Magellan : la violence de la colonisation

Sublime long métrage du philippin Lav Diaz, portés par d’incroyables plans fixes, de longs travellings et quasi plans-séquences et une photo signée Artur Tort (directeur de la photo des derniers films d’Albert Serra, Pacifiction, Tardes de soledad).

XVIe siècle. Magellan, un jeune navigateur portugais ambitieux, se rebelle contre le pouvoir du roi, qui ne soutient pas son rêve de découvrir le monde. Il persuade la Couronne espagnole de financer son audacieuse expédition vers les terres légendaires de l’Orient. Le voyage est épuisant au-delà des attentes, la faim et les mutineries poussant l’équipage à ses limites. À son arrivée dans les îles de l’archipel malais, l’esprit de Magellan change. Il devient obsédé par la conquête et la conversion, ce qui déclenche des soulèvements violents hors de son contrôle. Ceci n’est pas le mythe de Magellan, mais la vérité de son voyage.

Voici un film qui montre la violence de la colonisation passée tout en dénonçant finalement le nouvel impérialisme mondial ainsi que la fabrication des mythes.

Le navigateur et explorateur portugais Fernand de Magellan (1480-1521) voulait découvrir de nouveaux mondes, tracer de nouvelles routes maritimes, notamment pour rejoindre l’île aux Épices (Indonésie). Parti de Séville en août 1519 à la tête d’une flotte de cinq navires, il traverse l’Atlantique, atteint l’Amérique du Sud, et découvre un passage, le détroit qui portera son nom, puis il navigue jusqu’à un archipel inconnu (les Philippines), où il trouve la mort.

Pour autant pas de biopic classique ici mais des moments-clés de cette aventure. De la même manière, pas de gloire ni de figures héroïques. Lav Diaz propose un portrait intime et complexe d’un être humain, avec son génie et sa cruauté, sa vision d’Européen supérieur (et de chrétien).

Le film montre sa folie des grandeurs, son intransigeance et son désir insatiable de découverte, mais aussi sa mélancolie. Gaël Garcia Bernal est remarquable.

L’on peut admirer la façon dont Lav Diaz traite et met la lumière sur le peuple autochtone (des Philippines, pays dont Diaz est originaire) car historiquement on n’a souvent parlé de Magellan et de son tour du monde du seul point de vue européen alors que les civilisations découvertes existaient depuis longtemps et vivaient très bien sans les Européens. Centré sur les Philippines (et se terminant judicieusement sur la voix off de Enrique, esclave et interprète de Magellan), voici un film qui montre la violence de la colonisation passée tout en dénonçant finalement le nouvel impérialisme mondial ainsi que la fabrication des mythes.

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RÉALISATEUR : Lav Diaz 
NATIONALITÉ : philippine, espagnole, portugaise
GENRE : drame, historique
AVEC : Gael García Bernal, Roger Alan Koza, Dario Yazbek Bernal
DURÉE : 2h36
DISTRIBUTEUR : Nour Films
SORTIE LE 31 décembre 2025