Ultrasound : quand vous rouvrirez les yeux…

L’hypnose et le cinéma entretiennent un lien des plus étroits : souvent, l’expérience du cinéma est comparée à cet état de rêve éveillé, de suggestion permanente dans lequel on peut faire croire ce que l’on veut au spectateur. Une proximité longtemps exploitée par les films de genre, et que Rob Schroeder travaille aussi avec son dernier long métrage, Ultrasound, sélectionné en compétition internationale pour cette 27ème édition de l’Étrange Festival. Adapté du roman graphique Generous Bosom de Conor Stechschulte, auteur et illustrateur américain, Ultrasound se frotte au thriller psychologique en construisant un remarquable labyrinthe narratif, dont les méandres hypnotiques s’étoffent à mesure que le film s’enfonce dans un dédale d’illusions. Un film convaincant, qui peine cependant à être plus que son intrigue.

Une nuit d’averse, sur une route déserte. La voiture de Glen s’arrête après un étrange incident technique. Aux alentours, une seule maison où se réfugier et demander de l’aide : celle d’Arthur et Cindy, une demeure aux apparences normales, Glen sent pourtant qu’il y a comme anguille sous roche : mais rien à faire, impossible de mettre le doigt sur ce qui le chiffonne. À l’invitation de son hôte, Glen passera donc la nuit chez Arthur – une nuit qui le fera plonger toujours plus loin dans l’étrange et le bizarre, et dont il ne se réveillera pas indemne.

Moins remarquable pour des innovations visuelles que pour son adhésion aux codes du thriller psychologique, sans pour autant jamais tomber dans la facilité ou le réchauffé, Ultrasound parvient à tisser sa toile lentement mais sûrement, pour un résultat qui, s’il n’est pas médiocre, n’est pas non plus brillant.

Ultrasound est un plat qui se mange froid, et qui exige du spectateur qu’il prenne son temps pour digérer au mieux son intrigue. Le film met en effet un certain temps à démarrer, et longtemps on reste perplexe quant à la direction que prend le récit. Une perplexité sans doute volontaire dans un film qui s’efforce de dévoiler judicieusement ses propres rouages, s’assurant de ne pas montrer son jeu tout de suite, laissant le spectateur se perdre pendant au moins la première moitié de la projection. Alors que peu à peu les différents tableaux hétérogènes que développent le film se relient les uns aux autres et que le récit prend de la vitesse, Ultrasound commence à battre de l’aile ; mais c’est bien dans sa dernière phase que le film fonctionne le mieux, tandis que le récit tombe en miettes et que toutes les différentes couches narratives construites laborieusement s’écroulent les unes après les autres. C’est dans ces artifices narratifs que le film est le plus spectaculaire et que le spectateur sera le mieux captivé.

Malheureusement, seul le récit du film parvient à véritablement surprendre le spectateur et dépasser ses attentes. La direction des acteurs semble très uniforme : aucun personnage ne ressort particulièrement, et à part quelques rares scènes les acteurs ne s’illustrent pas particulièrement dans leur jeu, qui restera toujours très sobre. Au niveau visuel, Rob Schroeder s’essaye parfois à quelques folies qui ne convainquent personne, comme ces travellings sur fauteuil roulant ou ces scènes de course à la première personne qui restent toujours assez faibles. Enfin, le mixage du son reste aussi bien banal pour un film au tel titre : tout juste capables de servir d’outil de raccord entre deux scènes, les effets sonores restent comme à l’arrière-plan, trop discrets malheureusement pour n’être autre chose qu’un artifice au service de la narration. Faisant tout reposer sur la complexité de son récit, Ultrasound trouve là à la fois sa principale force et sa principale faiblesse, négligeant d’autres outils de mise en scène qui paraissent bien ordinaires en comparaison de l’histoire complexe que développe Rob Schroeder.

Moins remarquable pour des innovations visuelles que pour son adhésion aux codes du thriller psychologique, sans pour autant jamais tomber dans la facilité ou le réchauffé, Ultrasound parvient à tisser sa toile lentement mais sûrement, pour un résultat qui, s’il n’est pas médiocre, n’est pas non plus brillant. Un bon film de genre, qui ne marquera probablement pas l’histoire du film d’hypnose, mais aura assurément le mérite de faire passer un bon moment.

3

RÉALISATEUR : Roberto Schroeder
NATIONALITÉ : Américaine
AVEC : Vincent Kartheiser, Chelsea Lopez, Breeda Wool
GENRE : Science Fiction
DURÉE : 1h43
DISTRIBUTEUR : Inconnu
SORTIE LE Prochainement