James Gunn qui s’est particulièrement illustré par la réussite de la trilogie des Gardiens de la Galaxie, est depuis passé à l’ennemi, c’est-à-dire le D.C. Universe. Il en est devenu le garant, occupant une place similaire à celle de Kevin Feige dans le MCU, souhaitant effacer les errements de l’univers cinématographique D.C. précédent. Cette fois-ci, une véritable continuité narrative est à l’oeuvre, comme dans l’univers Marvel. Superman est donc le premier film issu du tout nouveau chapitre Dieux et Monstres de cet univers. James Gunn en met donc plein la vue : beaucoup de personnages, de scènes spectaculaires, d’humour auto-référentiel, peut-être un peu trop, ce qui fait perdre de vue l’essentiel de l’intrigue. Superman souffre d’un trop-plein dans une forme assez brouillonne, ce qui empêche le potentiel du film de se développer véritablement.
Superman se retrouve impliqué dans des conflits aux quatre coins de la planète et ses interventions en faveur de l’humanité commencent à susciter le doute. Percevant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la tech et manipulateur de génie, en profite pour tenter de se débarrasser définitivement de Superman. Lois Lane, l’intrépide journaliste du Daily Planet, pourra-t-elle, avec le soutien des autres méta-humains de Metropolis et le fidèle compagnon à quatre pattes de Superman, empêcher Luthor de mener à bien son redoutable plan ?
Superman souffre d’un trop-plein dans une forme assez brouillonne, ce qui empêche le potentiel du film de se développer véritablement.
Pour offrir un reboot à l’univers D.C., il apparaissait logique de commencer par ce qui en forme la figure la plus iconique et populaire. Comme James Gunn l’avait déjà annoncé, Superman n’est pas un Origins story. Le film commence donc sur les chapeaux de roue, en profitant du savoir déjà accumulé de ses spectateurs. Le point de vue affiché est plus qu’intéressant : Superman n’est pas invulnérable ; au contraire, le film commence par l’une de ses plus grandes défaites. Le ton est donc donné : loin des opus triomphateurs de Richard Donner, il s’agit de montrer Superman comme faillible, en difficulté, presque impuissant, bref humain, ce qui donnera lieu à un beau discours sur l’humanité et l’imperfection dans la dernière partie du film. Cette perspective permet de rapprocher un peu Superman de Batman, super-héros bien plus passionnant et sombre, car il n’est pas doté de super-pouvoirs.
Pourtant James Gunn ne parvient pas à faire échapper Superman à son aspect trop lisse de boyscout. Pour faire diversion face à cet échec, il se sent obligé de faire apparaître nombre de personnages, comme s’il tenait à présenter tous les super-héros du D.C. Universe (Mister Terrific, Green Lantern, Hawkgirl, Metamorpho, l’Ingénieur). Ce trop-plein sature l’espace narratif alors qu’il eût été bien plus efficace de recentrer sur Clark, Lois Lane et Lex Luthor. Bizarrement, James Gunn disposait d’un casting presque parfait pour ses trois premiers rôles : David Corenswet, honnête sans plus, Rachel Brosnahan qui confirme tout le bien qu’on pensait d’elle depuis House of Cards et Mme Maisel, Nicholas Hoult, plutôt bon en Lex Luthor. Mais il n’en profite pas véritablement, se dispersant dans des sous-intrigues, afin de montrer toute la diversité de l’univers D.C.
Reste du moins son atout maître, son humour ravageur. Comme dans Les Gardiens de la Galaxie, James Gunn n’est jamais aussi fort que lorsqu’il lâche les vannes à un humour débridé : tout ce qui tourne autour du chien de Superman, Krypto qui lui vole en fait la vedette à chaque apparition, Eva qui fait des selfies en arrière-plan de Lex Luthor, l’apparition finale de Supergirl (en qui l’on reconnaîtra Milly Alcock de House of the Dragon). On peut également reconnaître Bradley Cooper et Angela Sarafyan dans les parents originaires de Krypton, caméos assez drôles. Malheureusement tout cela est un peu dispersé dans une forme trop brouillonne pour convaincre pleinement. Superman souffre paradoxalement d’un trop grand potentiel qui étouffe un peu le film et l’empêche de trouver une forme satisfaisante. Peut-être parviendra-t-il à la trouver lors des volets suivants du D.C, Universe. Pour l’instant, sa critique du mâle surpuissant touche juste mais aurait pu atteindre de plus hauts sommets.
RÉALISATEUR : James Gunn NATIONALITÉ : américaine GENRE : action, aventure, science-fiction AVEC : David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult, Nathan Fillion DURÉE : 2h09 DISTRIBUTEUR : Warner Bros France SORTIE LE 9 juillet 2025