Petite Solange : La Négligée

L’incomprise ? La négligée peut-être plutôt, même s’il y a des résonances avec le classique de Comencini, dont l’affiche orne le mur de la classe d’italien de l’émouvante Solange. Jade Springer, la jeune comédienne qui l’interprète, est super. Sacrifions donc au poncif, et disons qu’elle porte le film sur ses épaules — aidée en cela par son joli chemisier à broderies en petits cœurs à l’envers, et par la musique signée Benjamin Esdraffo. Il me semble avoir lu des critiques émettant l’opinion que cette musique est trop présente, mais pour prendre un contre-exemple récent, mon ressenti fut l’inverse de ce que je vous avais raconté pour Madeleine Collins, où il y a aussi beaucoup de musique. Ici, j’ai trouvé la BO non seulement parfaitement appropriée pour traduire les états d’âme de l’héroïne, mais par-dessus le marché très belle, pensez orchestrations chatoyantes et mélodies au lyrisme mélancolique.

Revenons aux comédiens, outre l’actrice principale, Léa Drucker en mère un peu absente est très bien, et Grégoire Montana aussi, en grand frère un peu absent, quoique sosie binoclard de Vincent Lindon jeune. Katerine en papa, faux gentil et un peu absent, moins. Ce père m’a semblé plutôt chargé, et d’aucuns pourront sans doute voir un contraste fructueux entre la (relative) méchanceté du personnage et la bonhomie naturelle de l’acteur, mais pour ma part je n’ai pas été convaincu par l’alliage. Détail qui ne m’a pas empêché de beaucoup aimer le film.

Solange a 13 ans, elle est pleine de vie et de curiosité avec quelque chose de spécial : elle est sentimentale à l’excès, et adore ses parents. Mais un jour, elle réalise qu’ils se disputent et commencent à s’éloigner…. l’ombre du divorce se précise. Alors Solange va s’inquiéter, réagir et souffrir. C’est l’histoire d’une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible : que l’amour jamais ne s’arrête.

L’incomprise ? La négligée peut-être plutôt, même s’il y a des résonances avec le classique de Comencini, dont l’affiche orne le mur de la classe d’italien de l’émouvante Solange.

Puisqu’on en est à parler détails, et vous savez que j’aime bien ça, en voici deux ou trois baroques qui m’ont marqué. Petit a, un plan sergio-léonin, où les quatre membres de la famille avancent, quasiment tels des cow-boys au ralenti, vers un avenir qu’on pressent, si ce n’est funeste, du moins douteux. Petit b, un zoom voyant sur l’héroïne abattue que j’ai, en fan de l’idole HSS, trouvé très classe. Petit c, coïncidence, revenons à Madeleine Collins, comme dans ce dernier, un magnifique plan de jardin, plan dont je me demande si la matrice ne se trouve pas dans Made in USA de JLG. Vous le verrez et me direz, quoique c’est, comme souvent, probablement dans ma tête.

Ce film d’Axelle Ropert, allez le voir avant qu’il soit trop tard, il ne passe déjà plus des masses. Une dernière réflexion pour essayer de vous amuser — la scène est loin d’être drôle, cependant —, l’héroïne a beau être fan de Greta Thunberg, elle finit quand même par balancer son écharpe en viscose/polyester méga polluante à la baille, non mais allô. OK boomer, eh.

4

RÉALISATEUR :  Axelle Ropert 
NATIONALITÉ : française 
AVEC : Jade Springer, Léa Drucker, Philippe Katerine, Grégoire Montana 
GENRE : Comédie dramatique 
DURÉE : 1h25
DISTRIBUTEUR : Haut et Court
SORTIE LE 2 février 2022