60ème Semaine de la Critique : place aux jeunes !

Quelques jours après le dévoilement de la Sélection Officielle de l’édition 2021 du Festival de Cannes, la sélection parallèle de la Semaine de la Critique a été annoncée ce lundi 7 juin. Réunissant 7 longs-métrages en compétition, 6 longs-métrages en séance spéciale et 10 courts métrages en compétition, la Semaine de la Critique met en lumière de nombreux jeunes réalisateurs et réalisatrices, dans une sélection qui se distingue par son exigence et son éclectisme.

Chaque année, en parallèle de la Sélection Officielle cannoise, la Semaine de la Critique s’attache à mettre en avant les premiers ou deuxièmes films de jeunes auteurs originaires du monde entier. Son soutien et les différentes distinctions qui sont attribuées à cette occasion ont permis de révéler nombre de nouveaux cinéastes, comme par exemple Alejandro González Iñarritu, Wong Kar-wai ou encore Julia Ducournau. Pour cette 60ème édition, le jury retenu, dirigé par le cinéaste roumain Cristian Mingiu, et composé de l’actrice et chanteuse Camélia Jordana, de la productrice Didar Domehri, du producteur Michel Merkt et du directeur artistique du Festival International du Film de Karlovy Vary Karel Och, évaluera sept longs-métrages et dix courts-métrages choisis par le comité de sélection présidé par le Délégué général Charles Tesson. Les candidats concourront pour différentes distinctions, dont trois sont attribuées par le jury : le Grand Prix Nespresso, récompensant un des réalisateurs des longs-métrages en compétition de 15 000€ ; le Prix Découverte Leitz Cine du court métrage, récompensant l’un des courts métrages en compétition ; le Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation, récompensant un ou une comédienne apparaissant dans les longs métrages en compétition. Trois autres prix seront remis par les partenaires de la Semaine de la Critique : le Prix Fondation Gan à la Diffusion attribuera un fonds de 20 000€ à l’un des sept longs métrages en compétition pour encourager sa distribution ; le Prix SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) récompensera de 5000€ l’un des auteurs des sept longs métrages en compétition ; le Prix Canal + du court métrage sera décerné à l’un des dix courts métrages en compétition, lui garantissant en prime une diffusion télévisée sur les chaînes du groupe Canal. Enfin, 11 réalisateurs (4 pour les séances spéciales, 7 pour les films en compétition) concourront pour la distinction la plus célèbre, le prix de la Caméra d’Or, qui distingue le meilleur premier film présenté à la Semaine de la Critique ; le lauréat succédera à Nuestras Madres de César Díaz, qui avait été couronné par le prix de la Caméra d’Or de l’édition 2019 du festival.

Après deux ans d’absence, cette édition de la Semaine de la Critique se distingue par le grand nombre de films présentés en séance spéciale : avec presque autant de films que la compétition principale, comme pour rattraper deux ans de fermeture des salles, les séances spéciales se font remarquer tant par leur nombre que pour le parti pris de ne diffuser que des films français. En donnant la parole à quatre réalisatrices et deux réalisateurs, les films projetés mettront à l’honneur des personnalités de premier plan du cinéma français : Robuste, le film d’ouverture, première réalisation de Constance Meyer, mettra ainsi en scène Gérard Depardieu aux côtés de la jeune Déborah Lukumuena, révélée dans Divines de Houda Benyamina, prix de la Caméra d’or en 2016. Dans Une jeune fille qui va bien, Sandrine Kiberlain, pour la deuxième fois derrière la caméra, racontera l’histoire d’une jeune femme juive, aspirant à devenir comédienne sous l’Occupation. Dans Les amours d’Anaïs, Charline Bourgeois-Tacquet nous proposera un drame social mettant en scène Anaïs Demoustier, qui semble se rapprocher toujours plus du cinéma social après ses rôles dans Alice et le Maire et Gloria Mundi. Peut-être moins attendu, la Semaine de la Critique proposera aussi Petite nature de Samuel Theis, portrait d’un enfant de 10 ans à la vie familiale mouvementée, et de sa relation avec un nouvel instituteur débarquant dans sa cité de banlieue. De son côté, Vincent le Port nous racontera avec Bruno Reidal un fait divers vieux de plus d’un siècle en épousant le regard d’un tueur afin d’analyser la double mécanique du désir et du crime. Enfin, pour clore cette 60ème édition, la réalisatrice franco-tunisienne Leïla Bouzid proposera, dans un deuxième film qui s’annonce déjà comme un point d’orgue de cette sélection, Une histoire d’amour et de désir, le récit d’une relation passionnelle entre deux jeunes étudiants dont l’amour et le désir est porté par la redécouverte d’une littérature érotique arabe.

De leur côté, les longs-métrages retenus pour la compétition témoignent aussi d’une volonté, peut-être renforcée par la crise sanitaire due à la pandémie, d’encourager encore plus les jeunes cinéastes, en proposant 7 candidats qui sont tous des premiers films – qui concourent donc tous pour la Caméra d’Or. La sélection, plus internationale, réunit deux films français, deux films hispanophones, un film égyptien, un film somalien et un film italien. Dans Piccolo Corpo, Laura Samani nous fait le récit de l’épopée d’une mère chrétienne à la recherche d’un monastère où baptiser son enfant mort-né afin de lui ouvrir les portes du paradis. De leur côté, les deux films hispanophones de la compétition proposeront tous deux des récits politiques : dans Amparo, Simón Mesa Soto nous racontera l’histoire d’une mère célibataire bravant tous les obstacles pour retrouver son fils, circonscrit de force dans la guerre contre les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes, tandis que dans Libertad, Clara Roquet fera le récit d’une amitié adolescente entre deux filles que le statut social oppose. De son côté, le réalisateur somalien Khadar Ayderus Ahmed nous racontera, dans The Gravedigger’s Wife, l’histoire d’un fossoyeur de Djibouti remuant ciel et terre pour soigner la maladie des reins qui accable sa femme. Elie Grappe, lui, proposera dans Olga un récit partagé entre Suisse et Ukraine, celui d’une jeune fille exilée mettant son corps à rude épreuve pour mériter sa place dans l’équipe nationale de gymnastique artistique de Suisse, tandis que sa mère, journaliste restée en Ukraine, se démène pour couvrir une révolte qui secoue Kiev. Plus surprenant et détonnant par rapport aux autres candidats de la sélection, on attendra avec une attention toute particulière le film du réalisateur égyptien Omar El Zohairy, Feathers, proposant l’histoire d’une mère de famille faisant face à une épreuve insolite lorsqu’après un tour de magie qui tourne mal, son mari, chef de famille autoritaire, se transforme en poule. Enfin, le film probablement le plus attendu de cette sélection, Rien à foutre de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre, proposera Adèle Exarchopoulos dans le rôle d’une jeune hôtesse de l’air pour une compagnie low-cost, n’arrivant pas à concilier ses désirs intimes avec son emploi. Une sélection traversée par des questions politiques et sociales qui a toutes les chances de susciter nombre de discussions sur la Croisette.

Enfin, le comité de sélection a retenu dix courts-métrages de genres et de régions géographiques bien différentes. Dans Brutalia, jours de labeur, le réalisateur grec Manolis Marvis proposera un faux-documentaire comique et sombre aux visuels remarquables. Jimmy Laporal-Trésor propose pour la Croisette Soldat Noir, un film en créole et en français dans lequel un jeune Antillais s’insurge contre une campagne publicitaire raciste. Dans le registre du teen-movie cette fois, Nicolai G.H. Johansen racontera avec Inherent l’attirance d’une jeune fille pour un garçon dans une petite ville hantée par une présence invisible. Toujours dans le fantastique, le réalisateur roumain Andrei Epure reviendra avec Interfon 15 sur le passé d’une inconnue morte dans un immeuble ordinaire de la Roumanie contemporaine. Deux courts-métrages chinois ont quant à eux été sélectionnés : dans Duo Lili (Lili toute seule), Zou Zing propose une exploration de la maternité, tandis que dans Fang Ke (An Invitation), Hao Zhao et Yeung Tung exploreront la relation entre un père hong-kongais et son fils lui rendant visite depuis la Chine continentale. Avec Safe d’Ian Barling, le genre du film noir est aussi représenté dans le portrait de la relation entre un gérant de casino et son fils. Le court-métrage d’animation Noir-Soleil de Marie Larrivé nous fera le récit d’un père et d’une fille troublés par la découverte d’un corps dans la baie de Naples. La réalisatrice Jela Hasler proposera avec Über Wasser (Hors de l’eau) un film féministe sur la rage d’une jeune femme traversant une ville et faisant face à de nombreux problèmes. Enfin, dans Ma Shelo Nishbar (If it Ain’t Broke), Elinor Nechemya nous fera le portrait d’une amitié forte entre deux jeunes femmes. Une sélection de courts-métrages très diversifiée qui ne manquera pas de piquer l’intérêt des spectateurs.

La 60ème semaine de la critique s’ouvrira le 7 juillet et se refermera le 15 juillet après une semaine de compétition. Les prix décernés aux films en compétition seront remis à l’occasion de la clôture de la Semaine de la Critique le 15 juillet, tandis que la Caméra d’or sera décernée à la clôture du festival le 17 juillet. L’occasion, le temps d’une semaine, de pleinement rendre hommage à une nouvelle génération de cinéastes, qui aura pour défi de porter à l’avenir le cinéma français comme le cinéma international, dans un contexte difficile pour une industrie durement touchée par l’épidémie de Covid-19.


Longs métrages
13 longs-métrages projetés : 6 en séance spéciale, 7 en compétition

Séances spéciales :
Robuste – Constance Meyer (Film d’Ouverture)
Les Amours d’Anaïs – Charline Bourgeois-Tacquet
Bruno Reifal – Vincent Le Port
Petite Nature – Samuel Theis
Une jeune fille qui va bien – Sandrine Kiberlain
Une histoire d’amour et de désir – Leyla Bouzid (Film de Clôture)

En compétition :
Amparo – Simón Mesa Soto
Feathers – Omar El Zohairy
The Gravedigger’s Wife – Khadar Ayderus Ahmed
Libertad – Clara Roquet
Olga – Elie Grappe
Piccolo Corpo – Laura Samani
Rien à foutre – Julie Lecoustre & Emmanuel Marre

Courts métrages
10 courts métrages en compétition

Brutalia, Days of Labour – Manolis Mavris
Duo Li (Lili, toute seule) – Zou Jing
Fang Ke (An Invitation) – Hao Zhao & Yeung Tung
Inherent – Nicolai G.H. Johansen
Interfon 15 (Intercom 15) – Andrei Epure
Ma Shelo Nishbar (If it Ain’t Broke) – Elinor Nechemya
Noir-soleil – Marie Larrivé
Safe – Ian Barling
Soldat Noir – Jimmy Laporal-Trésor
Über Wasser (Hors de l’eau) – Jela Hasler