The Creator : Beau mais vide

Connu du grand public grâce à ses deux derniers films (Rogue One en 2016 et Godzilla en 2014), Gareth Edwards revient sur le devant de la scène avec son quatrième long métrage : The Creator. Film original de S-F à petit budget comparé aux super-productions actuelles (80M de dollars contre 220M pour The Flash sorti plus tôt cette année), il proposait, à travers ses trailers, un univers visuel et ambitieux, soigné, des idées de design et des thématiques intéressantes (l’IA, la définition de ce qui est humain ou non et le racisme envers les « simulants », la place de l’armée des USA dans ce conflit, le futur de l’humanité…). Musicalement accompagné par la musique de Hans Zimmer, qui signe ici sa première collaboration avec Gareth Edwards, si sur le papier, le film a tout pour plaire, le résultat n’est que trop mitigé

Dans un futur proche (2065), l’IA a depuis bien longtemps pris place dans notre quotidien. Suite à une agression de grande ampleur de la part des machines (une bombe nucléaire sur Los Angeles), l’Occident décide de mettre un terme à leur vie sur Terre. Repliés en Nouvelle-Asie, les simulants vivent en paix avec les humains. Les États-Unis décident d’envoyer Joshua (interprété par John David Washington, déjà vu dans Tenet) en terrain ennemi pour mettre la main sur une arme capable de stopper définitivement la guerre pour le camp qui l’utilisera. Il rencontrera alors Alphie (premier rôle de Madeleine Yuna Voyles) et tentera de la protéger en mettant à l’épreuve ses convictions.

Autant rentrer au plus vite dans le vif du sujet, ce n’est pas la nouvelle référence promise de la S-F de ces 10 dernières années. Certes, visuellement le film est beau, n’a pas à rougir face à la compétition, mais le scénario est vide. Aucun des thèmes sous-entendus dans les trailers n’est vraiment abordé, et le peu qui ressort est traité en coup de vent avec quelques lignes de dialogue. L’Occident a peur de l’IA au début de l’histoire ? Le point de vue n’évoluera pas. La véritable raison de la bombe sur Los Angeles ? Expédié en une ligne de dialogue au milieu d’une discussion.

Le seul personnage qui voit son état d’esprit évoluer est Joshua, le reste du casting reste sur sa position et ne change pas d’un iota. Le film est cousu de fil blanc, si bien qu’on ne doute à aucun moment de ce qu’il va se passer dans la prochaine scène. À cela s’ajoutent des décisions illogiques, tant par le réalisateur (qui s’est aussi occupé du scénario), que par les personnages, et des résolutions de problèmes trop simples (à la limite du deus ex machina).

On ne se retrouve donc pas devant un film d’anticipation sur la condition humaine et son évolution avec l’IA, mais un simple film d’action avec des robots. S’il avait été vendu de la sorte, il aurait sûrement mieux été accueilli. On se trouve donc devant un remix de nombreuses références S-F (autres films, jeux vidéo, livres…).

The Creator n’est pas la surprise souhaitée en termes de S-F. Visuellement impressionnant, mais disposant d’un scénario creux et sans risques et d’un dernier acte presque illogique dans son déroulement.

Visuellement, le film affiche une certaine qualité de rendu. Les plans d’ensemble, le design des robots et les décors des villes futuristes sont soignés (on ressent l’inspiration Blade Runner pour les villes pour ne citer que lui). Gareth Edwards a réussi le tour de force de proposer des effets spéciaux de qualité pour un petit budget. Rien ne semble faux dans ce que nous voyons. Le souci du détail dans le décor, le cadre, l’immersion par l’image est bien présent. La musique n’est pas en reste avec le travail d’Hans Zimmer, et se révèle agréable, mais peu marquante. On notera par contre l’utilisation de musiques qui détonnent avec celle de Zimmer (du Radiohead, en passant par du Deep Purple ou encore du Golden Wing), tellement qu’il n’aurait pas été surprenant d’entendre The End des Doors pour l’inspiration d’Apocalypse Now

Il est important de préciser que l’actrice jouant Alphy (Madeleine Yuna Voyles) s’en sort relativement bien du haut de ses 6 ans au moment du tournage. John David Washington assure lui aussi son rôle, mais le reste du casting demeure trop en retrait pour que l’on puisse profiter complètement de leur talent, particulièrement Ken Watanabe, qui mériterait plus que des seconds rôles pour s’exprimer pleinement.

Au final, The Creator n’est pas la surprise souhaitée en termes de S-F. Visuellement impressionnant, mais disposant d’un scénario creux et sans risques et d’un dernier acte presque illogique dans son déroulement. Le dernier film de Gareth Edwards est aussitôt vu, aussitôt oublié. On ne passe pourtant pas un mauvais moment devant, mais rien ne nous fait revenir vers lui pour un second visionnage.

3

RÉALISATEUR : Gareth Edwards
NATIONALITÉ :  États-Unis 
GENRE : Science-Fiction
AVEC : John David Washington, Gemma Chan, Madeleine Yuna Voyles, Ken Watanabe
DURÉE : 2h13
DISTRIBUTEUR : 20th Century Studios
SORTIE LE 27 septembre 2023