Déception, mais ne pas aimer un film parce qu’il n’est pas ce qu’on aurait voulu qu’il soit semble toujours un peu injuste. Pourtant, n’y a-t-il pas tromperie sur la marchandise, ou du moins, dévaluation progressive des enjeux. Essayons de nous expliquer. On croit qu’il s’agit d’une adaptation du conte d’Andersen, La Reine des neiges, et en effet c’est un peu ça, tout en ne l’étant pas vraiment.
Revenons au début, qui est super, avec voix off suscitant une poésie équivalente à celle de la voix off du début du Secret derrière la porte — je connais le texte par cœur, Long ago I read a book, it told the meaning of dreams. Ici est récité le passage du conte qui décrit le château merveilleux de la Reine, murs en poussière de neige, portes et fenêtres en vents coupants, sur des images façon kaléidoscope qui entretiennent le mystère. Mystère ménagé pendant un certain temps, pendant lequel on ne sait pas trop ce qu’on voit — une jeune fille semble rentrer à la maison tout en donnant l’impression de déjà partir, après quoi elle part pour de bon. Elle arrive en ville après avoir traversé non sans peine de dangereuses montagnes enneigées et rencontré un simili ogre, la ville évoque celle de Suspiria. Elle pénètre dans une cave sinistre et s’allonge sur un matelas de fortune. Tout à coup, la Reine des neiges apparaît. C’est magique, mais hélas retentit un fatidique Coupez, ce n’était que le tournage d’un film dans le film. Première dévaluation, première déception.
On croit qu’il s’agit d’une adaptation du conte d’Andersen, La Reine des neiges, et en effet c’est un peu ça, tout en ne l’étant pas vraiment.
La suite raconte l’ascension de l’héroïne, que l’actrice principale du film dans le film a prise sous son aile, dans la hiérarchie de l’équipe de tournage. Je dis ascension, et m’est venu à l’esprit pendant le visionnage le souvenir d’All About Eve, star vieillissante contre débutante ambitieuse, mais ce n’est pas vraiment ça non plus. C’est que le film semble ne plus trop savoir quoi faire, et on s’ennuie, malgré une belle séquence type Alice au pays des merveilles de visite d’un décor miniature. À un moment, il faut conclure, ce sera une bête agression sexuelle, alors que justement le thème sexuel — obligatoire, n’oublions pas qu’il s’agit d’un conte — était jusqu’à présent joliment suggéré, pensez bouches sanglantes de jeunes filles. Dernière dévaluation, dernière déception, reste à finir par un retour attendu au kaléidoscope introductif, mais la magie n’opère plus, on veut juste s’en aller.
RÉALISATRICE : Lucile Hadzihalilovic NATIONALITÉ : française GENRE : drame, fantastique, conte AVEC : Marion Cotillard, Clara Pacini, August Diehl DURÉE : 1h58 DISTRIBUTEUR : Metropolitan FilmExport SORTIE LE 17 septembre 2025