Florian Le Tavernier et Arthur Rupert Meinsfeld : portrait de cinéastes en devenir

MovieRama vous propose d’aller à la rencontre de deux artistes au travail prometteur, Florian Le Tavernier et Arthur Rupert Meinsfeld, qui ont bien nous voulu nous accorder un entretien pour parler de ce qui les passionne, le cinéma. Une rencontre sympathique et enrichissante mettant en lumière cette passion artistique, et une filmographie déjà composée de trois courts-métrages : Phantasme (récompensé lors du X World Short Film Festival 2022, arrivé onzième au Lonely Wolf International Film Festival-catégorie meilleur film zéro/petit budget), Entomos phagos (parmi les vingt-six finalistes au Hello Planet Film Festival) puis Double peine (disponible dès le 30 août sur SOFA vod). Avant de vous faire découvrir ces œuvres, Florian et Arthur se dévoilent à travers quelques questions permettant d’établir le portrait d’une paire animée par le désir de filmer, de mettre des histoires en images.

Les inspirations 

Notre duo de compères cinéastes se dit influencé par le cinéma de Quentin Tarantino et sa manière brute de filmer la violence. D’ailleurs, l’un de leurs courts-métrages, intitulé Double peine, contient des références au film du réalisateur américain, Réservoir Dogs. L’autre grand metteur en scène qui influence le travail de nos apprentis metteurs en scène s’avère être Christopher Nolan, dont le rapport au temps imprègne beaucoup de ses films et la gestion de cette temporalité impressionne Arthur, dont le film de prédilection de Christopher Nolan est The Dark Knight : Le Chevalier noir. Florian ne cache pas son admiration pour Oriol Paulo, l’un des esthètes du thriller espagnol et surtout son film L’Accusé.

Les motivations

Elles sont diverses et multiples. Assurément, Arthur et Florian affichent déjà un style cinématographique bien défini, mélangeant les genres, avec à chaque fois l’envie de prendre des risques, de faire un cinéma osé, ambitieux, quitte à évoquer des sujets polémiques comme l’écologie, le viol. Les trois courts proposent des styles et des sujets différents. On passe du message social au burlesque avec Entomos phagos, en terminant par Double peine qui se différencie assez nettement des deux autres productions, par sa noirceur, son aspect thriller, et cette manière de suggérer la violence. Florian insiste sur le fait que la suggestion produit un effet aussi impactant sur le spectateur. 

Pour Phantasme, tous deux voulaient transmettre un message social, eux qui sont déjà sensibilisés aux causes associatives. Florian explique notamment que l’idée du court–métrage était de faire de l’humanitaire en réalisant son rêve, cette envie de faire du cinéma. Ils voulaient montrer la précarité à travers la présence de ce sans domicile fixe, Régis, qui joue donc son propre rôle dans cette œuvre. Le choix d’un sans domicile fixe s’imposait. Le duo a échangé avec plusieurs sans-abri et souhaitait donc une personne connaissant le monde de la rue, ce qui augmente l’authenticité de Phantasme et certainement l’impact sur le spectateur qui devine ensuite qu’il s’agit réellement d’une personne sans toit, ce Régis, accompagné avant, pendant, et après le tournage, et sa présence sur le tournage indique qu’Arthur et Florian affichent la volonté de filmer un réalisme social, avec sincérité.

Des réalisations mûrement réfléchies

Le duo s’implique énormément dans ses projets, montrant un grand investissement démontrant la forte nature de ses motivations cinématographiques. Arthur évoque un parcours de vie difficile, avec un Septième Art qui lui a permis de surmonter les épreuves, cet art qui lui permet de transmettre ce qu’il a à dire, un besoin de cinéma qui anime aussi Florian. Ce qui motive aussi ces deux cinéastes, c’est que le cinéma leur donne l’occasion de s’exprimer, de s’adresser au public, avec des courts-métrages autoproduits, qu’ils disent être le fruit d’un travail. En effet, comme tous les autres metteurs en scène, l’élaboration du scenario est pour eux un élément essentiel devant s’accompagner d’une recherche précise pour traiter correctement le sujet abordé. Pour Phantasme, cela passe notamment par de nombreux entretiens avec des spécialistes de la santé, sollicités pour donner un avis, preuve qu’Arthur et Florian souhaitent avant tout écrire un scénario avec de solides bases et des supports documentés, presque une mission journalistique, avant de passer à l’étape supérieure, le tournage. Florian écrit (il a participé à l’écriture d’une mini-série Paese) et cette recherche de la vérité se traduit à l’image. Il est aussi important de noter que chacune de leurs réalisations comporte matière à débats, que ce soit sur l’écologie, le viol, les situations sociales. Les trois œuvres sont intéressantes, car il y a toujours cette volonté que l’on puisse débattre du thème, de transmettre des idées, et de pouvoir parler à un maximum de personnes, ce qui transpire à l’écran. En analysant de plus près ces courtes productions, nous constatons ainsi qu’il existe une sorte de morale sociale issue de l’exposition des situations dramatiques. 

Notre duo a eu l’honneur de connaître de nombreux festivals, un tremplin nécessaire pour les cinéastes novices. Quand on leur pose la question concernant ces quelques sélections et récompenses, Arthur et Florian ne peuvent cacher cette joie de voir leurs efforts récompensés, et sont ainsi émus de constater qu’ils puissent intéresser des personnes à travers le monde, une fierté décuplant cette envie de continuer à faire du cinéma, à filmer des histoires, et passer par la suite au long format. Phantasme fut auréolé d’un prix, hautement justifié. Ce court-métrage a été réalisé en un plan-séquence. Pour des débutants, pouvoir réaliser cela représente un grand défi technique, car il a fallu une matinée entière pour tourner, en sachant que la moindre erreur peut être préjudiciable à la réalisation d’un plan-séquence. Le duo réussit ce défi haut la main.

Après cet échange intéressant, vous pouvez maintenant découvrir les critiques des trois courts-métrages. Bonne lecture !