Mon inséparable : filmer le handicap avec justesse

Pour son premier long métrage, Anne-Sophie Bailly dépeint la vie des aidants à travers le portrait de Mona (Laure Calamy), une mère aussi attentionnée que fatiguée par toutes les années de prise en charge du handicap de son fils. Un film touchant mais qui s’éparpille dans sa deuxième partie, au risque de faire décrocher plus d’un spectateur.

Mona vit avec son fils trentenaire, Joël (Charles Peccia-Galletto), qui est « en retard ». Il travaille dans un établissement spécialisé, un ESAT, et aime passionnément sa collègue Océane (Julie Froger), elle aussi en situation de handicap. Alors que Mona ignore tout de cette relation, elle apprend qu’Océane est enceinte. La relation fusionnelle entre mère et fils vacille.

Anne-Sophie Bailly évite avec brio les clichés liés au handicap tout en dressant un portrait sincère des personnes touchées ainsi que de leurs aidants.

La véritable force du film repose sur le duo constitué par Laure Calamy et Charles Peccia-Galletto, mère et fils à l’écran, dont la relation d’amour inconditionnel ne fait que sublimer les moments de tension de plus en plus fréquents. Leur relation, semblable à des montagnes russes, trouve sa force dans les temps calmes : les regards, les moments de silence ne font qu’alourdir le poids d’un handicap qui force cette famille à vivre autrement. On apprécie donc d’autant plus les moments de liberté où Laure Calamy, dans l’œil d’Anne-Sophie Bailly, laisse libre court à une certaine folie qui n’est pas sans rappeler son personnage de Noémie dans la série Dix pour cent

La cinéaste, qui signe ici son premier film mais qui était à l’affiche du Procès du chien, de Laetitia Dosch, comme co-scénariste en septembre dernier, évite avec brio les clichés liés au handicap tout en dressant un portrait sincère des personnes touchées ainsi que de leurs aidants. Le secret de cette justesse ? Probablement la performance de Charles Peccia-Galletto, acteur en situation de handicap, pour le rôle de Joël. Le jeune comédien est par ailleurs pré-sélectionné pour le César de la meilleure révélation masculine, une première pour l’institution.

Malgré la qualité du casting, on peut déplorer un rythme qui s’essouffle dans la deuxième moitié du film, comme si le nombre de thématiques abordées (le handicap, la relation mère/fils, l’émancipation) devenait un frein à la justesse du propos. Dans les trente dernières minutes, les scènes sur la reconstruction et l’évolution de la relation entre Mona et Joël semblent davantage répondre à un cahier des charges qu’à une véritable volonté artistique : on y perd l’impact émotionnel du début, à l’exception peut-être de la scène finale, attendue mais pleine de sens.

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RÉALISATEUR : Anne-Sophie Bailly
NATIONALITÉ : France
GENRE : Drame
AVEC : Laure Calamy, Charles Peccia-Galletto, Julie Froger
DURÉE : 1h34
DISTRIBUTEUR : Les Films du Losange
SORTIE LE 25 décembre 2024