On reprend ce qui avait fait le succès du premier volet de la trilogie, 28 jours plus tard (2002), avec Danny Boyle à la barre de réalisateur et Alex Garland – qui a aussi collaboré avec l’auteur anglais pour La Plage (2000) et Sunshine (2007) – à l’écriture du scénario. Et ça va tout de suite beaucoup mieux. Comme le titre l’indique, nous nous situons 28 ans après le début de l’épidémie dans un petit village retranché d’Angleterre, tel un fort de l’ancien Moyen-Age, où chacun exerce un métier utile à la petite communauté. Le petit village, situé sur une île, est relié par une digue au continent et c’est au petit matin que Jamie réveille son jeune fils de 12 ans Spike pour l’emmener pour la première fois sur celui-ci afin de lui apprendre à chasser les infectés. Il en est parmi eux des rampe-lents, qui se déplacent lentement – en rampant donc – et peu dangereux, mais il y a aussi les mâles alpha, rapides et qui chassent en bandes, extrêmement redoutés.
C’est donc à une quête initiatique que nous assistons du jeune Spike, fêté à son retour comme un héros. Même si au cours de son aventure celui-ci devra apprendre que son père ment, par fabulation mais aussi pour cacher la vérité à son fils à propos d’un certain médecin, le docteur Kelson, qui vivrait encore sur le continent alors qu’au village on n’a pas de médecin. Or, la mère de Spike est extrêmement malade et se plaint de fortes migraines. Muni de cette information, Spike décide d’emmener sa mère sur le continent afin de lui faire rencontrer le docteur en espérant qu’il puisse la guérir. Le récit, comme le parcours des deux protagonistes, est jalonné par des épreuves, semé d’embûches, et le jeune Spike fait preuve de courage et de ténacité. Le rythme est savamment orchestré – s’accordant même une petite pause champêtre au milieu du tumulte des évènements – et notre héros s’en sort souvent de justesse, grâce à l’intervention d’un tiers, que ce soit le jeune soldat suédois ou le fameux docteur.
Mais le film inverse les codes du survival classique en faisant du périple de Spike et de sa mère un cheminement vers la mort autant qu’un récit de libération par rapport au père.
Rythme accéléré des images, champ contre-champ montrant les infectés à la poursuite des humains, voraces et avides de chair humaine, monstrueux et putrescents, montage saccadé et musique stressante, le film use de tous ses atouts pour nous rendre les scènes d’action passionnantes – et effrayantes – et le spectateur haletant. C’est une guerre civile de l’humanité contre elle-même, si tant est que l’on puisse considérer les infectés comme étant encore des êtres humains. Car le docteur Kelson lui ne fait pas de différence dans le cimetière monumental qu’il a édifié entre les deux catégories, et un bébé normal peut même naître d’une mère infectée. Autant dire que la frontière qui sépare les uns des autres est remise en question. Cependant, comme il s’agit d’une question de survie, les belligérants ne se posent pas de question et l’on se doit de tuer l’autre si l’on ne veut pas mourir.
Mais le film inverse les codes du survival classique en faisant du périple de Spike et de sa mère un cheminement vers la mort autant qu’un récit de libération du pouvoir par rapport à la masculinité toxique de son père. Un double récit donc, nous emmenant sur deux voies parallèles l’une à l’autre qui fait la part belle au sentiment d’amour réciproque qui unit une mère et son fils. Le jeune Alfie Williams qui endosse le rôle de Spike est tout simplement extraordinaire dans cette aventure qui nous mène aux frontières de la mort, en territoire d’où le danger peut survenir à chaque instant comme ne manquent pas de nous le rappeler les évènements. Le film est brillamment réalisé et l’histoire contée par le scénario pousse à la réflexion. Du grand spectacle intelligent et un travail soigné. A voir sur grand écran absolument.
RÉALISATEUR : Danny Boyle NATIONALITÉ : Grande-Bretagne GENRE : Horreur, Thriller AVEC : Aaron Taylor-Johnson, Jodie Comer, Alfie Williams, Ralph Fiennes DURÉE : 1h55 DISTRIBUTEUR : Sony Pictures Releasing France SORTIE LE 18 juin 2025