Touche pas à la femme blanche : le western a ses raisons

Pour le premier film diffusé au titre de sa carte blanche à l’Étrange Festival, l’écrivain Pierre Bordage a choisi un étrange western à la française : Touche pas à la femme blanche, de Marco Ferreri. Tourné dans le trou des Halles pendant la réalisation d’énormes travaux urbanistiques dans cet ancien marché populaire de Paris, le réalisateur de La grande bouffe propose un western parodique aux accents anachroniques à la limite de l’absurde, où un Michel Piccoli grotesque donne la réplique à une Catherine Deneuve hilarante et un Marcello Mastroianni ridicule. Un jeu de cowboy et d’Indiens, drôle pour son audace mais dont l’humour peut par moments devenir assez lourd.

Alors que le gouvernement des États-Unis prévoit une offensive finale contre la rébellion des tribus indiennes menées par Sitting Bull, l’offensive finale sera menée par le général Custer, à la tête de son 7ème régiment. Une parodie de l’historique bataille de Sitting Bull, défaite cuisante pour l’état-major américain.

Plus une excellente parodie qu’un bon western, Touche pas à la femme blanche réussit quand il se donne à cœur joie dans le ridicule et le jeu de rôle décomplexé, mais patine quand il reproduit trop littéralement les codes du genre et traîne dans ses dernières scènes de bataille fastidieuses.

Touche pas à la femme blanche est un étrange objet cinématographique, à la fois curieux et excentrique malgré son casting cinq étoiles. Reprenant à son compte tous les marronniers du western, Marco Ferreri s’amuse en les tournant chacun gentiment en dérision. Comme une grande partie de jeu de rôles à ciel ouvert, s’amusant à changer le terrain vague du trou des Halles en un terrain de jeu, Marco Ferreri joue aux cowboys et aux Indiens en laissant totalement visible tous les artifices du tournages, en conservant les équipements urbains des années 1970 complètement intacts ou encore en ne se privant pas de faire venir chevaux et indiens jusque dans les rues bondées de la foule parisienne du centre-ville.

Développant un humour parodique d’un des genres les plus connus du cinéma, quelque part assez proche de celui de Le cœur a ses raisons – quoique plus beauf que camp – Marco Ferreri réussit quand il joue pleinement la carte de la dérision, mais s’enlise quand il reprend plus littéralement les codes du western, comme les scènes avec les Indiens qui sont parfois plus fastidieuses que plaisantes. C’est quand il se vautre sans aucune hésitation dans le ridicule que Touche pas à la femme blanche est le mieux réussi, comme dans l’absurde romance entre Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni, ou dans l’hilarante imitation de Buffalo Bull par Michel Piccoli. On retiendra ainsi moins ses grands tableaux militaires que ses blagues potaches et ses costumes affriolants, d’un ridicule aussi drôle que gratuit.

Plus une excellente parodie qu’un bon western, Touche pas à la femme blanche réussit quand il se donne à cœur joie dans le ridicule et le jeu de rôle décomplexé, mais patine quand il reproduit trop littéralement les codes du genre et traîne dans ses dernières scènes de bataille fastidieuses. Malgré tout, Marco Ferreri réussit à produire un film assurément divertissant, à l’humour franc et efficace.

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RÉALISATEUR : Marco Ferreri
NATIONALITÉ : française
AVEC : Marcello Mastroianni, Catherine Deneuve, Michel Piccoli
GENRE : Comédie, Western
DURÉE : 1h48
DISTRIBUTEUR : 
SORTIE LE