Les Chroniques de Poulet Pou : retour sur L’Accident de piano et L’Aventura. Réalité

1. L’Accident de piano (Dupieux, 2025).

Réalité. C’est en effet le Dupieux qui m’y semble le plus ancré, et la caricature outrancière des médias modernes et du star-system qu’il opère m’a évoqué une version dégénérée de Maps to the Stars — cf. l’utilisation inattendue d’un simili-César. En sortant de la séance je me disais que c’était un peu de base comme jeu de massacre, mais il apparaît que la dialectique du film travaille pas mal dans le souvenir. Je lis des commentaires qui regrettent le caractère particulièrement sinistre de la chose, cependant comme dit Hitchcock, le film est réussi si le méchant l’est, or là tout le monde est méchant, pensez Wrong Cops.

Je mentionnais Réalité en introduction, visez le casting, Commandeur plutôt que Chabat, qu’en conclure, je vous le demande. Anyway méchants ou gentils chez l’Oizo les comédiens sont toujours top, Commandeur et son bon sourire de salopard inclus. Étonnant de voir que Dupieux semble s’intéresser à Kiberlain surtout pour sa diction — je veux dire, j’ai trouvé que son personnage n’avait presque pas de présence physique. Mention spéciale obligatoire à Adèle Exarchopoulos, incroyable mais vraie.

2. L’Aventura (Letourneur, 2025).

Amarcord. C’est la suite de, et assez similaire à première vue à Voyages en Italie — que j’avais beaucoup aimé, disponible sur Arte.tv en ce moment. À première vue seulement, car ce qui était émouvant dans ces Voyages, c’est qu’on s’apercevait à la fin que les souvenirs fabriqués par les personnages, une fois rentrés à la maison, comptaient plus que les vacances elles-mêmes. Or ici la remémoration a lieu tout de suite, tout le temps, organisée dans un rituel qui fait partie du voyage lui-même. En résulte un ressassement voulu et conscient, et aussi (relativement) pénible, à la façon de vacances avec gosses, quoi. Votre humble serviteur n’en a pas, et s’en félicite à la vision du (relatif) calvaire que constitue les vacances avec gosses, eh.

Comme dans le Dupieux, gosses ou pas les acteurs sont top — ce qui signifie, super bien dirigés —, et il y a du piano mal joué dans la BO, interesting. Cependant j’ai fini par trouver que l’utilisation répétée de la musique trahissait une certaine complaisance — confirmée par la séquence avec un long travelling sur Katerine, qui m’a fait le même effet. Dans le même ordre d’idée, le désamour dans le couple, thème plus ou moins souterrain, m’a semblé à la fois survolé et appuyé, bref je partais confiant mais entre le film et moi s’est construit peu à peu une (relative) barrière. Que ça ne vous empêche pas d’y aller.