Pinocchio : la paresse de Disney

Pinocchio est en vogue en ce moment sur les plateformes de streaming. Alors qu’un film est déjà sorti sur Amazon Prime en 2019 (réalisé par Matteo Garrone et avec Roberto Benigni dans le rôle de Geppetto), Disney propose, depuis le 8 septembre, son remake live sur Disney + et Netflix sortira la version de Guillermo del Toro et Mark Gustafson en stop-motion le 9 décembre prochain.

Nouveau venu dans le récent leitmotiv de Disney, à savoir faire des remakes live-action de ses plus grands succès passés, Pinocchio est réalisé par Robert Zemeckis (Retour vers le futur, Forrest Gump, Qui veut la peau de Roger Rabbit…), qui a déjà eu l’occasion par le passé de faire des films adaptés d’œuvres pour les enfants (Le Pôle express notamment) et était donc un choix logique pour reprendre le conte de Carlo Collodi. C’était sans compter l’industrie Disney, qui, d’un côté, veut une redite fidèle du dessin animé et de l’autre, veut prendre des libertés parfois peu cohérentes.

Tout le monde connaît l’histoire de Pinocchio. Enfin, tout le monde connaît la version Disney de cette histoire. Ça tombe bien, ici la version de 2022 ressemble beaucoup trop à l’original. C’est d’autant plus flagrant que certains plans sont copiés-collés d’une version à l’autre, surtout dans le premier tiers. Il existe tout de même quelques scènes en plus et des modifications par-ci et là, mais celle-ci ne sont pas assez présentes pour se transformer véritablement en point positif. La version de 2022 se permet par ailleurs de modifier complètement la donne lors de certaines séquences. La partie dans le cirque ambulant se retrouve rallongée grâce au personnage de Fabiana, qui rajoute un parallèle avec Pinocchio sympathique, mais peu exploité.

Toujours dans les changements, les plus marquants concernent l’île enchantée, transformée en île des plaisirs dans cette version. C’était auparavant un véritable paradis pour les enfants où tout était possible (casser des meubles, fumer des cigares, boire à volonté…). Pinocchio s’en donnait à cœur joie à être un vilain garçon. Ici c’est tout l’inverse. Pinocchio n’est pas partant dès le départ à profiter de ce que l’île offre. Toute cette séquence avait quelque chose d’effrayant pour l’époque, surtout d’un point de vue d’un enfant, notamment avec le sort réservé aux enfants de l’île. Même la séquence où Lampwick se transforme en âne ne fonctionne pas dans ce remake, le film ne dégage pas d’émotions, on n’arrive pas à ressentir de l’empathie pour ces personnages et c’est dommage. Tous ces changements de scénario influent sur le film et sa morale finale et c’est visible directement avec le personnage de Jiminy Cricket, qui servait justement de repère moral à Pinocchio, mais ici se retrouve juste à subir ce qui lui arrive.

Côté mise en scène, Zemeckis fait le minimum en suivant les directives de Disney. Certains passages sont visuellement sympathiques à voir, notamment sur l’île des plaisirs, ou encore chez Geppetto au début du film, mais l’ensemble reste très carré et on ne sort pas trop du sentier déjà tracé. Les costumes et les décors représentent aussi un bon point. Ce qui dérange le plus sont en fait les effets spéciaux numériques. On voit directement que le film, prévu pour une sortie sur Disney + dès le départ, n’a pas bénéficié d’un énorme budget. Cela se voit notamment dans les arrière-plans, sur toute la séquence avec Monstro (qui a un design horrible, précisons-le) et aussi quand Geppetto prend en main Pinocchio. On ne croit pas à un seul instant qu’il tient réellement quelque chose.

En parlant de Geppetto, parlons du casting. Tom Hanks s’implique dans le rôle et cela se remarque. Il fait du mieux qu’il peut pour rendre crédible ce rôle. C’est regrettable que Disney ait décidé de tout simplement ne pas mettre de VF pour lui et de garder uniquement la VFQ, un choix bien étrange… Pour les autres acteurs l’ensemble du casting s’en sort plutôt bien. Cynthia Eviro en fée bleue et Luke Evans en cocher sortent eux aussi un peu du lot. C’est juste dommage que la fée bleue soit complètement sous-exploitée comparé au dessin animé original.

C’est donc un film en demi-teinte que nous propose encore Disney pour ces remakes en live-action. Ce film dispose autant de qualités que de défauts. Certains changements dans le scénario n’ont pas de sens, alors que certains ajouts auraient mérités d’être plus développés. Bref, pour résumer, aussitôt vu, aussitôt oublié.

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RÉALISATEUR :  Robert Zemeckis
NATIONALITÉ : Américaine
AVEC : Tom Hanks, Benjamin Evan, Cynthia Eviro, Luke Evans
GENRE : Fantastique
DURÉE : 1H50
DISTRIBUTEUR : Disney +
SORTIE LE 8 septembre 2022