Il y a neuf ans, Pete Docter, l’un des auteurs-phares du studio Pixar, décida de se pencher sur les souffrances de l’enfance. De ce pitch découla Vice Versa. On y rencontrait Riley (Kaitlyn Dias puis Kensington Tallman), une jeune fille du Minnesota en proie à la dépression et à la peur de devenir adulte, ainsi que les cinq émotions primaires contrôlant sa vie : Joie (Amy Poehler), Colère (Lewis Black), Peur (Bill Hader puis Tony Hale), Dégoût (Mindy Kaling puis Liza Lapira) et Tristesse (Phyllis Smith). Nous sommes maintenant en 2024, et Disney/Pixar nous propose de retourner une nouvelle fois dans l’esprit de Riley dans Vice Versa 2.
Le collège touche à sa fin, Riley, maintenant adolescente, part à un camp de hockey sur glace avec ses deux meilleurs amis, Grace (Grace Lu) et Bree (Sumayyah Nuriddin-Green). Mais c’est au même moment que la puberté débarque sans crier gare tout en apportant quatre nouvelles émotions : Anxiété (Maya Hawke), Envie (Ayo Edebiri), Ennui (Adèle Exarchopoulos) et Embarras (Paul Walter Hauser). Dès son arrivée, Anxiété entre immédiatement en conflit avec Joie. Pensant que pour avoir un avenir heureux et productif, Riley doit abandonner son passé. Anxiété exile alors Joie, Colère, Peur, Dégoût et Tristesse au fin fond du cerveau de Riley, tout en remodelant la jeune fille à sa façon. Une grande partie du film suit alors les tentatives du groupe original pour revenir aux commandes et empêcher Anxiété de ruiner la vie de Riley.
Pour un film conçu principalement pour redresser les performances de Disney au box-office (notamment après l’échec de Wish), Vice-Versa 2 fait les choses bien. L’histoire avance de deux ans et se concentre sur Riley qui, maintenant adolescente, est confrontée aux hauts et bas émotionnels de la puberté. Le scénario met en avant deux aspects-clés de cette période : l’anxiété de naviguer dans une dynamique sociale en constante évolution et le besoin désespéré d’acceptation. Il y est donc question avant tout de trouver sa place dans un nouveau monde. Pour Riley, cela signifie faire des choix difficiles, comme tourner le dos à ses amies de toujours pour traîner avec un groupe de filles plus cools, mené par la star de hockey du lycée, Valentina (Lilimar). L’histoire de passage à l’âge adulte est familière, mais, comme dans l’original, Vice-Versa 2 avance l’intrigue de manière à la fois en extérieur et en intérieur, en suivant les actions de ses émotions.
Vice-Versa 2 est probablement le meilleur qu’on puisse espérer d’une suite à un film dont le principal attrait résidait dans sa perspective originale. Le premier était brillant grâce à sa fraîcheur, mais cette qualité est diminuée dans la suite. À sa sortie, Vice Versa semblait être unique, et cela aurait dû rester ainsi.
Vice-Versa 2 explore plusieurs aspects importants de l’évolution du bien-être émotionnel avec l’adolescence, cependant le périple des émotions rappelle trop des éléments du premier film et semble être un moyen de prolonger la durée du second. Bien que l’histoire de Riley reste intéressante, les péripéties des émotions sont moins engageantes que dans le premier volet, même si Anxiété en tant qu’opposant à Joie crée une dynamique intéressante.
Certains passages lors de l’exploration du cerveau de Riley par les cinq émotions originales sont réussis, comme la rencontre avec ses secrets enfouis, ou encore l’apparition d’un ravin à sarcasmes. Mais la majeure partie de ces péripéties sont au mieux sympathiques et trop convenues, comme si le scénario avait voulu en profiter pour traiter d’autres aspects de la puberté, mais que cette idée soit rejetée afin de rester tout public.
C’est rare que les visuels d’un film Pixar ne soient pas époustouflants au point de repousser les limites de l’animation. Sur ce point, Vice-Versa 2 est plus que correct, mais rien n’est mis en œuvre pour créer un effet « waouh » comme on pourrait s’y attendre de leur part. L’approche innovante d’utiliser des visuels différents pour les environnements intérieurs et extérieurs participait au charme visuel du premier, mais peu de choses ont été tentés pour la changer ou l’améliorer. La musique est en grande partie oubliable, sauf lors des moments où la partition rappelle les thèmes de Michael Giacchino.
Vice Versa 2 est suffisamment bon pour justifier une sortie au cinéma, surtout pour les parents en quête de divertissement familial, mais ce ne sera pas l’un des incontournables de 2024. Il fonctionnera aussi bien sur un écran plus petit. C’est un Pixar sympathique tout au plus. Il est probablement le meilleur qu’on puisse espérer d’une suite à un film dont le principal attrait résidait dans sa perspective originale. Le premier était brillant grâce à sa fraîcheur, mais cette qualité est diminuée dans la suite. À sa sortie, Vice Versa semblait être unique, et cela aurait dû rester ainsi.
RÉALISATEUR : Kelsey Mann NATIONALITÉ : Américaine GENRE : Animation AVEC : Amy Poehler, Phyllis Smith, Kensington Tallman, Maya Hawke, Ayo Edebiri, Adèle Exarchopoulos DURÉE : 1h40 DISTRIBUTEUR : Walt Disney Studios SORTIE LE 19 juin 2024