Pas un mot : le poids de l’incommunicabilité

La réalisatrice slovéno-allemande Hanna Slak s’interroge sur le manque de communication entre une mère et son fils dans un drame familial où les relations sont mises à mal par le silence et la nervosité. Pas un mot est presque un huis clos entre deux personnes oscillant entre réconciliation et sentiment de rupture. Dans une nature éloignée de tout, le lien risque de se briser à jamais.

Nina mène une vie structurée, poursuivant une brillante carrière de cheffe d’orchestre à Munich. Lorsque son fils adolescent, Lars, est victime d’un étrange accident à l’école, elle décide de l’emmener dans leur maison de vacances sur la côte atlantique, dans l’espoir de le comprendre et de retisser un lien. Dans cette nature sauvage en plein hiver, leur relation déjà fragile est poussée dans ses retranchements.

Pas un mot aurait pu plaire à Ingmar Bergman, tant l’incommunicabilité et les non-dits détruisent la relation mère-fils.

Nina, cheffe d’orchestre réputée à Munich, est en pleine répétition d’un concert. Baguette à la main, elle dirige ses musiciens avec brio. Son fils, Lars, lycéen taciturne, fait parler de lui en tombant d’une fenêtre de son lycée, un soi-disant accident qui ressemble à une tentative de suicide. Hanna Slak dresse rapidement le portrait fragile de deux personnages à la communication rompue, marquée par les accès de colère d’un jeune homme cachant rancœurs et secrets. Nina décide d’emmener son garçon loin de la ville, dans une nature propice à l’apaisement. Là-bas, les langues se délient, tout finit par se dire, et le récit développe une relation d’abord toxique, mêlée d’incompréhension. Hanna Slak tisse son drame avec peu de mots, surtout à travers des regards vifs ou des attitudes de défiance. La cinéaste filme un spectacle dramatique, dans une maison située non loin d’une baie, où le silence finit par disparaître au profit d’une consolidation de la relation.

Si l’intention du film est de dépeindre une crise relationnelle bien ancrée, le récit reste cependant trop incomplet pour susciter un intérêt plus prononcé.

La courte durée du film (environ 1h20) ne suffit clairement pas à explorer la nature profonde de la relation entre cette mère et son fils, dont les fondements sont probablement enfouis dans le passé. La cinéaste expédie son sujet en le balayant d’un revers de main, sans expliciter la profondeur des ressentiments. Ainsi, le jeune Lars est simplement décrit comme un adolescent rebelle, qui semble prendre plaisir à jouer avec le feu, face à une Nina dépassée, ne sachant que dire. Surtout, la dernière partie montre un enfant devenu doux comme un agneau, après avoir révélé son mal-être et s’être défoulé sur une personne trisomique, la fille d’une gérante de station-service. Dès lors, la puissance du sujet s’estompe et laisse place à une banale querelle sur fond de dysfonctionnements familiaux, un thème déjà largement exploré. La cinéaste filme de longs moments silencieux, dont on attend qu’il en ressorte quelque chose d’émouvant, mais tout cela reste stérile en émotions. À part filmer la mer et les vagues qui frappent les rochers, Hanna Slak produit un film qui semble copier quelque peu le style d’Ingmar Bergman, sans y ajouter de réelle substance.

2.5

RÉALISATRICE : Hanna Slak
NATIONALITÉ :  Allemagne, Slovénie, France
GENRE : Drame
AVEC : Maren Eggert, Jona Levin Nicolai
DURÉE : 1H20
DISTRIBUTEUR : Eurozoom
SORTIE LE 9 octobre 2024