Processed meat. Faisandé, ou pas. À qui s’adresse le film. L’amie qui nous accompagnait n’avait jamais vu de Kaurismäki de sa life, elle est sortie de la séance enchantée. Le fondu de Kaurismäki, que je ne suis pas, mais à la place duquel je prétends sans vergogne être capable de me mettre, sera ravi de dénombrer, dans cette nouvelle variation, la foule de détails et références qui font mouche. On apprend par exemple au générique que le finnois, qu’on savait agglutinant, est une langue à déclinaisons. J’ai vérifié sur Wikipédia, 15 cas, ce n’est pas rien. Mais ne nous égarons pas, l’amateur un peu distant que je crois être se fendra d’une légère moue, en grommelant que c’est quand même un peu feignant. Pour tout vous dire, j’avais limite envie, plutôt que de pondre ce blabla, de vous resservir celui de la dernière fois*. Il fait quasiment l’affaire, on est dans l’immuable monde stylisé kaurismäkien, mélo pondéré, burlesque discret, fétiches anachroniques symboles de résistance face à la sinistre réalité. Les personnages de L’Autre Côté de l’espoir font du reste une apparition. Salam, salue Khaled, qui semble-t-il a survécu à ses blessures. Prends ma veste, j’en ai plus besoin, indique Waldemar au héros. Mais écoutons la personne chère à mon cœur, AKA la voix de la raison — C’était bien, ce film.
Pourquoi tant d’indulgence envers HSS si c’est pour chercher des poux à Aki, vous interrogez-vous peut-être. Je ne sais pas, il y a chez le Coréen ce rendu pauvre, que je prends pour symptôme de la nécessité, et qui me fait tout pardonner. Alors qu’ici, la maniaquerie esthétisante a beau être plastiquement splendide, elle prête davantage le flanc à la critique. Cependant il me semble que ça retombe toujours du bon côté du fil du funambule, horizon Ozu plutôt que Jeunet. Dans le même ordre d’idée, je me souviens avoir il y a peu chagriné certains de mes plus éminents lecteurs, en avouant mon manque d’enthousiasme devant l’atmosphère pied dans la tombe / confit dans le cinoche du récent Fermer les yeux d’Erice. Or on pourrait dire que c’est pareil ici, sauf que c’est starring Elle et Lui plutôt que Rio Bravo. Et sauf surtout qu’on rigole quand même nettement plus, même si une fois sur deux jaune. Le gag des cinéphiles sortant de la séance du Jarmusch, qu’on m’avait pourtant vanté/spoilé, n’est pas le meilleur, mais il y en a quelques autres savoureux. Vous avez une pièce d’identité, demande-t-on à un second rôle, lequel voudra lui aussi avoir sa minute de gloire dans l’histoire — détail généreux qui fait mouche, en tous cas plus essentiel que celui cité dans mon accroche introductive, et que seuls les plus attentifs d’entre vous auront capté. Enfin bref, le film est court, ne nous attardons pas, bilan goût personnel végétarien, Les Feuilles mortes > Les Herbes sèches > Les Algues vertes.