Festival International de Films de Femmes de Créteil 2023 : entre parcours de cinéaste et jeunesse rebelle

Ce lundi 27 mars, une masterclass, en partenariat avec France Culture et animée par l’excellente Lucile Commeaux, avait lieu dans la grande salle de la Maison des Arts et de la Culture de Créteil, remplie de spectateurs venus écouter l’une des plus grandes cinéastes françaises, Rebecca Zlotowski. Celle qui a réalisé Les Enfants des autres, film sorti l’an dernier et qui a permis à Virginie Efira de trouver un rôle digne de son talent, a expliqué son parcours, durant 1 h 30 d’échanges, de questions précises et de réponses passionnantes. Extrêmement instructive et complète, cette masterclass propose un autre regard sur le travail de la réalisatrice, ses intentions, ses ambitions, les thèmes prégnants dans son cinéma, notamment ceux de la représentation de la féminité et du portrait de femme. Rebecca Zlotowski se dévoile, explore sa filmographie, détaille ce qui a motivé ses projets et, plus généralement, sa vision du cinéma, la discussion n’éludant aucun sujet et proposant une large place à chacun de ses films, surtout Grand Central et Une Fille facile. Sympathique et avenante, sa grande prolixité révèle une passion pour le Septième Art, l’envie de la partager, et de diffuser ses œuvres aux spectateurs. Cette masterclass, dans laquelle on apprend beaucoup sur une femme dont la cinéphilie est importante, sera à écouter sous forme de podcast cet été sur France Culture.

Présente toute la journée, Rebecca Zlotowski eut l’honneur de présenter Suburbia de Pénélope Spheeris, accompagnée de la jeune Lola Quivoron, dont le film Rodéo fut récompensé dans la section Un certain regard au Festival de Cannes 2022. Ce film de la réalisatrice du film culte Wayne’s World propose un spectacle punk détonant, violent, transgressif, au rythme d’une musique dynamique et euphorisante, où le son des guitares électriques se mêle à l’anarchie dominante. Portrait d’une jeunesse rebelle, l’œuvre produite par Roger Corman prend place en banlieue, dans un groupe de jeunes personnes se trouvant dans une marginalisation extrême, en dehors de toutes normes sociales. Pénélope Spheeris filme le quotidien marqué surtout par la perte de repères et l’exclusion sociale, avec des individus formant une sorte de famille alternative. Assez bien construit, peut-être un peu trop radical pour certains, ce film d’exploitation sorti en 1984 est à découvrir. Dans la veine de Ça plane, les filles d’Adrian Lyne, Suburbia symbolise le mouvement punk, thème cher à Pénélope Spheeris, notamment dans ses premiers films, et dont on peut faire un parallèle avec Class 1984, de Mark L. Lester