Élémentaire : un Pixar mineur

Après Alerte Rouge et Buzz l’Éclair, Pixar propose sa nouvelle création, Élémentaire, où le feu et l’eau ne font qu’un, où ces deux éléments s’unissent pour sauver une ville et tisser un lien amoureux. Ce vingt-septième long-métrage du célèbre studio d’animation figure certainement parmi ses œuvres les moins fameuses, à l’image des deux précédentes productions. Alors que Pixar excellait avec des films comme Là-haut, Soul ou Vice-versa, les récentes réalisations dénote un essoufflement de la créativité scénaristique, et ce nouvel opus confirme cette tendance, avec même une animation un cran en-dessous des standards habituels. Ainsi, Élémentaire devient un film lambda, trop enfantin, s’éloignant du public adulte que l’entreprise avait su toucher avec ses chefs-d’œuvre. Comme toujours chez Disney, une morale existe, mais les jets aquatiques ne parviennent pas à éteindre les flammes, dans un film qui ne devrait pas rester dans les mémoires. 

Dans une ville où vivent l’air, le feu, la terre et l’eau, Flam et Flack se rencontrent. Ils vont apprendre à se connaître et se découvrir des atomes crochus.

Le mariage de ces deux éléments, opposés, accouche d’un résultat se situant bien en-deçà des espérances attendues, dans une œuvre ne débordant ni d’originalité ni d’innovation, deux ingrédients que le studio a pourtant bien su mettre en valeur auparavant. La société rachetée par Disney continue sa perte de vitesse, irrémédiablement, le film ne faisant qu’accumuler les signaux allant dans ce sens, avec surtout ce scénario particulièrement lacunaire et ces dialogues sans grande drôlerie. 

Ces répliques résument tristement la pauvreté de tout un film, faisant référence à ces expressions liées au feu (tout feu, tout flamme…), utilisées avec une redondance abusive. Les dialogues ne sont pas le point fort de cette œuvre surnageant dans un océan du néant, un vide que même les couleurs chaudes ne parviennent à animer. Élémentaire baigne dans une eau peu profonde, bien trop calme, avec un rythme lent ne parvenant jamais à s’élever, les rares remous de l’écriture ne sauvant pas un film qui se noie progressivement. Peu de rebondissements, une histoire présentant des lacunes inhabituelles pour un Pixar, un récit entaché par un terrible effet soporifique, un manque de profondeur dans la structure scénaristique… Tout ceci concourt au fait que ce film se classe parmi les productions mineures du studio, si ce n’est parmi les plus mauvaises, se situant malheureusement dans la continuité de Buzz l’Éclair par exemple. Le scénario raconte l’alliance de deux éléments puissants, l’eau et le feu, s’unissant pour sauver toute une ville d’un désastre, développe une relation entre le chaud et le froid entre deux personnages que tout oppose pourtant. Une petite morale se dégage néanmoins de ce rapprochement farfelu, avec cette Flam trouvant un apaisement certain chez ce Flack, tous deux trouvant ainsi une forme de complémentarité. Ils découvrent alors qu’ils ont des choses en commun, malgré la différence. La jeune femme, active et fougueuse, mais déficitaire en confiance, trouve dans cette matière aquatique de quoi éteindre la puissance de ses flammes, elle perdant ses nerfs face au client de la boutique tenue par ses parents. Cependant, cette lueur inespérée dans un schéma d’une grande platitude ne fait qu’attiser le brasier consumant inévitablement ce film d’animation. 

Pixar réalise une œuvre peu enflammée, renaissant peu de ses cendres, ne ravivant absolument pas cette incandescence, ce côté brûlant que devait contenir Élémentaire.

Les aventures des deux personnages se perdent dans un spectacle manquant singulièrement de chaleur, trouvant sans doute sa cible chez un public jeune, même si l’ensemble reste bien loin d’un bon divertissement assuré pour les enfants. Contrairement à Vice-versa, de meilleure qualité et bien plus drôle, ce nouveau Pixar ne remplit aucune de ses missions, celle de divertir tout en proposant aussi une réflexion. Quant à l’animation, le studio ne se surpasse pas. Certes, certaines séquences sont brillantes, d’autres moins, mais elles témoignent tout de même d’un spectacle visuel moins foisonnant et riche, à l’image de cette Flam dont la couleur reste bien tiède et pâle, cette pâleur submergeant totalement ce récit, preuve que Pixar ne se renouvelle pas. En soufflant le chaud et le froid depuis quelque temps, l’équipe d’animateurs produit un rendement en dents de scie. Ce film est encore un exemple de cette baisse significative de qualité, qui se voit autant dans l’animation que dans l’écriture. Disney voulait proposer autre chose, c’est manqué.  

 

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RÉALISATEUR : Peter Sohn
NATIONALITÉ :  États-Unis
GENRE : Animation
AVEC : 
DURÉE : 1 h 42
DISTRIBUTEUR : The Walt Disney Company France
SORTIE LE 21 juin 2023