L’Académie des Oscars a choisi cette nuit de se donner un coup de jouvence. Plus de films académiques, prévisibles et sans surprises (Le Discours d’un roi, Miss Daisy et son chauffeur, voire Green Book). Non, l’Académie a choisi de manière risquée, pour une fois, de se connecter à la jeunesse, en célébrant un film déjà culte parmi la génération des 15-30 ans, Everything everywhere all at once, qui possède le plus d’idées originales de scénario et de mise en scène. Sept Oscars (meilleur film, meilleurs metteurs en scène, meilleure actrice, meilleur second rôle masculin, meilleur second rôle féminin, meilleur scénario original, meilleur montage) viennent donc couronner le film impertinent et choc des Daniels, à la fois comédie, film d’action, de science-fiction et de kung-fu, un mélange détonant qui n’a absolument pas le profil habituel des films à Oscars. Par conséquent, une surprise rafraîchissante et jubilatoire.
Certes, sept Oscars, cela fait peut-être beaucoup et certains auraient bien vu Steven Spielberg sauver les meubles en remportant l’Oscar du meilleur metteur en scène ou Cate Blanchett réussir à préserver son statut d’ultra-favorite face à la tornade Michelle Yeoh. Mais ni Steven ni Cate ne pouvaient endiguer l’ouragan. The Fabelmans et Tár font donc partie des grands oubliés des Oscars cette année, tout comme Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh. Car les membres de l’Académie ont décidé non seulement de se connecter à la jeunesse (les Daniels n’ont que 35 ans), mais aussi à la diversité (en récompensant pour la troisième fois en quatre ans, après Bong Joon-ho et Chloe Zhao, un metteur en scène d’origine asiatique, Daniel Kwan, moitié du tandem des Daniels qu’il forme avec son compère Daniel Scheinert).
Deux autres films tirent seulement leur épingle du jeu : A l’Ouest rien de nouveau d’Edward Berger (quatre oscars dont celui du meilleur film international) qui permet à Netflix de prendre une place de choix au palmarès, à défaut de remporter l’Oscar du meilleur film qui lui échappe toujours ; The Whale de Darren Aronofsky qui réussit encore une fois dans sa carrière mouvementée à renaître des cendres de Mother!, en faisant remporter deux Oscars à ses collaborateurs, meilleur acteur pour Brendan Fraser, et meilleurs maquillage et coiffure pour Anne Marie Bradley, Judy Chin et Adrien Morot .
Pour le reste, les autres films n’ont obtenu que des miettes. L’Oscar décerné à Sarah Polley du meilleur scénario adapté pour Women talking, confirme le caractère engagé et féministe de la cérémonie. Les blockbusters n’ont reçu que des Oscars techniques : Top Gun Maverick (meilleur son), Avatar : la voie de l’eau (meilleurs effets spéciaux), Black Panther Wakanda Forever (meilleurs costumes). On se réjouira de l’Oscar du meilleur film d’animation décerné à Pinocchio de Guillermo Del Toro ; on regrettera que Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras n’ait pas décroché l’Oscar du meilleur documentaire. L’Oscar de la meilleure chanson originale a vu un duel à distance entre Lady Gaga (Hold my hand de Top Gun Maverick) et Rihanna (Lift me up de Black Panther Wakanda Forever). L’Académie ne voulant pas trancher entre les deux superstars de la musique, a finalement récompensé Naatu Naatu de Rahul Sipligunj et Kaala Bhairava pour le film indien RRR.
Par conséquent, l’Académie a fait le pari de renouer avec la jeunesse et le lustre des cérémonies d’antan (d’avant la pandémie), en choisissant un film qui ne possède pas le profil académique d’un film à Oscars, en redéfinissant donc le profil du film vainqueur, et en couronnant une vision de la diversité, celle des asio-américains, jamais récompensés lors des cérémonies antérieures. En ce sens, Michelle Yeoh a raison en dédiant son trophée de la meilleure actrice « aux mamans, les véritables super-héroïnes » et en déclarant « c’est un moment historique« .
Meilleur film
- À l’Ouest, rien de nouveau de Edward Berger
- Avatar: La Voie de l’eau de James Cameron
- Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh
- Elvis de Baz Luhrmann
- Everything Everywhere All at Once de Daniel Kwan et Daniel Scheinert
- The Fabelmans de Steven Spielberg
- Tár de Todd Field
- Top Gun: Maverick de Joseph Kosinski
- Sans filtre de Ruben Östlund
- Women Talking de Sarah Polley
Meilleure réalisation
- Martin McDonagh pour Les Banshees d’Inisherin
- Daniel Kwan et Daniel Scheinert pour Everything Everywhere All at Once
- Steven Spielberg pour The Fabelmans
- Todd Field pour Tár
- Ruben Östlund pour Sans filtre
Meilleur acteur
- Austin Butler pour son rôle dans Elvis
- Colin Farrell pour son rôle dans Les Banshees d’Inisherin
- Brendan Fraser pour son rôle dans The Whale
- Paul Mescal pour son rôle dans Aftersun
- Bill Nighy pour son rôle dans Vivre
Meilleure actrice
- Cate Blanchett pour son rôle dans Tár
- Ana de Armas pour son rôle dans Blonde
- Andrea Riseborough pour son rôle dans To Leslie
- Michelle Williams pour son rôle dans The Fabelmans
- Michelle Yeoh pour son rôle dans Everything Everywhere All at Once
Meilleur acteur dans un second rôle
- Brendan Gleeson pour son rôle dans Les Banshees d’Inisherin
- Brian Tyree Henry pour son rôle dans Causeway
- Judd Hirsch pour son rôle dans The Fabelmans
- Barry Keoghan pour son rôle dans Les Banshees d’Inisherin
- Ke Huy Quan pour son rôle dans Everything Everywhere All at Once
Meilleure actrice dans un second rôle
- Angela Bassett pour son rôle dans Black Panther: Wakanda Forever
- Hong Chau pour son rôle dans The Whale
- Kerry Condon pour son rôle dans Les Banshees d’Inisherin
- Jamie Lee Curtis pour son rôle dans Everything Everywhere All at Once
- Stephanie Hsu pour son rôle dans Everything Everywhere All at Once
Meilleur scénario original
- Martin McDonagh pour Les Banshees d’Inisherin
- Daniel Kwan et Daniel Scheinert pour Everything Everywhere All at Once
- Tony Kushner et Steven Spielberg pour The Fabelmans
- Todd Field pour Tár
- Ruben Östlund pour Sans filtre
Meilleur scénario adapté
- Edward Berger, Lesley Paterson et Ian Stolkell pour À l’Ouest, rien de nouveau Scénario par (d’après le roman Im Westen nichts Neues d’Erich Maria Remarque)
- Rian Johnson pour Glass Onion: Une histoire à couteaux tirés (d’après le film A Couteaux tirés)
- Kazuo Ishiguro pour Vivre (d’après le scénario original du film Vivre d’Akira Kurosawa)
- Ehren Kruger, Eric Warren Singer et Christopher McQuarrie pour Top Gun: Maverick (d’après les personnages créés par Jim Cash et Jack Epps Jr.)
- Sarah Polley pour Women Talking (d’après le roman Ce Qu’elles disent de Miriam Toews)
Meilleurs décors et direction artistique
- Christian M. Goldbeck et Ernestine Hipper pour À l’Ouest, rien de nouveau
- Florencia Martin et Anthony Carlino pour Babylon
- Catherine Martin, Karen Murphy et Beverley Dunn pour Elvis
- Dylan Cole, Ben Procter et Vanessa Cole pour Avatar: La Voie de l’eau
- Rick Carter et Karen O’Hara pour The Fabelmans
Meilleurs costumes
- Mary Zophres pour Babylon
- Catherine Martin pour Elvis
- Jenny Beavan pour Une robe pour Mrs. Harris
- Ruth Carter pour Black Panther: Wakanda Forever
- Shirley Kurata pour Everything Everywhere All at Once
Meilleurs maquillages et coiffures
- Heike Merker pour À l’Ouest, rien de nouveau
- Naomi Donne, Mike Marino et Zoe Tahir pour The Batman
- Jason Baird, Mark Coulier, Louise Coulston et Shane Thomas pour Elvis
- Camille Friend, Joel Harlow pour Black Panther: Wakanda Forever
- Anne Marie Bradley, Judy Chin et Adrien Morot pour The Whale
Meilleure photographie
- James Friend pour À l’Ouest, rien de nouveau
- Darius Khondji pour Bardo
- Mandy Walker pour Elvis
- Roger Deakins pour Empire of Light
- Florian Hoffmeister pour Tár
Meilleur montage
- Mikkel E. G. Nielsen pour Les Banshees d’Inisherin
- Jonathan Redmond et Matt Villa pour Elvis
- Paul Rogers pour Everything Everywhere All at Once
- Monika Willi pour Tár
- Eddie Hamilton pour Top Gun: Maverick
Meilleur son
- À l’Ouest, rien de nouveau – Lars Ginzsel, Frank Kruse, Viktor Prášil et Markus Stemler
- Avatar: La Voie de l’eau – Christopher Boyes, Michael Hedges, Julian Howarth, Gary Summers et Gwendolyn Yates Whittle
- Elvis – Michael Keller, David Lee, Andy Nelson et Wayne Pashley
- The Batman – Stuart Wilson, William Files, Douglas Murray et Andy Nelson
- Top Gun: Maverick – Chris Burdon, James H. Mather, Al Nelson, Mark Taylor et Mark Weingarten
Meilleurs effets visuels
- À l’Ouest, rien de nouveau – Frank Petzold, Viktor Müller, Markus Frank et Kamil Jafar
- Avatar: La Voie de l’eau – Joe Letteri, Richard Baneham, Eric Saindon et Daniel Barrett
- The Batman – Dan Lemmon, Russell Earl, Anders Langlands et Dominic Tuohy
- Black Panther: Wakanda Forever – Geoffrey Baumann, Craig Hammack, R.Christopher White et Dab Sudick
- Top Gun: Maverick – Ryan Tudhope, Seth Hill, Bryan Litson et Scott R. Fisher
Meilleure chanson originale
- Applause de Diane Warren et Sofia Carson pour Tell It Like a Woman
- Hold My Hand de Lady Gaga pour Top Gun: Maverick
- Lift Me Up de Rihanna pour Black Panther: Wakanda Forever
- Naatu Naatu de Rahul Sipligunj et Kaala Bhairava pour RRR
- This Is a Life de Son Lux, Mitski, David Byrne pour Everything Everywhere All at Once
Meilleure musique de film
- À l’Ouest, rien de nouveau – Volker Bertelmann
- Babylon – Justin Hurwitz
- Les Banshees d’Inisherin – Carter Burwell
- Everything Everywhere All at Once – Son Lux
- The Fabelmans – John Williams
Meilleur film international
- À l’Ouest, rien de nouveau d’Edward Berger
- Argentina, 1985 de Santiago Mitre
- Close de Lukas Dhont
- EO de Jerzy Skolimowski
- The Quiet Girl de Colm Bairéad
Meilleur film d’animation
- Pinocchio de Guillermo del Toro et Mark Gustafson
- Marcel the Shell with Shoes On de Dean Fleischer-Camp
- Le Chat potté 2: La Dernière Quête de Joel Crawford et Januel P. Mercado
- Alerte rouge de Domee Shi
- Le Monstre des mers de Chris Williams
Meilleur film documentaire
- All That Breathes de Shaunak Sen
- Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras
- Fire of Love de Sara Dosa
- A House Made of Splinters de Simon Lereng Wilmont
- Navalny de Daniel Roher
Meilleur court métrage (en prise de vues réelles)
- An Irish Goodbye de Tom Berkely et Ross White
- Ivalu d’Anders Walter et Rebecca Pruzan
- Le Pupille d’Alice Rohrwacher
- Night Ride d’Eirik Tveiten
- The Red Suitcase de Cyrus Neshvad
Meilleur court métrage (documentaire)
- The Elephant Whisperers de Kartiki Gonsalves
- Haulout de Evgenia Arbugaeva et Maxim Arbugaev
- How Do You Measure a Year? de Jay Rosenblatt
- The Martha Mitchell Effect d’Anne Alvergue
- Stranger at the Gate de Joshua Seftel
Meilleur court métrage (animation)
- The Boy, the Mole, the Fox and the Horse de Peter Baynton et Charlie Mackesy
- The Flying Sailor de Wendy Tilby et Amanda Forbis
- Ice Merchants de Joao Gonzalez
- My Year of Dicks de Sara Gunnarsdóttir
- An Ostrich Told Me the World Is Fake and I Think I Believe It de Lachlan Pendragon