Vingt-cinq ans déjà de cinéma…Depuis 2000 jusqu’à 2024, nous avons atteint le quart du XXIème siècle. 25 ans de cinéma, des images innombrables et inoubliables que les listes de nos rédacteurs tentent de refléter sans jamais pouvoir les épuiser. 25 ans de souvenirs, d’enthousiasmes et de passions irrépressibles, de déceptions aussi fortes que les plus grandes épiphanies, d’espoirs toujours vivaces dans l’avenir du cinéma. Lors de ces 25 ans, le cinéma a traversé la crainte du terrorisme, le spectre de la pandémie, ainsi que la concurrence des plateformes et des séries et pourtant il est toujours là, aussi prodigue et prolixe, aussi généreux en émotions et en sensations fortes. Pour célébrer ce quart de siècle, la rédaction de MovieRama a souhaité trier ce qui lui semblait le plus important lors de ces 25 ans, ce qui lui a paru le plus marquant. Découvrez notre classement général des meilleurs films du XXIème siècle ainsi que ceux individuels de nos rédacteurs où vous trouverez des milliers de raisons de vous enthousiasmer et de vous passionner, en vous souvenant ainsi des belles choses que le cinéma vous a apportées lors de ces dernières décennies.
TOP GENERAL FILMS DU XXIEME SIECLE 2000-2024
1, Mulholland Drive de David Lynch, 32 points
2. Melancholia de Lars Von Trier, 22 points
3. Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki, 16 points
Ex aequo Después de Lucia de Michel Franco.
5. Two Lovers de James Gray, 14 points
6. In the mood for love de Wong Kar-wai, 12 points
7. Her de Spike Jonze, 11 points
Ex aequo Mektoub my love Canto uno d’Abdellatif Kechiche
Ex aequo Parle avec elle de Pedro Almodóvar
Ex aequo Parasite de Bong Joon-ho
Ex aequo The Tree of Life de Terrence Malick
Ex aequo Zodiac de David Fincher
TOP GENERAL CINEASTES DU XXIEME SIECLE 2000-2024
- David Lynch, cité 5 fois, 32 points
- Pedro Almodóvar, cité 4 fois, 22 points
- Lars Von Trier, cité 3 fois, 22 points
- Michael Haneke, cité 3 fois, 16 points
- David Fincher, cité 3 fois, 16 points
- Bong Joon-ho, cité 3 fois, 13 points
- Abdellatif Kechiche, cité 3 fois, 12 points
- Hong Sang-soo, cité 2 fois, 12 points
N.B. : en cas d’ex aequo, les cinéastes sont départagés par le nombre de citations puis de premières places.
- EMILIE OLLIVIER
1) Samia de Philippe Faucon (2001)
Un cinéaste et un chef-d’oeuvre méconnus du grand public voire des cinéphiles. On est au plus proche de Pialat (sans les systématismes que l’on pouvait reprocher à ce dernier, immense génie au demeurant).
La mise en scène, la lumière et les acteurs débutants ou amateurs de Samia sont bluffants. Confirmation que Faucon est grand après le stupéfiant Sabine (1992) au synopsis pourtant périlleux.
2) Después de Lucia de Michel Franco (2012)
Dans cette œuvre majeure en tout points, Michel Franco cesse d’être une agaçante et pâle copie d’Haneke (la forme mais jamais le fond).
Ici il livre un film pour une fois sensible (plus que son maître) et non gratuit.
La jeune actrice est exceptionnelle.
3) The Arbor de Clio Barnard (2010)
The Arbor confirme que le documentaire est bien un genre cinématographique à part entière qui peut prendre des parti-pris artistiques forts :
– acteurs qui parlent en synchronisation labiale avec la voix des vrais protagonistes
– Mise en scène avec aussi des acteurs et une photographie magnifique des souvenirs des personnes dont il est question
– mélange d’extraits d’archives réelles qui s’insèrent de manière fluide
Une œuvre qui marque au fer rouge et nous laisse sans voix.
4) Melancholia de Lars Von Trier (2011)
Le meilleur film jamais fait sur la fin du monde (et la fin d’un monde psychique, celui du personnage principal).
Les image d’introduction et de fin sont les plus belles et inventives jamais tournées au cinéma et rendent encore plus sublime (fait pourtant impossible théoriquement) la musique de Mahler.
Tout comme Franco, Lars Von Trier n’est jamais meilleur que lorsqu’il laisse poindre de la sensibilité au lieu d’avoir pour seul but de malmener le spectateur (même si l’œuvre de LVT est globalement largement supérieure au cinéaste mexicain).
5) White bird de Gregg Araki (2014)
Même si l’éternel adolescent Araki se permet un écart gigantesque avec le roman qu’il adapte (clin d’œil signature à son public ou volonté de surprendre ceux qui avaient lu le roman ?) nous avons ici affaire à un chef-d’oeuvre du cinéma indépendant américain. A l’instar de Franco ou de LVT, le cinéaste américain gagne quand il se laisse aller à la sensibilité et à la profondeur.
Mention spéciale à Eva Green qui avait alors accepté un rôle bien plus âgé et peu flatteur, rappelant la Faye Dunaway de Mummy dearest.
6) Code inconnu de Michael Haneke (2001)
Nous aurions pu choisir La pianiste ou Caché (du même niveau d’excellence et de génie), mais Code inconnu, est un film, qui, comme son titre l’indique, requiert un effort de décryptage et de plusieurs visionnages pour en décoder le sens. Il est par ailleurs trop inconnu (encore un écho à son titre) par rapport à d’autres œuvres du cinéaste alors qu’il est tout aussi bon sinon plus pour les raisons que nous venons de mentionner.
7) We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay (2011)
Présenté la même année que Melancholia au Festival de Cannes (2011 l’année de tous les chefs-d’œuvre) ce film à nul autre pareil commence, dans son montage et sa photographie, par une abstraction chromatique avant que les pièces du puzzle ne se rassemblent pour livrer un récit tout aussi éprouvant que le roman éponyme dont il est adapté.
Ezra Miller, pourtant alors débutant, est fascinant de beauté et livre une incroyable performance d’ambiguïté et de mystère pour le personnage qu’il incarne.
Il est regrettable qu’il n’ait pas continué à jouer dans des films du même acabit.
8) Sauvage innocence de Philippe Garrel (2001)
Le meilleur film de Garrel retraçant implicitement sa relation avec la chanteuse Nico. La photographie d’un des plus grands chefs-opérateurs de l’Histoire du Cinéma, Raoul Coutard, n’y est pas pour rien. La fatalité du scénario non plus. On peut souligner le tour de force de la direction d’acteurs. L’écrivain / philosophe Mehdi Belhaj Kacem est très bien dirigé : il joue très juste alors qu’il était catastrophique dans En avoir ou pas. Julia Faure, naturellement plus douée, n’a peut-être par la suite pas fait la grande carrière qu’elle méritait alors qu’elle possédait toutes les qualités nécessaires : grand talent, photogénie, présence, beauté.
9) Holy motors de Leos Carax (2012)
Carax à son sommet : un univers unique, à nul autre comparable, qui imprime la rétine à jamais. La partie avec le personnage de « Merde » (déjà vu dans Tokyo) aux côtés d’Eva Mendes et la partie comédie musicale mélancolique avec Kylie Minogue (personnage proposé à Juliette Binoche et faisant écho à son histoire avec le cinéaste) sont les temps les plus forts. Le titre final Revivre de Gérard Manset, reste gravé dans le cerveau, quand bien même n’aurions nous vu le film depuis fort longtemps ou une seule fois.
10) L’Esquive d’Abdellatif Kechiche (2003)
Si tous les Kechiche sont bons, celui-ci a une saveur particulière dans son scénario, son casting de très jeunes acteurs ( qui a propulsé les carrières de Sara Forestier et de Sabrina Ouazani).
On pense au meilleur de Doillon avec des teintes de Pialat. Et une vélocité et une modernité dans la vitalité des protagonistes et du langage totalement en adéquation avec celui des jeunes de l’époque.
C’est aussi le dernier Kechiche avant ce qui lui a été reproché par la suite : trop d’érotisaton sinon de male gaze (déjà présente dans la scène de danse de La graine et le mulet) et de scène de repas rabelaisiennes.
Mentions spéciales :
Les Beaux gosses de Riad Sattouf (2009), Millenium mambo de Hou Hsiao-Hsien (2001), Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas (2005), Vincere de Marco Bellochio (2009), Virgin suicides de Sofia Coppola (2000), La demoiselle d’honneur de Claude Chabrol (2004), 2 days in Paris de Julie Delpy (2007), Sleeping beauty de Julia Leigh (2011), Jeune femme de Léonor Serraille (2016), Tu mérites un amour d’Hafzia Herzi (2019), Lost in the night d’Amat Escalante (2023), Shéhérazade de Jean-Bernard Marlin (2018), La Fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau (2013).
- XAVIER AFFRE
Un quart de siècle marqué par l’Asie. La Palme d’or remise à A. Weerasethakul fut une merveilleuse surprise pour un film envoûtant et magique. Wong Kar Wai, David Lynch, James Gray et Pedro Almodóvar ont livré durant cette période leur meilleur long métrage. Tout comme Eastwood. Edward Yang séduit durablement, ainsi que Kiyoshi Kurosawa ou Hong Sang-soo. Enfin, Mysterious Skin m’a profondément marqué et ému, d’où sa présence très haut dans ce top.
1 / Oncle Boonmee (Apichatpong Weerasethakul)
2 / In the mood for love (Wong Kar Wai)
3 / Mulholland drive (David Lynch)
4 / Two Lovers (James Gray)
5 / Mysterious Skin (Gregg Araki)
6 / Parle avec elle (Pedro Almodóvar)
7 / Yi Yi (Edward Yang)
8 / Haewon et les hommes (Hong Sang-soo)
9 / Tokyo Sonata (Kiyoshi Kurosawa)
10 / Mystic River (Clint Eastwood)
Mentions spéciales : Trenque Lauquen ; Pacifiction ; Le château ambulant ; Elephant ; No country for old men ; Memories of murder ; Millenium Mambo (Hou Hsiao Hsien).
- QUENTIN ELUAU
Difficile de ne choisir que 10 films sur presque 25 ans. Cette liste ne présente peut-être pas exactement ma vision des 10 meilleurs films, j’en oublie sûrement, et d’autres pourraient s’ajouter à coup sûr si je les avaient vus (Prisoners ou No country for old men pour ne citer qu’eux) mais plutôt ceux qui ont eu un impact sur moi. Le Voyage de Chihiro qui m’a fait découvrir et aimer le cinéma d’animation japonais, Le retour du roi pour la fantasy ou encore Le Labyrinthe de Pan pour le cinéma de Del Toro.
1. Le seigneur des anneaux : le retour du roi (Peter Jackson)
2. Le Voyage de Chihiro (Hayao Miyazaki)
3. Mad Max Fury Road (George Miller)
4. Zodiac (David Fincher)
5. Parasite (Bong Joon-ho)
7. Hot Fuzz (Edgar Wright)
8. La Ligne verte (Frank Darabont)
9. Le Labyrinthe de Pan (Guillermo Del Toro)
10. Spider-Man : Into the Spider-Verse ( Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman)
- SYLVAIN JAUFRY
1. Gran Torino (Clint Eastwood)
Sans doute le meilleur film de Clint Eastwood. Le cinéaste américain excelle dans une composition qu’il affectionne : celle d’un homme bourru et aigri, raciste au premier abord, mais dont l’humanité va finir par jaillir. Clint Eastwood sort de son image habituelle pour faire un film sincère et généreux, sur l’entraide entre les communautés.
2. Volver (Pedro Almodóvar)
Jamais Pedro Almodóvar n’aura aussi bien parlé de la famille que dans Volver. Récompensé par le Goya du meilleur film, ce film explore parfaitement la solidité des liens familiaux, pourtant mis à mal par le décès d’une mère, dont le spectre flotte sur cette petite famille espagnole, et l’ombre de l’inceste et du mensonge. Volver est un film sur les femmes qui démontre leur solidarités, entre générations, entre soeurs. Pedro Almodovar recycle son sujet favori, qu’il sait bien traiter, en bénéficiant d’une distribution de qualité, Penélope Cruz en premier.
3. La Zone d’intérêt (Jonathan Glazer)
L’une des sensations du Festival de Cannes 2023, un chef-d’œuvre qui laisse sans doute la même impression d’effroi que Nuit et Brouillard ou Shoah. Jonathan Glazer, sans montrer l’horreur des camps, parvient à décrire la cruauté et la déshumanisation. Dans son style si particulier, le cinéaste anglais juxtapose son goût pour l’étrange en opposant le bonheur d’une famille allemande et le malheur des centaines de prisonniers. Volontairement choquant et surtout suggestif, La Zone d’Intérêt rejoint la liste, déjà longue, des films dérangeants. Si vous avez aussi vu Birth et Under the Skin, vous ne serez pas surpris par la mise en scène souvent lente et assez symétrique.
4. Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois)
Le film de Xavier Beauvois est un des plus beaux films français de ce siècle, grâce à sa distribution de haute volée, mais aussi grâce à une mise en scène précise qui décrit fort bien le quotidien de ces moines qui s’interrogent sur l’escalade de la violence dans une société algérienne meurtrie. Le cinéaste français fait parler son goût assumé pour le détail, avec un travail fort sur le cadrage des plans , la pureté de la mise en scène, associé au réalisme de l’écriture. Tout en contextualisant la situation, Des Hommes et des dieux parle aussi de sacrifice, celui de ces hommes.
5. 21 grammes (Alejandro Gonzalez Inarritu)
Avec ce film, Alejandro González Iñárritu s’est ouvert les portes du cinéma américain. Avec un magnifique scénario signé Guillermo Arriaga, 21 grammes bénéficie d’une structure narrative excellente, faite d’histoires qui finissent par se croiser. Quand la mort d’un enfant sauve la vie d’un homme et permet la rencontre de deux personnes en quête d’un nouveau souffle… Le duo Naomi Watts – Sean Penn fait des étincelles dans un film puissant et résolument dramatique.
6. Mulholland Drive (David Lynch)
Le maestro David Lynch signe l’une de ses plus belles œuvres, le genre de film que l’on comprend et apprécie plus au second visionnage. C’est une production à l’atmosphère étrange, peuplée d’une rêverie morbide, qui nous emmène dans les arcanes malaisants d’un système hollywoodien qui ressemble plus à une machine à broyer qu’à une véritable usine à rêves. Constitué de scènes cultes qui lorgnent vers le surnaturel, Mulholland Drive est un sommet d’étrangeté et d’ingéniosité.
7. Un prophète (Jacques Audiard)
Un véritable coup de force de Jacques Audiard. Emmené par Tahar Rahim et Niels Arestrup, Un Prophète est un des meilleurs films qui traitent de l’univers carcéral. Un jeune homme se retrouve emprisonné et cède à la loi du plus fort qui règne dans les prisons, pour s’imposer en caïd. Jacques Audiard était alors dans sa meilleure période, avec ce film qui se trouve parmi les plus inspirés de sa filmographie, et dans lequel il franchissait une étape supérieure dans la dramaturgie.
8. Old Boy (Park Chan-Wook)
Un cauchemar de séquestration signé Park Chan-wook qui s’initie au thème de la vengeance. Avec une folie et une violence purement coréennes, Old Boy explique comment un esprit vengeur décide d’oublier ses années passées coincé dans une cellule dotée d’une télévision pour en finir avec ceux qui lui ont fait tant de mal. Old Boy est un film choc, un uppercut, au rythme brillant et au style inimitable, doté d’un penchant pour le réalisme cru et assez etonnant.
9. Mother (Bong-Joon-Ho)
Un film déchirant et saisissant sur la relation mère-fils, le tout sur fond de meurtre et de handicap mental. Mother raconte l’histoire de cette mère qui défend corps et âme son fils handicapé, suspecté d’homicides, jusqu’au point de tomber elle-même dans l’illégalité. Une œuvre poignante.
10. La Pianiste (Michael Haneke)
Michael Haneke réalise un film inoubliable, dans lequel la perversité domine. Le récit narre une relation quasiment malsaine, faite de sexe, entre un élève et sa professeure de piano, dont la rigidité cache un comportement sexuellement déviant. Le cinéaste filme un microcosme glauque. Isabelle Huppert livre une composition qui lui convient à merveille, face à un Benoît Magimel tout aussi bon.
- PIERRE LARVOL
1 – Broken Flowers de Jim Jarmusch (2015)
2 – Donnie Darko de Richard Kelly (2002)
3 – Mulholland Drive de David Lynch (2001)
4 – Mad God de Phil Tippett (2023)
5 – A Ghost Story de David Lowery (2017)
6 – Melancholia de Lars Von Trier (2011)
7 – Mars Express de Jérémie Périn (2023)
8 – It Follows de David Robert Mitchell (2015)
9 – 21 nuits avec Pattie des frères Larrieu (2015)
10 – Minuit à Paris de Woody Allen (2011)
Les mentions : Ultra rêve de Mandico, Yann Gonzalez, Poggi et Vinel (2018), Enter the Void de Gaspar Noé (2010), Réalité de Quentin Dupieux (2014), Arrête-moi si tu peux de Steven Spielberg (2003), L’exercice de l’Etat de Pierre Schoeller (2011) et Frangins malgré eux d’Adam McKay (2008).
- REMY PIGNATIELLO
- Mulholland Drive (Lynch)
- The Tree of Life (Malick)
- No Country For Old Men (Coen)
- Le voyage de Chihiro (Miyazaki)
- Eternal Sunshine Of The Spotless Mind (Gondry)
- The Social Network (Fincher)
- Les fils de l’homme (Cuaron)
- Her (Jonze)
- Kuzco, l’empereur mégalo (Dindal)
- La famille Tenenbaum (Wes Anderson)
Mentions spéciales pour Paprika de Satoshi Kon et Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson.
- POULET POU
1. Ne touchez pas la hache (Rivette, 2007).
Un de mes films préférés de tous les temps. ’’Sublime ? Ah mais non, surtout pas, ne dites pas sublime, merveilleux, etc. Vieux style ! Non, le mot qu’il faut employer, c’est ÉTOURDISSANT’’.
2. Seule sur la plage la nuit (HSS, 2017).
Kim Min-hee s’agenouillant sur un pont dans un parc à Hambourg, image inoubliable.
3. À la folie (Wang Bing, 2016).
Séjour à l’HP chinois.
4. Là-bas (Akerman, 2006).
Monet + Mondrian à Tel-Aviv.
5. Rétribution (Kurosawa, 2007).
Pour Kiyoshi j’hésite avec l’immense Tokyo Sonata sorti l’année suivante, mais d’une il y a Kōji Yakusho, de deux l’image d’un type disparaissant dans une tasse à café (ou quelque chose comme ça) est une image qui reste.
6. Gerry (Gus Van Sant, 2002).
Promenade au parc naturel.
7. Like someone in love (Kiarostami, 2012).
Kiarostami à Tokyo, derniers feux featuring une Volvo en guest-star.
8. National Gallery (Wiseman, 2014).
Visite au musée, devant et derrière les tableaux.
9. La piel que habito (Almodóvar, 2011).
Meilleur rôle de Banderas avec Femme Fatale de De Palma, qui aurait pu figurer dans une autre version de ce top.
10. Serre moi fort (Amalric, 2021).
Triste et beau, featuring une AMC Pacer en guest-star.
Mentions : Loin de vous j’ai grandi (Dumora, 2020), Illumination (Breton, 2004), Femme Fatale (De Palma, 2002), Les Crimes du futur (Cronenberg, 2022), La Liberté (Massart, 2017), Navire Europe (Déak, 2023), Bad Lieutenant (Herzog, 2009), Rester Vertical (Guiraudie, 2016), Burn After Reading (Coen, 2008), Une famille (Angot, 2024).
- THOMAS POUTEAU
1- Amour de Michael Haneke
Tous ses films du vingt-et-unième siècle auraient pu entrer dans ce classement. Quelques années après sa première Palme d’Or, Michael Haneke insuffle une nouvelle émotion dans son cinéma, sans jamais la forcer, sans en édulcorer le tragique, lors de la dernière messe d’un vieux couple bourgeois interprété magnifiquement par un Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. Le cinéma dans sa sobriété qui sent bon le parfum de la vie.
2- Wendy et Lucy de Kelly Reichardt
Si une artiste devait sauver le cinéma, ce serait entre ses mains que je mettrais mon pouvoir. Avec Wendy et son chien Lucy, Kelly Reichardt continue de traverser les Amériques à travers les yeux de la patience, les mains des petits gestes, les emmerdes du quotidien, les attentions des humains. L’amitié se conjugue aussi avec les chiens et, dans un mouvement lent, voilà que les marges gagnent leur centralité.
3- Before Sunset de Richard Linklater
Le temps a fait son lit. Jesse et Céline s’étaient rencontrés par hasard à Vienne et s’étaient promis de se retrouver. Vide depuis neuf ans, les draps secs de l’amour transpirent à nouveau lorsque Céline retrouve Jesse, venu présenter son nouveau roman. Le temps d’un après-midi, la passion amoureuse baignée dans le soleil parisien se tricote au fil des rues, des cafés et des écrits de poètes maudits. Leur histoire se raconte sous nos yeux fous d’envie.
4- Después de Lucia de Michel Franco
C’est avec Después de Lucia que nous comprîmes qu’un cinéaste était né. Michel Franco a rapidement installé son style : des cadrages à la durée de ses plans, de ses scènes captées en un regard, du scénario au jeu des comédiens, tout est juste, précis, déroutant. Le mystère ne cesse de se déployer dans une fluidité déconcertante. C’est un boom.
5- Paranoïd Park de Gus Van Sant
En suivant son héros skateur, Gus Van Sant s’était permis un film un peu plus aérien que les précédents sur l’adolescence. Les pentes du montage fragmenté offrent aux spectateurs la possibilité de reconstituer l’intrigue de ce film bref qui hante longtemps. En peu de temps, il cultive un merveilleux champ de détails dont la minutie est régie par de pures questions de forme. Vertigineux !
6- There will be blood de Paul Thomas Anderson
Avec ses comparses Tarantino et Scorsese, Paul Thomas Anderson est l’un des derniers grands cinéastes américains à produire un de ces grands films qui jalonnent l’histoire du cinéma américain. Les audaces de ce film sensoriel sont multiples, comme les quinze premières minutes muettes et tout le reste qui nous laissent bouche bée.
7- Ema de Pablo Larrain
En réalisant le portrait d’une danseuse inconnue, à la différence de ses films biographiques et tortueux, Pablo Larrain embrasse, et nous par la même occasion, chaque mouvement, ample et vif, d’un personnage des plus complexes du vingt-et-unième siècle dont les folies enflammées brûlent nos rétines.
8- La Tortue rouge de Michaël Dudok De Wit
Michaël Dudok De Wit conte l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues. En 1h20, sans le moindre dialogue, ce film d’animation sobre est une métaphore des grandes étapes de la vie qui attendent un être humain. L’océan est partout, il embrasse cette île en même temps qu’il l’emprisonne. Fallait-il vraiment l’alimenter de nos larmes pures, échappées devant cette essence de poésie ?
9- Mektoub My Love : Canto Uno d’Abdellatif Kechiche
Plus le temps passe depuis la projection cannoise du second opus, et plus on se dit que nous devrons faire sans. Pourtant, l’apéritif de trois heures est généreux. Il baigne de soleil, des torrents de sexe, nos yeux bavent et le cinéma nous remplit le coeur. À Sète, l’été s’explose contre les corps des adolescents qui vivent, avec une telle fluidité et une telle intensité, la sensualité de relations riches qui nous font dire que le cinéma c’est la vie.
10- Fermer les yeux de Victor Erice
Trente ans, voilà l’ellipse entre l’avant-dernier film du réalisateur espagnol et ce nouvel objet, long de quasiment trois heures. Le voilà revenu d’on ne sait où, avec une proposition deux fois plus généreuse : un film dans le film. Pendant trois heures, c’est le manque de ce film initial que nous ressentons, la bouche ouverte à la douceur de la mélancolie, durant lesquelles les souvenirs sont convoqués et où, nous spectateurs et eux personnages, recollons les morceaux du passé. Un film collectif qui donne toute sa confiance au romanesque d’une disparition qui tient le spectateur en haleine, une odyssée longue et magnifique.
- DAVID SPERANSKI
1. Melancholia de Lars Von Trier
Parce qu’on n’a jamais aussi bien filmé et surtout ressenti la fin du monde.
2. Mektoub my love Canto Uno d’Abdellatif Kechiche
Entre Renoir et Rozier, Kechiche capte avec génie un été qui révèle les coeurs et les corps.
3. Her de Spike Jonze
Le film sur l’amour moderne et ses rapports avec la technologie.
4. Two Lovers de James Gray
Inspiré par les Nuits blanches de Dostoïevski, Gray touche au vertige existentiel d’un choix impossible.
5. Parle avec elle de Pedro Almodóvar
Le film à la fois le plus déchirant et apaisant de Pedro Almodóvar.
6. Parasite de Bong Joon-ho
Inspiré par La Cérémonie de Chabrol, Bong Joon-ho réinvente la lutte des classes à travers cette histoire de domesticité et de sous-sol.
7. Zodiac de David Fincher
A travers une histoire de serial-killer, Fincher rend palpable la quête obsessionnelle qui rend supportable la fuite inexorable du temps.
8. In the mood for Love de Wong Kar-wai
Entre croisements et frôlements, un amour romantique et interdit qui n’ose dire son nom, magnifié par la splendeur de la photographie et des costumes.
9. The Tree of life de Terrence Malick
« Sans amour, la vie passe comme un éclair ». Entre nature et grâce, la vision puissamment spirituelle et mystique de la vie par Terrence Malick.
10. Mulholland Drive de David Lynch
Un film-miroir sur le cinéma, les mondes parallèles et les illusions perdues que le rêve engendre. Lynch au sommet de son pouvoir de fascination cinématographique.
Mentions spéciales : Saraband d’Ingmar Bergman, Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, Cloud Atlas de Lana Wachowski, Tom Tywker et Lilly Wachowski, La Flor de Mariano Llinás, Le Livre d’image de Jean-Luc Godard, Les Plages d’Agnès d’Agnès Varda, Inland Empire de David Lynch, The Social Network de David Fincher, Anatomie d’une chute de Justine Triet, La Captive de Chantal Akerman, Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry, Virgin Suicides de Sofia Coppola, Moonrise Kingdom de Wes Anderson, Toni Erdmann de Maren Ade, Synecdoche, New York de Charlie Kaufman.