooli a voulu retranscrire, avec son lot de plaisirs simples et de naïveté. Le cinéaste recrée un grand décor de jeu, où les intrépides jouent comme sur un plateau, défiant leurs adversaires. En cela, Riddle of Fire est parfaitement sympathique, tant il parvient à intégrer son spectateur dans une partie grandeur nature. Grâce à ses inspirations, ce long-métrage s’inscrit dans la veine de certaines productions de Steven Spielberg , comme E.T. l’extraterrestre, si caractéristique de cette opposition entre la gentillesse des jeunes et la cruauté des grandes personnes.

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RÉALISATEUR : Weston Razzoli
NATIONALITÉ :  Etats-Unis
GENRE : Aventure
AVEC : Lio Tipton, Charles Halford, Weston Razzooli
DURÉE : 1h54
DISTRIBUTEUR : ASC Distribution
SORTIE LE  17 avril 2024