Reims Polar 2023 : entre braquages et usurpations

Ce jeudi 6 avril , le Festival proposait une belle place à des classiques du polar, restaurés, procurant aux spectateurs le plaisir de pouvoir découvrir ou redécouvrir ces œuvres, dans une salle confortable. Le cinéaste britannique Peter Yates ouvrait cette journée de fort belle manière avec Trois milliards d’un coup , une histoire de braqueurs expérimentés s’attaquant à un convoi contenant plusieurs millions de Livres . Un récit de casse à la mécanique précise, racontant avec minutie toute l’organisation et l’exécution de ce coup incroyable. Entre sens de l’action, du rythme, et une mise très calibrée, Peter Yates produit un polar fort bien ouvragé, formidablement construit, avec un suspens constant et une tension allant crescendo jusqu’au dénouement final . Ce Trois milliards d’un coup se positionne comme étant l’un des meilleurs films de braquage, et comporte une scène restant dans les esprits, celle d’une course-poursuite remarquablement réalisée faisant inévitablement penser à celle, encore plus mémorable, de Bullitt du même réalisateur. En fin de journée, les nerfs furent mis à rude épreuve, avec la projection de Arlington Road, de Mark Pellington . Réunissant deux formidables acteurs, Jeff Bridges et Tim Robbins, ce film offre un face-à-face tendu, oppressant, entre deux voisins dont l’un va se révéler être un usurpateur et un terroriste. Méfiez-vous des apparences ! Voici le message émis par ce long-métrage angoissant jouant sur la peur, l’insécurité, la paranoïa. En reprenant fidèlement les codes du thriller des années 1990, Mark Pellington nous enferme dans un terrible piège, une spirale infernale dont les portes se referment progressivement, nous laissant sans le moindre souffle à la fin. Bien emmené, ce polar au scénario diabolique réserve un dénouement imprévisible dont on ne sort pas indemne.


A Man, de Kei Ishikawa, reprenait également ce thème de l’usurpation. Projeté dans la section Sang Neuf, ce film japonais, très classique et contenant des longueurs, permet néanmoins de se questionner sur l’utilité de notre existence, notre présent, et la volonté de nettoyer un passé douloureux. A travers le parcours de l’usurpateur, le cinéaste explique les raisons expliquant la décision de faire table rase des événements passés, de débuter une nouvelle vie, loin des soucis, avec une nouvelle identité. L’œuvre montre à quel point un passif tempétueux peut provoquer des ravages sur le psychisme et tout chambouler. Tout ne s’efface pas. Ce que l’on voit, fait, dit trouve toujours une résonance dans le futur. Ce passé que l’on tente de fuir nous rattrape souvent. Voilà ce que décrit ce film traitant de la quête d’identité et de la traque d’un usurpateur cherchant simplement à vivre, connaître le bonheur, loin des souvenirs violents et traumatiques.