She-Hulk : Avocate : le début de la fin des séries Marvel ?

Commencée avec la série WandaVision en 2021, la phase quatre du MCU alterne les films et les séries sur Disney +. Ces dernières ont pour but d’emmener les téléspectateurs vers de nouveaux horizons. On le voit notamment avec WandaVision, qui retrace l’histoire des sitcom américaines ou même les What If, où chaque épisode offre un déroulement inédit sur une situation connue du MCU. Après six films et huit séries, c’est au tour de She-Hulk d’atterrir sur la plateforme de Disney.

Pour She-Hulk, l’idée est simple. Marvel Studios propose aux téléspectateurs de suivre les débuts de Jennifer Walters, la cousine de Bruce Banner avec une série juridique comique et décalée. La série se veut donc originale et tente de casser les codes super-héroiques. On le voit dès l’introduction du premier épisode où Jennifer brise le quatrième mur pour parler directement aux téléspectateurs. Ce procédé a déjà été utilisé par la version de l’héroïne dans les années 80. Il était possible de la voir se plaindre auprès de l’auteur pour changer le cours de son histoire. Marvel Studios a donc décidé de prendre cette idée comme référence. Une nouvelle occasion de montrer que Marvel peut proposer quelque chose d’original. Encore faut-il réussir à le retranscrire à l’écran.

La showrunneuse Jessica Gao livre ici une série légère, décomplexée et surtout féministe. On nous raconte donc l’histoire d’une femme indépendante, devant gérer sa vie professionnelle d’avocate, mais aussi l’arrivée inattendue des super-pouvoirs de son cousin Bruce « Hulk » Banner. On suivra donc au fil des épisodes sa carrière d’avocate, sa nouvelle vie d’héroïne et sa vie sentimentale. Car il est important de savoir si She-Hulk va trouver l’homme qui lui convient. En tout cas, c’est ce qui semble être important dans cette série.

La série se considère comme une comédie juridique, mais ne réussit dans aucune de ses deux catégories. Les effets spéciaux sont mauvais et l’histoire est quasiment inexistante.

On comprends l’envie de vouloir faire différent que ce qui est déjà proposé depuis plus de 10 ans. Le ras-le-bol super-héroïque est déjà présent depuis un certain temps. Si l’idée est intéressante, le rendu final fait peine à voir. On le constate plus particulièrement avec le traitement du personnage de l’Abomination. Passer d’un psychopathe à un hippie gourou au grand coeur rend le tout très difficile à regarder, mais aussi avec le personnage de Titania, qui passe d’une super-vilaine ayant une force exceptionnelle, mais qui est aussi émotionnellement instable et souffrant de tendances obsessionnelles, à une influenceuse mode et beauté vénale.

Tous ces traitements de personnages ne rendent pas hommage à l’œuvre originelle. Rien de ce qui se passe dans la série n’a d’importance, ne dégage aucun suspense, aucune tension, rien ne change dans la vie des protagonistes. Il existe un très léger fil rouge qui occupe quelques minutes à la fin de quelques épisodes pour atteindre une résolution dans le dernier et finalement se faire désamorcer de façon pittoresque.

L’un des rares points positifs que l’on pourrait accorder à cette série, réside dans la banalisation des super-héros. On le constate avec les épisodes mettant au premier plan le côté juridique de la série. Les showrunners se seraient concentrés sur cet aspect, le niveau de la série aurait été bien meilleur. Malheureusement, le spectateur a droit à la place de développements juridiques à un épisode entier où She-Hulk s’inscrit sur Tinder. C’est dommage de penser que les gens, et pour le coup plus particulièrement les femmes, se voient offrir ce type de banalités en regardant ce genre de série. Certes, on ne demande pas forcément une série à suspense amenant à un gros climax dans le dernier épisode, mais l’aspect juridique contenait des potentialités plus intéressantes (dans ce registre mais dans un ton différent, voyez Better Call Saul).

Tout cela pour amener au dernier épisode qui, en soi, est juste une farce. Toutes les « intrigues » se regroupent sans réelle justification pour former un fourre-tout brouillon. She-Hulk utilise alors sa capacité à briser le quatrième mur pour aller parler aux scénaristes. Encore une fois, sur le papier, cette idée est intéressante. Mais le résultat s’avère médiocre. Tout ce qui ne marche pas dans la série se justifie via une pirouette scénaristique piquée à South Park (ce qui incite à aller voir le dyptique Cartoon Wars). Ils se permettent même une blague sur le coût des effets spéciaux pour faire apparaître She-Hulk à l’écran. C’est quelque peu mal venu, surtout qu’en ce moment même, les studios d’animation dénoncent Disney et Marvel pour mauvaises conditions de travail et rémunérations limitées.

Au final que retenir de cette série ? Eh bien, rien, la série se considère comme une comédie juridique, mais ne réussit dans aucune de ses deux catégories. Les effets spéciaux sont mauvais, comme expliqué plus haut et l’histoire est quasiment inexistante. Ce n’est donc pas non plus cette fois que Marvel réussira à toucher de nouveau le succès avec une de ses séries. Regardez plutôt Werewolf By Night qui est un one-shot Marvel qui propose vraiment quelque chose de différent.

1.5

SHOWRUNNEUSE :  Jessica Gao
NATIONALITÉ : Américaine
AVEC : Tatiana Maslany, Josh Segarra, Tim Roth, Jameela Jamil, Mark Ruffalo
GENRE : Comédie, Fantastique, Action, Judiciaire
DURÉE : 9x30 min
DISTRIBUTEUR :  Disney +
SORTIE LE 18 août 2022