Causeway : sur le chemin de la guérison

Causeway marque le grand retour de la superstar Jennifer Lawrence dans le cinéma indépendant américain qui l’a révélée (Winter’s Bone de Debra Granik, sorti en 2010). Après avoir fait gagner beaucoup d’argent aux majors avec des blockbusters comme Hunger Games ou X-Men, l’actrice renoue avec ses premières amours. Le long métrage de Lila Neugebauer (réalisatrice sur un épisode de la série Maid) a été présenté en avant-première mondiale au TIFF (Toronto International Film Festival) en septembre dernier avant d’être proposé en streaming sur la plateforme Apple TV + à partir du 4 novembre 2022.

Lynsey (Jennifer Lawrence), ingénieure hydraulicienne dans l’armée, après avoir été blessée par un engin explosif en Afghanistan, se voit contrainte de rentrer dans son Amérique natale. Dans la petite ville de Nouvelle-Orléans qui l’a vu grandir, et dans laquelle elle ne se sent plus vraiment à sa place, elle va faire la rencontre de James Aucoin (Brian Tyree Henry), un garagiste qui, tout comme elle, cherche à guérir une blessure de son passé.

Causeway, malgré une ambition scénaristique limitée, nous séduit par son universalité et son sens de la mesure.

L’arc narratif autour du TSPT (trouble de stress post-traumatique) ne permet pas à Causeway de briller par l’originalité de son sujet mais son traitement tout en sobriété le distingue clairement d’autres productions plus spectaculaires (Rambo, American Sniper…). La lenteur de sa narration sert parfaitement son propos, celui de deux âmes meurtries et esseulées qui se lient d’amitié progressivement. La réalisatrice prend le temps de faire naître les sentiments de ses personnages qui évoluent pas à pas sur le chemin de la guérison.

Un récit poignant magnifié par la très belle interprétation de ses deux comédiens principaux : Jennifer Lawrence, qu’on ne présente plus, et Brian Tyree Henry, nouvelle révélation à Hollywood, qu’on a le plaisir d’admirer de plus en plus souvent sur nos écrans (Les Veuves, Les Eternels, Bullet Train). L’aura de star de Lawrence n’éclipse en rien celle de son partenaire de jeu qui nous livre une prestation dépouillée qui ajoute une authenticité certaine au film de Lila Neugebauer.

La jeune cinéaste a su faire les bons choix de mise en scène pour nous dépeindre cette histoire de résilience. Son action se déroule exclusivement dans le présent, tous les traumatismes du passé nous étant livrés au travers des dialogues, et non par le biais de flash-backs démonstratifs. Une réalisation sobre qui mise sur la retenue et empêche le film de sombrer dans le pathos. Une allégorie du parcours de Lynsey qui, pour être en mesure de surmonter son traumatisme, doit arrêter de regarder en arrière – son histoire familiale complexe – et également éviter de se projeter dans le futur – son insistance à être redéployée rapidement en Afghanistan. La clé de sa guérison, tout comme le déroulé du film, se trouve dans l’instant présent.

Causeway, malgré une ambition scénaristique limitée, nous séduit par son universalité et son sens de la mesure. Ce premier long métrage ne manque pas de charme et place Lila Neugebauer parmi les jeunes auteurs à suivre.

3.5

RÉALISATRICE :  Lila Neugebauer
NATIONALITÉ : Américaine
AVEC : Jennifer Lawrence, Brian Tyree Henry, Linda Emond
GENRE : Drame
DURÉE : 1h32
DIFFUSEUR : Apple TV+
SORTIE LE 4 novembre 2022