Ce mercredi 29 mars 2023, le Festival proposait un après-midi alléchant, avec les projections de trois films français dans l’unique salle du cinéma La Lucarne. Tout d’abord, Libre Garance !, réalisé par Lisa Diaz et sorti en 2022, film empreint de liberté, fait souffler un vent de contestation, à travers le portrait d’une jeune fille au tempérament révolutionnaire s’opposant aux règles de la société moderne. Rappelant toutes les formes de protestations et de révolutions, comme le mouvement hippie, cette œuvre, certes classique, est un pamphlet pour la liberté, une description de personnes voulant s’affranchir des lois de la société de consommation. Cette petite Garance, du haut de son jeune âge, se présente comme la relève d’un mode de vie, de pensée, même en discernant avec difficulté le bien du mal. Pamphlet libertaire et quasiment anarchiste, ce film décrit une autre vision de la société capitaliste, montre la différence entre ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui subissent cette domination.
Ensuite, Cannes 2022 s’invite sur l’écran de ce cinéma, avec la présentation de Les Pires, de Lise Akoka et Romane Guéret (prix Un certain regard au Festival de Cannes 2022, Valois de diamant au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2022). Presque filmé à la façon d’un documentaire, l’œuvre possède une utilité sociale, avec la représentation d’une jeunesse de banlieue en difficulté. Ces Pires, en réalité des adolescents à la limite de la déscolarisation et confrontés à des situations sociales désastreuses, apportent un éclairage fort sur le quotidien difficile de ces jeunes issus de milieux défavorisés, et sur cette banlieue nordiste assez pauvre. En choisissant de montrer cette vérité puissante et les visages de ces classes populaires, les deux cinéastes livrent des portraits pudiques, bienveillants, représentatifs de la jeunesse en difficulté, et démontrent également que Les Pires peuvent devenir les meilleurs et s’insérer tant bien que mal. Le film est porté par la remarquable interprétation de Mallory Wanecque, nommée dans la catégorie Meilleur Espoir Féminin aux Césars 2023.
Falcon Lake, de Charlotte Le Bon (projeté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival de Cannes, lauréat du prix Louis-Delluc 2022) clôturait cette belle journée de cinéma. Parfaitement réalisé, somptueux et plein de sensibilité, ce premier essai derrière la caméra est une merveille cinématographique. Magnifique histoire entre deux adolescents, traversée par toutes les symboliques du fantôme, Falcon Lake est avant tout une histoire de vivants qui se croisent, cherchant cet amour si fantomatique dans les profondeurs de ce beau lac. Charlotte Le Bon soigne aussi l’esthétique, avec des passages nocturnes de toute beauté magnifiant la splendeur du soleil couchant et de l’obscurité, faisant de ce lac un endroit rempli de mystère et d’imagination. Les deux interprètes, Sara Montpetit et Joseph Engel, incarnent brillamment cette candeur adolescente, mais le principal personnage reste bel et bien ce lac, agissant tel un aimant rapprochant ces deux âmes.