Rivière : une rage de feu et de glace

Projeté lors du dernier Festival de Locarno, le premier long métrage du cinéaste franco-suisse Hughes Hariche interroge la question de l’identité, de l’appartenance à une famille et du désir de s’intégrer dans la société. Emmené par la jeune actrice Flavie Delangle, révélée par la série Skam France et le film Stella est amoureuseRivière explore le monde de l’adolescence et l’intégration par le sport, en l’occurrence le hockey. Cependant, les coups de patins ne suffisent pas à briser la glace.

Manon, dix-sept ans, quitte les montagnes suisses à la recherche de son père, introuvable. En formant de nouveaux liens et en découvrant son premier amour, elle est déterminée à suivre le chemin qu’elle s’est tracé sur la glace : devenir une joueuse de hockey professionnelle.

Hughes Hariche délivre un message fort, mais l’immersion dans l’univers des patinoires peine à susciter l’empathie.

Manon, 17 ans, fugue pour retrouver son père, parti du foyer plusieurs années auparavant. Elle rencontre la compagne de ce dernier, une mère célibataire peu investie dans l’éducation de son fils, qu’elle laisse errer seul dans les pièces de la maison. Enragée par l’absence de son père, Manon, débrouillarde et pleine de rage, rêve de devenir hockeyeuse professionnelle. Hughes Hariche explore ainsi la notion d’intégration, utilisant le sport comme vecteur social. Manon canalise sa rage existentielle dans sa passion pour cette discipline sportive, qui devient pour elle un moyen de trouver un sens à sa vie. Pourtant, ce récit dégage un fort sentiment de déjà-vu. Le scénario opte pour un réalisme social et tente d’alerter sur le sujet des familles dysfonctionnelles et des troubles mentaux des enfants placés en foyer. Cependant, rien ne fonctionne vraiment, car les émotions, à l’instar du rythme amorphe, sont éteintes. L’histoire d’une adolescente cherchant à s’intégrer par le sport finit par s’écrouler de manière soporifique, sur une patinoire où l’empathie est mise en échec.

Malgré une réflexion juste, le film s’effondre à cause de certaines faiblesses scénaristiques qui annihilent toute velléité émotionnelle.

De cette Manon, on sait peu de choses. Avec son bonnet vissé sur la tête et son air de fugueuse déterminée, elle traverse la frontière pour rejoindre Belfort à la recherche de son père, mystérieusement introuvable. Parti pour un déplacement ou définitivement, le père représente une figure absente qui imprègne le récit. Pourtant, l’exploration des dysfonctionnements familiaux passés est si peu développée qu’elle en devient anecdotique. Le scénario fait l’impasse sur le passé de cette famille aux secrets non révélés, ce qui pèse sur l’ambiance générale. À cause de ce choix d’écriture, la dimension thérapeutique du rêve sportif de Manon, censé la conduire à la réussite, tombe à l’eau. Hughes Hariche livre un film à la structure déséquilibrée qui peine à convaincre. Le parcours de Manon, incarnée par Flavie Delangle, laisse indifférent, malgré quelques similitudes avec Billy Elliot. La mise en scène, souvent plate, ne parvient pas à retranscrire l’esprit de compétition ou cette rage, à la fois de feu et de glace, qui aurait dû envahir l’esprit de la jeune fille. Le cinéaste parvient néanmoins à exposer sa vision du rapport au corps et au physique, et de son lien avec le désir d’accéder à un haut niveau sportif. Mais au-delà de cela, Rivière s’avère être un film bancal.

1.5

RÉALISATEUR : Hughes Hariche
NATIONALITÉ :  Suisse, France
GENRE : Drame
AVEC : Flavie Delangle, Sarah Bramms, Camille Rutherford
DURÉE : 1h44
DISTRIBUTEUR : Outplay Films
SORTIE LE 30 octobre 2024