Final Fantasy VII: Remake – Culte comme au premier jour


Apparu pour la première fois en 1987 sur la NES, la saga Final Fantasy occupe aujourd’hui une place importante dans la catégorie des RPG. Ce n’est qu’avec la sortie du septième volet, en 1997, que les joueurs français ont pu découvrir cette saga sans passer par la case import. Nous voici maintenant 23 ans plus tard avec la première partie du Remake de cet épisode qui, encore aujourd’hui, est considéré par de nombreux joueurs comme étant le meilleur Final Fantasy.


IL ETAIT UNE FOIS FINAL FANTASY VII

Avant de nous lancer dans le remake, il est important de replacer un peu le contexte du jeu originel. Final Fantasy VII nous entraîne dans les aventures d’un groupe écoterroriste, nommé Avalanche, combattant sans relâche la Shinra, une entreprise exploitant les ressources de la planète sans aucune limite. Au fur et à mesure de l’avancement de l’histoire, les obligations et les répercussions possibles feront de ce combat un enjeu planétaire. Nous suivons cette histoire par le prisme de Cloud, un ancien membre du SOLDAT (une classe militaire à la solde de la Shinra), devenu mercenaire, au passé trouble. Véritable succès à l’époque, le jeu est, à ce jour, le plus vendu de la saga (plus de 12 millions de ventes, dont 10 sur la PlayStation 1).

Souhaitant développer encore plus l’univers, Final Fantasy VII fait aujourd’hui parti de la Compilation of Final Fantasy VII, regroupant ainsi plusieurs autres jeux et un film agrandissant alors le lore de l’univers.

De nombreuses fois évoqué, mais jamais officialisé, le remake de Final fantasy VII fit couler beaucoup d’encre à son sujet. Souvent classé comme irréalisable, compte tenu de l’envergure du jeu à l’époque et des technologies actuelles, qui auraient fait de ce remake un gouffre en termes de temps, de ressources et d’argent.

C’est pourtant en 2015, alors que plus personne n’y croyait, que l’impossible se réalise. Final Fantasy VII Remake est annoncé, et il sortira sur PlayStation 4 en premier. À la suite de cette annonce et alors que beaucoup de gens croyaient obtenir le jeu complet à sa sortie, Square Enix annonce alors que l’histoire sera découpée en plusieurs parties (dont on ne connaît toujours pas le nombre exact) et cet épisode se concentrerait uniquement sur Migdar, soit l’équivalent des 5-6 premières heures sur l’original.

Après à nouveau 5 ans d’attente, le voici enfin entre nos mains. Que vaut donc ce remake ? Est-il aussi bon, voire meilleur que son modèle ?

LE TRAIN ENTRANT EN GARE DE MIDGAR

Comme dit plus haut, ce remake nous fait (re) découvrir Migdar et ses bidonvilles comme le jeu original. Midgar étant, je le rappelle, coupé en deux parties, la première étant celle vivant sur les plateaux, profitant du soleil et de l’air pur, ainsi que des bidonvilles, seconde ville sous la première, qui est coupée de la lumière du soleil et n’est éclairée que par les projecteurs sous les plateaux. Nous commençons donc le jeu par une courte séquence d’introduction présentant la ville, ses habitants pour amener la caméra sur un train roulant à pleine allure à travers la nuit. À peine le temps de se poser que 5 personnes sautent du train, agressent les gardes postés ici puis foncent en direction du réacteur Mako (l’énergie de la planète) pour le faire exploser. Stoppons cette introduction ici pour parler en premier lieu de l’aspect graphique du jeu.

Le constat est sans appel, le jeu est sublime. Le travail apporté à l’univers grâce à l’Unreal Engine 4 rend la ville crédible et respirant de vie selon le quartier dans lequel on se trouve. Les divers points de vue et les zones à explorer vous laisseront sans voix. Les effets de lumière sont des plus agréables en jeu. Il y a bien sûr quelques défauts, comme certaines textures ayant du retard à s’afficher, d’autres subissant un léger clipping.

Mais il se trouve que le jeu ne fait pas d’effort à certains moments. On le remarque tout de suite avec la visualisation des bidonvilles depuis les hauteurs du plateau supérieur. On peut comprendre que modéliser une énorme quantité de bidonvilles peut représenter une charge de travail considérable pour pas grand-chose dans ce cas précis, mais ici nous nous retrouvons avec une simple image collée et aplatie pour donner un effet pas réussi.

Retour donc à nos écoterroristes et plus particulièrement Cloud Strife, le héros du jeu. Mercenaire engagé par le chef du groupe Avalanche, Barret Wallace, Cloud se montre renfermé, uniquement attiré par l’argent et ne se souciant guère des problèmes que rencontre les membres du groupe. En soi, un personnage peu attachant au premier abord, mais qui se dévoilera au fur et à mesure du jeu à ne pas en douter. Nous retrouvons donc ici tous les personnages que l’on a connus à l’époque, dans une version magnifiée et beaucoup plus développée. On le constate notamment avec Barret, lui qui était un des personnages jouables les moins appréciés dans l’original, ici il est retravaillé afin de le rendre plus attachant, plus humain aussi. On constate ce point sur tous les personnages, qu’ils soient jouables, secondaires ou même au niveau des PNJ à une moindre mesure. Le travail apporté à la crédibilité de l’univers en fait de bons personnages dont on s’attache. Nouveaux moyens obligent, la mise en scène est beaucoup plus travaillée afin de rendre le tout digne de l’original.

AU REVOIR TOUR PAR TOUR

Il est difficile de comparer le gameplay de ce remake avec l’original, tant ils n’ont rien à voir l’un et l’autre. Le premier se veut classique, tour par tour dans la lignée des RPG de l’époque. Le remake quant à lui a choisi la voix de l’action-RPG : garder les mécaniques du premier, à savoir les matérias et les invocations, mais de changer tout le reste. On ne dirige plus l’équipe entière depuis un tableau de commande, mais on prend le contrôle d’un personnage à la fois pour le diriger complètement. Les autres sont alors contrôlés par l’IA. On peut alors se déplacer pour atteindre l’endroit souhaité afin d’attaque ou se protéger du mieux possible. Durant un combat, en plus de votre barre de vie et de magie, la jauge ATB (Active Time Battle) fait aussi son retour. Se chargeant durant vos attaques et vos parades, cette barre divisée en deux parties permet l’utilisation d’objets, de sort ou de compétences spéciales.

Via un menu on met le jeu en quasi-pause pour pouvoir décider des prochaines actions des attaquants. Tout ceci a pour but de favoriser l’action au travers de la stratégie employée en combat. C’est d’autant plus flagrant que plutôt que de nous laisser galérer devant un ennemi immunisé à nos capacités, le jeu nous permet de retourner quelques instants avant le combat pour mieux nous préparer. Libre à nous de ne contrôler que le chef d’équipe et de donner des ordres aux autres membres, ou alors d’alterner entre tous suivant les situations. Le gameplay de chaque perso est fondamentalement différent et tout autant plaisant les uns par rapport aux autres.

Chacun est libre de faire comme il le souhaite. Dans l’ensemble le jeu se rapproche de ce que proposaient comme gameplay Final Fantasy XV et Kingdom Hearts à moindres mesures (Nomura est à la réalisation des 3 jeux, coïncidence ?).

Qui dit RPG, dit équipement et personnalisations. FFVII Remake reprend alors la liste du jeu original. Libre à vous de sélectionnez l’arme qui vous intéresse parmi les 6 proposées à chaque membre selon le rôle que vous leur décidez. Suivant si vous voulez Tifa en attaquant ou magicien, son armement ne sera pas le même. Chaque arme et pièce d’équipements proposent ses forces et faiblesses sur les stats des personnages. Il en va de même pour les matérias.

Véritable concentré de magie utilisable par tous, chaque arme et équipement possède un nombre variable d’orifices permettant d’y entreposer une matéria. Vous souhaitez que votre arme donne des dégâts de feu supplémentaires ? À vous d’y poser une matéria feu et une permettant de faire la connexion entre le sort et l’arme. Vous souhaitez soigner plusieurs personnages avec un seul sort de soin ? C’est possible en équipant les bonnes matérias ensemble. Avec quasiment 50 matérias dans le jeu, les possibilités de combinaison sont quasiment infinies.

À tout cela se rajoute la notion de fragilité et l’état de choc. Suivant nos actions durant le combat les ennemis peuvent atteindre le stade de fragilité, qui les bloque durant quelques instants pendant lequel on peut les enchaîner au maximum afin de remplir leur barre de choc. Une fois cette barre à son maximum, l’ennemi rentre en Choc et est complètement à la merci de nos héros. C’est grâce à cette mécanique que vous viendrez à bout de la majorité des ennemis du jeu, tant les coups normaux ne leur font que peu de dégâts en temps normal.

Finissons avec la partie gameplay en parlant des affrontements. Pas de combat aléatoire dans ce remake, les combats se faisant en connexion avec l’histoire ou au Colisée du Wall Market du secteur 6. Les affrontements contre les boss sont épiques à souhait grâce à la mise en scène et peu ressemblant les uns aux autres. On notera du coup, un nombre assez élevé de gros combats, mais visuellement au top pour en mettre plein les yeux.

UN UNIVERS COHÉRENT ET RÉALISTE

Après avoir vu en détail le gameplay, portons notre focus sur l’univers du jeu et son scénario. Je précise ici que je ne dirais rien ici concernant le scénario du remake et les changements apportés comparés à l’original. Sachez tout de même que le remake suit les évènements de Midgar en y apportant nombreux détails, rajout de scène pour le développement des personnages et nouveaux évènements pour surprendre même le plus fin connaisseur de l’histoire complète. C’est ce que l’on demande pour un jeu qui veut durer 6x plus longtemps pour raconter l’équivalent des 6 premières heures de jeu. Et on peut le dire, le pari est réussi ! On prend plaisir à voir cette mégalopole prendre vie devant nous au travers de ses habitants. Les scènes de vie, leurs dialogues en lien avec les évènements du jeu, et les situations que l’on traversera rendent le tout réaliste et crédible. Mention spéciale au secteur du Wall Market, qui déjà à l’époque du jeu PS1 détonnait complètement de l’ambiance de Midgar en général, est sublimé dans ce remake en portant le surréaliste de la scène encore plus loin.

Si les décors participent à l’effort général en donnant vie à l’univers, c’est bien son scénario qui nous a tous conquis à l’époque. Triste, mélancolique, touchant et drôle à la fois, le scénario de Final Fantasy VII brasse de nombreux thèmes à travers sa grande palette de personnages.

L’original nous donnait plus une liberté d’interprétation des scènes due au style graphique et à l’absence de voix, maintenant chaque émotion ressentie par les personnages est retransmise aux joueurs par la voix des doubleurs, la musique et la mise en scène. Et surtout, quel plaisir de revoir Aerith et son côté légèrement attachiante mais ô combien aimé des joueurs. Tout cela pour dire que le scénario caresse les anciens dans le sens du poil en nous redonnant ce que l’on connaît déjà en magnifié et en proposant en même temps de la nouveauté afin de ne pas tomber dans une redite pure et simple. Des choix qui auront des conséquences concernant l’avenir du scénario.

Un RPG sans musique n’a que peu de saveurs, et dire que la bande-son de l’original a marqué tous ceux ayant joué au jeu n’est pas exagéré. Véritable chef-d’œuvre musical, la bande-son de Final Fantasy VII obtient une seconde jeunesse avec les réorchestrations de toutes les musiques et bien plus encore ! Une multitude de pistes (7 CD pour contenir l’ensemble de l’OST), des variations en plein combat sans coupure, des réinterprétations, et même des musiques qu’on ne pensait pas entendre dans cette partie, font de la bande-son de ce remake un bijou musical. On ne peut que féliciter les compositeurs pour leur travail.

DU POST-GAME ET DES QUÊTES ANNEXES À AMÉLIORER

Terminons ce test avec quelques infos importantes. Tout d’abord concernant la liberté apportée aux joueurs. Si vous attendiez un monde ouvert, vous serez vote déçu. À l’instar du premier, l’entièreté du remake se veut en couloir avec quelques zones un peu plus ouvertes. Il n’est pas possible par ailleurs de visiter l’ensemble de Midgar à n’importe quel moment. Le jeu voulant faire avancer l’histoire et ne pas laisser trop de temps mort. Il n’y a donc pas non plus de longues phases à enchaîner les monstres pour augmenter son niveau. Le jeu étant assez bien dosé pour ce qui est du gain de niveau. Autre curiosité, si Square Enix voulait éviter de perdre du temps, ils ne s’empêchent pas de rallonger la durée du jeu en proposant des quêtes secondaires à certains moments-clés de l’aventure. Si les quêtes sont la bienvenue afin de donner plus d’envergure à l’univers, la majeure partie d’entre elles ne servent vraiment qu’à remplir les cahiers des charges.

Autre point noir du jeu, la caméra et le lock ennemi. Le premier devient dérangeant à certains moments de l’aventure quand les zones sont plutôt étroites (et reculer au maximum la caméra du personnage pour plus de lisibilité en combat est quasiment obligatoire). Le lock quant à lui se veut plus chiant sur les boss et ennemis disposant de plusieurs parties attaquables. On souhaite viser une partie précise et c’est un point à l’opposée qui est visé, et des fois pas le même ennemi du tout visé.

Sachez enfin que le jeu n’est pas vraiment fini après votre première run. En effet, une fois le jeu fini, le mode difficile se débloque, vous permettant ainsi de tester votre niveau face à des monstres plus coriaces, de récupérer des manuels permettant l’amélioration au max de vos armes, d’atteindre le niveau max pour vos personnages et leurs matérias. Le jeu propose aussi la possibilité de rejouer les chapitres du jeu à n’importe quel moment depuis le menu Pause. Malheureusement si l’idée est bonne sur le papier, devoir refaire 30-40 min de scénario avant d’atteindre le Colisée du chapitre 9 a de quoi en rebuter plus d’un.

verdict
Comment conclure un test pour ce remake ? Tout d’abord en disant que peu importe qu’on ait joué ou non à l’original, le remake peut vous plaire, que vous soyez un aficionado des RPG ou même si c’est votre premier dans le genre. Disposant d’une grande durée de vie, mettant en lumière des personnages déjà connus pour leur donner plus de profondeurs au travers d’une réalisation au top durant toute la durée de l’histoire, tout en ayant son lot de révélation durant la dernière partie. Bien que disposant d’une structure assez linéaire et d’un post-game assez faible, sa bande-son, son univers et ses personnages vous feront difficilement quitter la manette en cours de jeu. On espère donc maintenant que le prochain volet de ce remake soit lui aussi dans cette lignée et qu’il ne mettra pas autant de temps à venir.
Les graphismes à couper le souffle
Le gameplay nerveux et stratégique des combats
Revisiter Midgar et les changements de scénario
La bande-son quasi parfaite
Les doublages de qualités, même si quelques libertés sur la VA
La sélection des chapitres et le mode hard pour revenir sur le jeu
La caméra permissive
Le lock ennemi hasardeux
Certaines textures buggées au Wall Market
Le plan JPEG des bidonvilles du chapitre 6
80

Un très bon moment en

perspective


ÉDITEUR/DÉVELOPPEUR : Square Enix / CyberConnect 2
GENRE : Action-RPG
SORTIE LE 10/04/2020