Fast X : une course bien assourdissante

La bande de Dominic Toretto revient, encore plus bruyante que jamais, prête à faire crisser les pneus des Lamborghini et autres bolides. Ceintures bouclées, moteur flambant neuf, voitures rutilantes… partez pour une course automobile à travers le monde ! Déjà aux commandes de Fast and Furious 10, Louis Leterrier récidive avec un déluge d’actions interminables et un scénario fidèle à la saga, avec ces voitures volantes défiant les lois de la gravité. Fast X rivalise avec les précédents opus, dans l’improbable ou le ridicule, de quoi nous retourner le cerveau avec ces cascades impossibles, une écriture absente, et un concept usé jusqu’à la moelle. Si le réalisateur français gère bien les scènes, le film en rajoute trop dans la surenchère de tôles cassées et d’explosions en tous genres. Fast X s’éloigne de l’esprit initial de la saga, commencée en 2001, tout cela pour nous servir un spectacle indigeste et décérébré.

Dominic Toretto, Han, et les autres membres affrontent cette fois-ci Dante Reyes, dont l’objectif est de venger la mort de son père, Hernan.

Une fois n’est pas coutume, le scénario nous embarque dans des aventures abracadabrantesques, franchissement allégrement les limites du mauvais divertissement, proposant une avalanche d’actions survitaminées et assourdissantes, avec un scénario tenant sur une ligne. Le concept s’essouffle depuis plusieurs années, et Louis Leterrier achève d’enterrer une saga purement commerciale. Trop rapide, dangereux, Fast X s’enlise dans un aspect informe, indéfinissable, dont le seul but est d’en mettre plein les yeux… Et les oreilles !

Peut-être faudrait-il redéfinir le genre du film d’action ? Fast X pose inévitablement la question, tant la franchise culte propose ici un vide abyssal, avec la profusion de séquences spectaculaires cachant grandement la grande pauvreté scénaristique. Les amateurs inconditionnels de Dominic Toretto et sa bande s’amuseront à voir leurs personnages évoluer dans des situations irréalistes. Tout n’est qu’effets spéciaux à outrance, incessants ballets de voitures vrombissantes, motos pétaradantes poursuivant une grosse boule noire métallique dans les rues de Rome, ou bien d’autres cascades aberrantes. Les scénaristes, dont l’imagination questionne également, usent le filon et n’écrivent rien de guère passionnant, en reprenant bien fidèlement les schémas d’autres volets, avec ce récit de vengeance. Louis Leterrier noie son film dans une succession d’envolées mécaniques, frisant irrémédiablement l’indigestion, laissant peu de place aux scènes intimes, bien rares et souvent peu efficaces. La psychologie s’efface face à un trop-plein d’action. Certes, le contrat semble rempli, vu le niveau actuel de la saga, avec des codes faisant encore recette, et qui conduira certainement Fast X vers un succès mondial. Si le premier épisode, dirigé par Rob Cohen, réinventait ce genre cinématographique, autant dire que celui-ci se situe aux antipodes en termes de qualité. Après dix films, plus Fast and Furious : Hobbs and Shaw, Fast X n’a strictement plus rien à dire, fait du recyclage, se contente de briller dans un ridicule assumé.

Techniquement, Louis Leterrier produit ce qu’on lui demande. S’il ne possède pas la maestria de Michael Bay pour gérer l’action, sa mise en scène, non-épileptique, en met plein la vue, sûrement trop. Le cinéaste rend une copie technique propre, avec de nombreuses cascades bien effectuées, mais deux heures d’énergies douloureusement frénétiques lessivent finalement. Jason Momoa campe Dante Reyes, un méchant absolument peu charismatique reflétant assurément l’écriture indigente se contentant du strict minimum. L’interprète de Khal Drogo dans Game Of Thrones, ne se met pas forcément en valeur, pire son personnage en finit de ridiculiser un opus tombant bien à plat. Les autres interprètes n’ont pas la moindre occasion de faire parler leurs talents, Brie Larson et Charlize Theron notamment, excellentes au demeurant, mais bénéficiant de bien courtes apparitions. Que dire de plus dans ce qui ressemble à un marasme sur grand écran? Louis Leterrier ne tire pas son épingle du jeu, malgré ses compétences aperçues dans L’Incroyable Hulk ou Le Choc des titans, obéit à des exigences ne lui convenant que peu. Pour le reste, peu de choses à retenir, sinon l’impression de voir ce concept couler dans les profondeurs. La dernière course ? Espérons le !

0.5

RÉALISATEUR :   Louis Leterrier
NATIONALITÉ : Etats-Unis
GENRE :  Action
AVEC : Vin Diesel, Jason Momoa, Helen Mirren, Michelle Rodriguez, Charlize Theron, John Cena, Jason Statham.
DURÉE : 2 h 20
DISTRIBUTEUR : Universal Pictures International France
SORTIE LE 17 mai 2023