Le Rêve de Daisy : ne jamais renoncer

Cette suite de L’Arbre à vœux revient dans les contrées de la Cité Sanctuaire, lieu où vivent différentes espèces animales, en toute harmonie et en parfaite symbiose. Alors que le premier épisode possède un message dramatique, l’extinction des animaux, celui-ci diffère nettement, devenant bien plus amusant, enfantin, moins intellectuel, élargissant ainsi son audience. Les concepteurs de ce film d’animation misent sur le divertissement et une série de péripéties aventureuses, dans lesquelles Daisy affiche son courage et son caractère téméraire. Bien que Le Rêve de Daisy contienne moins de tristesse et de désappointement, il met en avant une philosophie optimiste, celle de ne jamais renoncer, croire en ses forces, ses capacités, se surpasser physiquement pour atteindre un but, pour ainsi ne plus caresser son rêve et pouvoir le réaliser.

La Cité Sanctuaire organise la Coupe du Monde de la Peur. Des animaux féroces vont se battre. Daisy, une jeune quokka, n’a qu’une obsession : gagner ces jeux.

En plus de s’amuser devant les mouvements dynamiques d’un animal surexcité par une soif de vaincre et de franchir les limites, on en apprend aussi beaucoup sur le dépassement de soi. L’évidence d’un parallèle avec la nature humaine se dessine, au fur et à mesure que le quokka participe à ces épreuves où règne la peur.

Cette émotion très négative, s’accompagnant d’angoisse ou de phobies, est sans doute la clef de voûte de ce film qui l’utilise pour délivrer une morale enthousiaste. Ne pas renoncer, telle est la phrase se glissant dans ce message délibérément positif et dénué de craintes, comme un slogan philosophique incitant au dépassement physique et à l’augmentation de la force mentale. En participant à cette Coupe du Monde de la Peur, Daisy, petite et frêle, se mesure aux grands animaux, plus effrayants et taillés pour les performances sportives. Cependant, ce qu’exprime ce film signifie que l’on peut être petit par la taille et grand par le talent, avec cette Daisy se surpassant et se positionnant au-dessus d’autres espèces, comme les crocodiles. L’apparence ne suffit pas, seul le courage compte. Le quokka en est la preuve, utilisant sa vaillance pour vaincre, se qualifier, bravant la lave et le feu, dans des luttes relevant presque de l’impossible, nécessitant une certaine robustesse. En faisant évoluer son personnage dans un univers sportif ressemblant à une suite d’aventures un peu casse-cou, Ricard Cussó développe cette intention partagée par beaucoup d’entre nous, celle d’y croire et de ne pas abandonner. Derrière ce spectacle pour enfants, se trouve un sujet sous-jacent pouvant être mis en comparaison avec notre propre nature. Dans n’importe quelle situation, il faut toujours puiser dans nos ressources pour y arriver. Ici, Daisy se confronte à la peur, n’hésitant pas à l’affronter courageusement et à rivaliser avec des adversaires en théorie plus coriaces et forts. Usant d’astuce et d’une jugeote extraordinaire, l’animal se hisse à leur niveau, comme quoi le mental devient un atout essentiel comblant les lacunes physiques. Ainsi, ce qu’elle réalise défie toutes les lois, prouve également qu’il existe au fond de nos êtres des moyens insoupçonnés, une possibilité d’affirmation de soi et de confiance.

Daisy ne renonce pas. En décrivant un animal dominé par une rage de réussir, Le Rêve de Daisy explique qu’il ne s’agit plus de fantasmer les rêveries, mais de tout mettre en œuvre pour les atteindre complétement, une chose complexe, mais pas infaisable.

Nous savons tous à quel point les rêves expriment tant de choses, surtout une volonté d’évasion, aussi de s’attaquer à un défi existentiel. Le Rêve de Daisy traite de cette envie de participer à un événement, et ainsi de surmonter les peurs. Cette Coupe du Monde se change en solution pour accéder à ce rêve tant voulu et désiré, devenir une championne parmi les animaux les plus terribles, représenter fièrement la Cité Sanctuaire avec une possible victoire. Attachant et toujours esthétique, ce long-métrage d’animation se démarque notablement, rivalise honnêtement avec les autres productions, grâce à son scénario légèrement intellectuel créant des réflexions. Comme dans L’Arbre à vœux, nous sommes face à une sorte de parallélisme, d’une confrontation permanente avec le réel, passant de la disparition inéluctable des espèces à la représentation d’un genre humain affaibli ou galvanisé par une récurrente envie de combattre les démons intérieurs ou d’afficher une supériorité. Ricard Cussó parle des rivalités sportives, d’un esprit de compétition où le chacun pour soi règne, sans altruisme, avec le fait de se sentir supérieur. Cependant, dans cette course à la récompense dégoulinante d’égoïsme, avec des participants obsédés par la réussite, Daisy sort du lot, avec son tempérament altruiste, se souciant alors de son entraîneur souhaitant retrouver sa fille. Avec cette touche émotionnelle, Le Rêve de Daisy se destine à toutes les classes d’âge, ce mélange enfantin réussissant à séduire grâce à son aspect humain et éducatif, pouvant aider à inculquer des notions fondamentales chez les enfants, comme le respect, la croyance en soi, l’humilité. Alors que la réalisation des souhaits les plus profonds devient souvent ardue pour de multiples raisons, le film tend à nous faire croire que tout reste possible, qu’il existe toujours de fortes probabilités que les rêves deviennent des réalités. L’œuvre complète le premier épisode, les deux films prenant la forme d’un conte instructif racontant des vérités, parfois difficiles à entendre (surtout dans L’Arbre à vœux). Ici, certains pourront critiquer une morale bien trop positive dans la société actuelle, mais le film résume la phrase suivante : qui ne tente rien n’a rien.

 

4

RÉALISATEUR : Ricard Cussó
NATIONALITÉ :  Australie
GENRE : 
AVEC : 
DURÉE : 1 h 28
DISTRIBUTEUR : Alba Films
SORTIE LE 30 août 2023