Retour sur la Masterclass de Bong Joon-Ho

Le 6 juillet dernier, le cinéaste sud-coréen Bong Joon-Ho ouvrait officiellement la 74ème édition du Festival de Cannes, en présence de Jodie Foster, Pedro Almodovar et du président du jury, Spike Lee. Le vainqueur de la Palme d’Or en 2019 a profité de son passage sur la Croisette pour revenir sur sa carrière le temps d’un « Rendez-vous avec… », un temps de rencontre et d’échange avec les festivaliers. Durant plus d’une heure, le réalisateur s’est ainsi confié sur sa jeunesse, ses parents, le streaming et son rapport au cinéma. Florilège des moments forts de la rencontre.


  • Le premier souvenir de cinéma de Bong Joon-Ho date d’avant son entrée à l’école élémentaire ; si le nom du film lui échappe, il se souvient néanmoins qu’il s’agissait d’un documentaire où des singes alcoolisés tombaient des arbres. Ce n’est qu’une fois au collège qu’il commence à réellement s’intéresser au cinéma, aux réalisateurs. A l’université, il passe son temps dans le club cinéma de son établissement. Durant ses études de sociologie, il rencontre les œuvres d’Hitchcock, de Chabrol. Au fil des projections, il construit sa culture cinématographique et découvre de nouveaux langages.
  • A la maison, sa mère lui recommande de faire preuve de prudence : les salles sombres sont pleines de bactéries. Une forme de mysophobie qui ne l’a heureusement pas empêchée d’aller au cinéma. Lorsqu’on lui demande ce que pense sa mère de son film Mother, il répond avec humour qu’un tabou existe autour de cette œuvre, portrait d’une mère possessive. Côté paternel, il décrit son père comme étant quelqu’un de drôle, mais légèrement effacé.
  • Lorsque le cinéma en noir et blanc est abordé, il évoque les époques de Truffaut, de Kubrick, sa version noir et blanc de Parasite est la réalisation d’un rêve. Le clair-obscur fait apparaître de nouvelles nuances, apportant un ton plus dramatique au conte social. Un souvenir d’enfance lui revient : petit, il avait été diagnostiqué daltonien. Pour éviter d’échouer à un concours, il avait appris par cœur le numéro des couleurs. Plus tard, il a passé un test médical pour vérifier sa vue, rien n’a été constaté vis-à-vis de son appréciation des couleurs.

  • Concernant son rapport au streaming, il fait un parallèle avec le film The Irishman de Martin Scorsese et la difficulté de produire un projet : c’est un challenge permanent où se mêlent risque et confiance. Il souligne que Netflix ne l’a jamais entravé lors de la réalisation d’Okja. La réception est néanmoins différente : là où la salle de cinéma impose un film, le streaming non, le spectateur est libre d’arrêter et de reprendre le film quand bon lui semble. C’est un rapport plus horizontal avec le public.
  • Lorsqu’il regarde en arrière, il a des regrets et remords vis-à-vis de ses œuvres : il aurait pu faire différemment ceci, revoir cela. Malgré son regard critique sur sa filmographie, il n’en reste pas moins fier du chemin parcouru. Par ailleurs, le succès de son dernier film n’a pas changé grand-chose à son quotidien. Pour l’avenir, il indique travailler avec Adam McKay sur la série Parasite et sur plusieurs films, dont une adaptation d’Abysses – Une histoire des grands fonds de Christophe Migeon. Une première immersion dans l’univers de l’animation, la sortie n’est toutefois pas prévue avant 2025.
  • A la question « pourquoi faites-vous du cinéma, pour vous surprendre, pour vous surpasser ? », Bong Joon-Ho répond avec simplicité : « pour être heureux ».

Retrouvez notre critique de Parasite de Bong Joon-Ho.