Le grand réalisateur anglais Stephen Frears (Les Liaisons dangereuses, The Queen) poursuit sa filmographie éclectique, avec ce film insolite retraçant une partie de l’histoire de l’Angleterre, et racontant la recherche de la dépouille du roi Richard III. Avec une légère verve comique propre au cinéma britannique, le cinéaste explore le passé, à la découverte de la vérité historique, réhabilitant aussi ce monarque injustement oublié et considéré comme illégitime. The Lost King a pour origine les observations et le travail de Philippa Langley, qui va ainsi bâtir un projet archéologique pour retrouver les ossements du défunt roi. Ce n’est certainement pas le meilleur film de Stephen Frears, moins réussi que ses récentes productions comme Florence Foster Jenkins ou Philomena, mais cela a au moins le mérite de dépoussiérer le mythe Richard III, de rendre son honneur à ce souverain méprisé et moqué pour son apparence physique. L’intérêt de ce long-métrage réside aussi dans le fait que cette découverte soit le fruit de l’obstination d’une femme lambda et atypique.
Philippa Langley, passionnée par le roi Richard III, se lance dans un projet compliqué et pointu : celui de retrouver les restes du défunt. À l’aide de connaissances et d’archives, elle va participer à une découverte majeure.
Le titre, The Lost King, le roi perdu en français, résume à lui seul tout le contenu de ce film, cette quête acharnée pour retrouver une dépouille se trouvant sous terre depuis plus de 500 ans, et dont personne n’en savait la localisation. La ténacité de Philippa Langley (Sally Hawkins), passionnée d’histoire, va aboutir à un résultat qui restera dans les annales de l’archéologie anglaise.
Le film se laisse regarder avec plaisir, surtout grâce à son sujet assez original et cette femme d’origine modeste mettant tout en œuvre pour découvrir les restes et rendre justice à un roi à la mauvaise réputation. Le personnage incarné par Sally Hawkins diffère de la réelle Philippa, le scénario s’étant seulement inspiré de faits véridiques. Son caractère particulièrement atypique et en décalage participe au côté insolite de ce récit, et également à cette tendance burlesque qui agrémente le déroulement du film. Stephen Frears construit une œuvre légère, drôle, fantaisiste, un peu fantasque, dans laquelle nous entrons dans un autre univers et partageons la passion d’une personne obstinée, souhaitant ardemment arriver à son objectif. Le scénario évite peu les facilités, quelques faiblesses scénaristiques sont présentes, mais reste néanmoins documenté. Son écriture mêlant recherches historiques et aventure abracadabrante teintée de comique relève sensiblement le niveau, dans un film parfois inégal. Les rêveries fantasmagoriques d’une femme habitée par l’esprit du roi Richard III amusent, avec un cocktail simplement distractif et facétieux, sans plus.
Cependant, The Lost King éclaire sur l’existence de ce roi, l’un des plus célèbres, mais certainement des plus mésestimés. Bénéficiant d’une réputation malsaine, accusé d’infanticides, considéré comme monstrueux et vilipendé par les historiens spécialistes de la lignée des Tudors, ce roi de la dynastie Plantagenêt traîne une image bien peu reluisante, que Shakespeare a mise en scène à travers sa pièce Richard III. Les différentes adaptations cinématographiques de l’œuvre shakespearienne n’ont d’ailleurs pas permis de redorer le blason de ce défunt. Stephen Frears propose une véritable réhabilitation, un contrepoids historique en tordant le cou à des rumeurs que beaucoup d’universitaires contemporains trouvent infondées. Ceux qui se passionnent pour l’histoire des lignées royales anglaises se satisferont sans doute des interprétations évoquées ; d’autres, plus néophytes, découvriront un roi présenté comme humain et victime de l’oubli. Sans prendre la forme d’un documentaire, The Lost King informe, détaille, diffuse des éléments de compréhension accessibles au grand public, féru ou non d’histoire. Ludique, instructif, éducatif aussi, il expose une version bien plus brillante du mythe, rendant véritablement justice à un roi que l’histoire a maltraité, un roi certes difforme, mais cible de critiques agressives et injustes. The Lost King contribue à ce sentiment de justice réparatrice, efface le mépris et le dédain des historiens pour donner une image moins écornée, et ce avec une tonalité comique allant bien à l’encontre d’anciennes visions négatives inclues dans la culture populaire anglaise.
RÉALISATEUR : Stephen Frears NATIONALITÉ : britannique GENRE : comédie AVEC : Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd DURÉE : 1 h 49 DISTRIBUTEUR : Pathé SORTIE LE 29 mars 2023