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Météors : des plans sur la comète

Après Petit Paysan, Hubert Charuel revient sur ses terres de Haute-Marne filmer d’autres bêtes à l’abandon : deux amis d’enfance, coincés entre comparution immédiate, rêves de Réunion et béton irradié. Co-réalisé avec Claude Le Pape, Météors pulse comme une comète en bout de course : ça tangue, ça dérape, ça s’accroche à des éclats de lucidité. Dans la sueur des grands enfants fracassés, le film rejoint le cortège des Kircher movies — Le Règne animal, Leurs enfants après eux — où l’adolescence devient un mur quasi infranchissable.

Le duo tient le film à bout de souffle et de peau, bien lancé par cette introduction, l’une des plus réjouissantes du Festival de Cannes. Et si le final s’effiloche, pèche par excès d’explications, par l’envie de tout boucler, Météors reste un geste sincère.

Tout commence par une nuit d’errance : une voiture bringuebalante, un chat dans un sac, deux gars dépassés. Le ton est donné : Météors est un film d’idiots splendides, des mecs qui font les cons, s’aiment mal, rêvent flou. Leur plan ? Un refuge pour chiens à La Réunion. Mais ici, dans cette diagonale du vide, l’intoxication n’est pas une dérive : c’est un carburant. Daniel (Idir Azougli) fume, boit, tremble. Un médecin lui donne trois ans à vivre s’il continue. Il continue. Mika (Paul Kircher), son frère d’échec, s’accroche encore : à l’écriture, à l’amitié, à l’idée qu’un ailleurs est possible. Il bosse chez Burger King, pige dans un canard local, tente de sauver son pote et, à travers lui, un peu de lui-même.

Pour prouver leur bonne volonté face à la justice, ils bossent pour Tony, un ancien pote devenu entrepreneur du nucléaire. Les voilà à l’AGDN, chantier d’enfouissement des déchets du monde moderne. Le nucléaire comme seule perspective. Travailler pour enterrer la merde. « Ici, c’est dégueu, c’est pour ça qu’on met les déchets », balance Mika à son patron.

Entre ces blocs de béton, Météors ne cherche pas la profondeur, mais le vertige. Il filme le vide : celui du chantier, du présent, des corps prêts à tomber d’un batîment Miko. Apparaît de manière flagrante, l’impossible avenir derrière ces blocs de béton. Mika encaisse, Daniel vacille. Le duo tient le film à bout de souffle et de peau, bien lancé par cette introduction, l’une des plus réjouissantes du Festival de Cannes. Et si le final s’effiloche, pèche par excès d’explications, par l’envie de tout boucler, Météors est un geste sincère, une trajectoire drôle et noire, le mouvement d’une tentative, celle de sauver quelqu’un.

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RÉALISATEURS : Hubert Charuel, Claude Le Pape
NATIONALITÉ : française
GENRE : drame
AVEC : Paul Kircher, Idir Azougli, Salif Cissé
DURÉE : 1h50
DISTRIBUTEUR : Pyramide distribution
SORTIE LE 8 octobre 2025