For The Sake Of Peace : l’espoir de l’unité

Dans un camp de déplacés de Juba, au Soudan du Sud, un jeune homme arbitre un match de football. Grand et élancé, il suit attentivement les actions, soucieux de faire respecter les 17 règles du sport. Dans ce pays en proie à une importante crise humanitaire, la violence est devenue la norme, entretenue par une précarité dévastatrice et une impuissance politique. Au milieu de ces divisions communautaristes, ce match prend tout son sens : les règles peuvent apaiser les tensions et redonner du sens au vivre ensemble. Avec For The Sake of Peace, les cinéastes Christophe Castagne et Thomas Samentin captent le mirage d’un espoir d’unité.

Le Soudan du Sud soufflait l’année dernière sa dixième bougie. Dénombrant pas moins de 350 000 personnes tuées depuis sa création en 2011, le jeune plus jeune État au monde baigne dans le sang. Miné par les conflits et fractures internes, le gouvernement, lui-même divisé, peine à trouver une réponse adaptée à la situation, quelque part anarchique. Si la paix paraît lointaine, elle n’en reste pas moins un idéal pour de nombreux Sud-soudanais. Dans le documentaire, on découvre le combat de Nandege, une jeune mère, qui souhaite mettre fin aux hostilités entre deux communautés, opposées dans un litige sans fin. C’est aussi la démarche de Gatjang, un arbitre qui souhaite transmettre une culture de la paix aux enfants et aux jeunes tribus. Le terrain de foot devient un rare lieu de respect et de tolérance. Une manière de rompre l’engrenage de la violence.

Avec For The Sake of Peace, les cinéastes Christophe Castagne et Thomas Samentin captent le mirage d’un espoir d’unité

Produit par l’acteur américain Forest Whitaker – qui apparaît en filigrane, For the Sake of Peace est un documentaire à hauteur d’homme. Un portrait croisé bienveillant où, sans verser dans l’outrance ou la curiosité morbide, on rencontre les acteurs du changement. Un processus long et parfois frustrant, mais nécessaire. Dans ce jeune pays, les chantiers sont nombreux et de taille : la place de la femme dans la société, la création de nouvelles infrastructures, mettre fin aux mouvements de population en rétablissant l’État de droit. Le sentiment qui domine, c’est celui de l’abandon. Comme de nombreux autres propriétaires, Gatjang a été exproprié de ses biens. Il a toutefois conservé l’essentiel, sa vie, lui qui a perdu tant des siens. Dépossédé, réduit à vivre dans un camp où la précarité guette, il n’en reste pas moins résilient. Un trait que partage Nandege, une jeune mère qui souhaite léguer un meilleur monde à sa fille. Son combat semble pourtant perdu d’avance : même les routes, usées et terreuses, éloignent la médiatrice de son objectif de paix.

Loin des conflits sanglants, on entend à la radio une autre négociation se jouer en Europe, celle du Brexit, qui échoue une fois de plus. Le temps d’un voyage en Suisse, l’ambiance change radicalement : la bureaucratie entend les récits et les appels de la médiatrice, appuyée par Forest Whitaker (à l’origine de WPDI, une ONG). Ce que l’on retient de ces deux parcours, c’est avant tout l’engagement de ces hommes et de ces femmes engagées dans un travail de fourmis, avec comme horizon un monde plus juste. Si le documentaire manque légèrement de force, la faute à une tendance à la simplification des enjeux et une bonne volonté légèrement piégeuse, le film du duo Christophe Castagne et Thomas Samentin n’en reste pas moins touchant et humain.

3.5

RÉALISATEUR :  Christophe CASTAGNE, Thomas SAMETIN
NATIONALITÉ : Etats-Unis, France 
GENRE : Documentaire
DURÉE : 1h34
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