Bullet Train : Boulet Bill

On ne sait pas comment le personnage de gros boulet interprété par Brad Pitt s’appelle en réalité, nom de code Ladybug, si ça se trouve il se prénomme comme l’inénarrable homologue de la CIA de Bonisseur de la Bath dans OSS 117 (‘’Quelle poutain de chaleuah’’), c’est-à-dire Bill. Boulet Bill, eh. Veuillez m’excuser, c’est vrai qu’il fait chaud. Des gros boulets, en voici tout un tas de spécimens variés à bord de ce train Tokyo-Osaka. Je dis variés, mais pas tant que ça, ce sont des boulets d’un genre particulier, des tueurs mercenaires aussi demeurés qu’ultraviolents. Le film touille ainsi un mélange de deux choses, incompatibles en apparence seulement, d’une part infantilisme — assumé, le personnage britannique à gauche sur l’image est fan de Thomas the Tank Engine, sorte de Oui-Oui ferroviaire avec des trains qui causent, moins connu sur nos rives que le Nain consentant d’Enid Blyton, mais très populaire outre-Manche —, d’autre part gore sanguinolent. Il est permis de trouver ça tout ce qu’il y a de repoussant, mais on finit par s’habituer, à force de flash-backs drolatiques dans lesquels sont narrés avec entrain (astuce) les exploits meurtriers de nos boulets sans cervelle, qui justifient en quelque sorte le sort funeste qui les attend à la prochaine gare. Car celui qui prend le train périra par le train.

Le film touille ainsi un mélange de deux choses, incompatibles en apparence seulement, d’une part infantilisme, d’autre part gore sanguinolent.

C’est plutôt bien emballé, pensez clignotements fluos et musiques tonitruantes — Stayin’ Alive lors de la scène de présentation du héros, ce n’est pas rien —, Brad Pitt est amusant et agréable à regarder, le découpage des scènes d’action échappe à l’hystérie du cut illisible, mais ce n’est qu’un emballage, à l’intérieur bat l’antique mesure du sempiternel block aux poncifs et stations obligatoires, et c’est beaucoup trop long. À un moment, je ne saurais dire lequel exactement, peut-être quand le grand-père entre en scène, et que par lui aiguillés (eh) les boulets, jusqu’alors farouchement individualistes, s’associent en équipe, j’en ai eu marre, de plus en plus marre, plus que marre pendant le finale over-the-top, succession de numéros de plus en plus patapoufs autant que poussifs. Attention spoilers, d’une le train déraille dans un froissement dantesque de tôle CGI, de deux on est peiné de voir Michael Shannon, affublé d’une perruque Louis XIV, rejouer une énième fois sa partition de psychopathe — cet acteur n’aura eu pour ainsi dire qu’un seul rôle dans toute sa carrière —, encore plus de voir ce que le coiffeur ose faire à la tête de l’infortunée Sandra Bullock. Spoiler final, la chose se conclut par une blague scato, c’est tout ce qu’il y a d’honnête sur la marchandise, permettez-moi de rester au niveau et suggérer que c’est raccord avec le fait que le film soit produit par l’éminent Antoine Fuqua.

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RÉALISATEUR : David Leitch  
NATIONALITÉ : américaine 
AVEC : Brad Pitt, Joey King, Aaron Taylor-Johnson
GENRE : Action, thriller 
DURÉE : 2h07 
DISTRIBUTEUR : Sony Pictures 
SORTIE LE 3 août 2022