1. Bones and All (Guadagnino, 2022).
Vous savez que je suis plutôt bon client de Guadagnino, remember l’affaire Suspiria — résumé du scandale, votre humble serviteur boude Argento et préfère le remake —, et Call Me by Your Name c’était bien. Mais il y a des limites. La ballade des tourtereaux cannibales a beau dégainer Joy Division ET New Order, pour égayer la BO par ailleurs composée par le Phil Collins des goth kids — 50% de jolie guitare acoustique eastwoodienne quand c’est joli, 50% de synthés qui font peur quand ça fait peur —, c’est quand même pas terrible. À noter que Chalamet et Rylance avaient plus ou moins les mêmes rôles dans Don’t Look Up, haha.
2. The Batman (Reeves, 2022).
Énième épisode des aventures du milliardaire en costume 100% PVC, devant les premières minutes duquel je me suis surpris à penser, Bon sang mais c’est super. Quelques scènes m’ont ainsi fait m’enthousiasmer comme rarement devant un film de ce genre. C’est assez exceptionnel pour le signaler, hélas la mayonnaise retombe souvent. Bref, ce n’est pas exactement Tim Burton le retour, mais on n’est pas non plus chez l‘infernal Nolan, et en tout état de cause évoquer au détour d’un plan le fantastique Ministère de la Peur de Fritz Lang n’est pas ce qu’il y a de plus habituel dans la famille des gros blocks à super-héros. Mention spéciale à l’idole Robert Pattinson, idoine en Bruce Wayne gothico-black-metal, et à Something in the Way de Nirvana qui orne la BO.
3. Coma (Bonello, 2022).
J’ai traversé tout Paris pour le voir. Hélas, je n’ai pas été conquis plus que ça. L’idée séduit — essai poétique qui mélange lettre à l’enfant et portrait de jeune fille —, mais la facture déçoit. D’une, le ton de Bonello, qui s’adresse à sa fille de 18 ans, m’a paru quand même pas mal pompeux. De deux, les ressemblances avec le cinéma de David Lynch écrasent un tantinet la chose. Soap avec poupées Barbie = le sitcom aux lapins d’Inland Empire. Forêt sinistre, région du rêve = la Black Lodge de Twin Peaks. Une image reste, celle de la carte météo aux températures anormalement élevées. C’est peu. Une remarque (désolé pour ceux qui n’ont pas vu le film et qui ne vont rien capter), j’aurais aimé que le film explicite la possibilité d’une escroquerie en ce qui concerne le ’’Révélateur’’ — coucou Edgar Poe —, lequel pourrait déclarer ’’gagné’’ quelle que soit la combinaison entrée par l’utilisateur. Bref, concluons sur une note positive, Louise Labèque, déjà vue dans l’excellent Zombi Child, est charmante, et si je n‘ai pas reconnu Laetitia Casta en poupée Barbie, je me suis dit que Louis Garrel, Vincent Lacoste et le regretté Gaspard Ulliel, qui doublent les différents Ken, avaient des timbres de voix tout ce qu’il y a de remarquables — au même titre que Depardieu, Godard ou Trintignant, allons-y carrément.