L’Etrange Festival 2024 : du sanglant et de l’expérimental

Pour la première journée complète de cette nouvelle édition, L’Etrange Festival proposait Blue Ruin, de Jeremy Saulnier, film choisi par Coralie Fargeat (The Substance) dans le cadre d’une carte blanche. La réalisatrice française, qui s’est envolée pour Toronto, n’était pas présente lors de la présentation, mais a tenu à adresser aux spectateurs une petite vidéo, tournée lors de la soirée d’ouverture du mardi 3 septembre. La lauréate du prix du scénario au Festival de Cannes 2024 a ainsi expliqué le choix de cette production qu’elle aime pour son côté film de vengeance. Le réalisateur de Green Room signe un film solide, efficace, sanglant et âpre, un bon revenge movie racontant l’histoire d’un homme qui souhaite venger la mort de ses parents. La violence est brute, en témoignent les plans sur des plaies béantes. Jeremy Saulnier ne lésine pas sur cet aspect sanguinolent et dérangeant, mais montre la détermination de son personnage, marginal et un peu perdu, prêt à user de la gâchette. Le film est avare en dialogues, le scénario reste simple, et tout repose sur cette chasse à l’homme sans pitié, toutefois constituée de quelques passages teintés d’humour noir.

Ensuite, la barbarie sauvage laisse place à l’expérimentation, avec Swimming Home, de Justin Anderson, avec Ariane Labed (September Says) et Nadine Labaki (Capharnaüm). Le cinéaste américain était là pour présenter son film et sa genèse. L’œuvre que proposait L’Etrange Festival est effectivement une étrangeté, le récit d’une femme inconnue qui vient squatter la piscine et la maison occupées par Joe et Isabel, un couple dont le mariage est en plein délitement. Justin Anderson réalise un film qui se veut être un mélange de science-fiction et de fantastique, mais il est bien trop expérimental et pseudo-intellectuel pour convaincre totalement. Entaché par une musique électro aux basses dominantes, Swimming Home bénéficie d’une mise en scène plate constituée de plans à la symétrie parfaite et d’un rythme bien absent. Le cinéaste signe un film assez long, qui ressemble souvent à un patchwork entre Satyricon de Federico Fellini, la lenteur du style d’Osgood Perkins (Longlegs) ou de celui, pompeux, de Luca Guadagnino (Call Me by Your Name). Rien de bien passionnant, excepté la présence d’Ariane Labed et de Nadine Labaki.