Ces deux dernières années, le Festival de Cannes a rendu un bel hommage au Nouvel Hollywood : en sélectionnant l’année dernière hors compétition Killers of the flower moon de Martin Scorsese, et enfin cette année en accueillant Francis Ford Coppola pour son décrié Megalopolis, George Lucas pour une Palme d’or d’honneur et enfin Paul Schrader, le fameux scénariste de Martin Scorsese (Taxi Driver, Raging Bull, La Dernière tentation du Christ et A tombeau ouvert), devenu un cinéaste estimé. Schrader est revenu sur le devant de l’actualité, en délivrant lors de ces sept dernières années une trilogie bressonienne sur la violence et la rédemption (Sur le chemin de la rédemption, The Card Counter et Master Gardener), accueillie dans un consensus critique. Avec Oh, Canada, Paul Schrader semble apporter un ultime opus en forme de testament artistique, en rendant hommage à son ami Russell Banks, dont il adapte à nouveau un roman Foregone, après la réussite d’Affliction.
Leonard Fife est un écrivain et cinéaste réfugié au Canada, après s’être fait réformé pour ne pas faire la guerre du Vietnam. Alors qu’il est atteint par un cancer incurable, il accepte d’accorder une ultime interview à l’un de ses disciples, Malcolm MacLeod, afin de livrer tous ses secrets.
Oh, Canada laisse sur une impression douce-amère d’avoir partagé le parcours d’une vie dans une sorte de balade nostalgique qui, sans être inoubliable, dégage malgré tout un certain charme.
Paul Schrader est un vieux routier du cinéma et a minutieusement rédigé plan par plan le scénario de Oh, Canada, cette nouvelle adaptation de Russell Banks. Etant donné son âge avancé et le personnage de cinéaste mourant progressivement mis en scène, Oh, Canada ressemble fort à un testament cinématographique, ainsi qu’à un portrait de l’artiste en cinéaste vieillissant à l’article de la mort. Schrader orchestre ainsi parfaitement le ballet entre présent et passé, n’hésitant à implanter Richard Gere en lieu et place de son double rajeuni de cinquante ans. Oh, Canada évoque assez lointainement Les Fraises sauvages d’un certain Ingmar Bergman, tout en n’ayant évidemment pas la même ampleur.
On peut en effet regretter que le film se focalise seulement sur deux véritables événements, certes déterminants, dans la vie de Leonard Fife ; son rejet d’une vie de PDG à la place d’une vie d’artiste ; la mort de sa petite fille, enfant mort-née. Après un passage furtif au service militaire, Oh, Canada s’arrête sur la description de la fin prévisible et néanmoins émouvante de Leonard Fife, nous laissant sur notre faim par rapport à une vie qui paraissait dense et riche d’événements passionnants. Richard Gere, plus de quarante ans après American Gigolo, atteint par moments des sommets de profondeur inattendue, dans un rôle presque à contre-emploi, d’écrivain-cinéaste en fauteuil roulant.
Hormis Gere qui constitue l’excellente idée de casting, le film fonctionne sur des rails éminemment éprouvés et ne surprend donc presque jamais. Pourtant Oh, Canada laisse sur une impression douce-amère d’avoir partagé le parcours d’une vie dans une sorte de balade nostalgique qui, sans être inoubliable, dégage malgré tout un certain charme.
RÉALISATEUR : Paul Schrader NATIONALITÉ : américaine GENRE : drame AVEC : Richard Gere, Jacob Elordi, Uma Thurman DURÉE : 1h35 DISTRIBUTEUR : ARP Sélection SORTIE LE Prochainement