Après Les Folies Fermières, Jean-Pierre Améris propose sa nouvelle réalisation, Marie-Line et son juge, avec une Louane Emera qui revient au cinéma. Alors que ses dernières œuvres ne furent guère fameuses, le cinéaste français continue d’être sur la pente descendante, avec ce film multipliant les honteuses caricatures et stigmatisant les classes sociales les plus basses. Qu’est devenu le cinéma de Jean-Pierre Améris ? La question se pose, alors qu’il nous sert ici quelque chose de regardable, mais sans grande originalité ni étincelles, proposant une kyrielle de maladresses et de clichés, avec un maladroit mépris s’affichant à travers les dialogues et les situations.
Marie-Line, serveuse dynamique, fait la connaissance d’un juge déprimé. Cette rencontre va bouleverser sa vie.
Marie-Line et son juge expose la relation d’un homme de loi avec une jeune femme issue d’un milieu populaire. De cette rencontre aussi improbable qu’inattendue, découle une pseudo-comédie sociale qui n’en finit plus de creuser le fossé existant déjà entre les classes.
Si Jean-Pierre Améris voulait raconter un rapprochement des milieux sociaux, il tombe néanmoins dans le piège de la caricature. Son scénario s’enfonce rapidement dans le misérabilisme, avec cette jeune fille perdue, officiant comme serveuse, et s’occupant d’un père unijambiste. De suite, le film verse dans un tableau social glauque n’évitant pas le cliché de la France profonde, avec son lot de galères et de drames. Même la représentation du personnage féminin, joué par Louane Emera, n’est qu’un vilain reflet d’une population miséreuse symbolisée par l’addiction aux émissions de télé-réalité, encore un poncif qui ne cesse de caractériser les classes populaires. Ces banalités stigmatisantes annihilent toutes les ambitions de ce film, à force d’accumuler nombre d’idées reçues et de stéréotypes affligeants. L’écriture transforme cette Marie-Line en une description aberrante, entre inculture, bêtise intellectuelle, en l’affublant également d’une tenue vestimentaire à la limite de la vulgarité. De ce fait, comment croire à cette histoire ? Nul doute que cette vision honteusement caricaturale dessert le sujet, et contribue, certes maladroitement, à une forme de mépris des classes. Encore aurait-il fallu que les scénaristes se documentent sur cette strate sociale, mais Marie-Line et son juge choisit de caricaturer, sans doute pour apporter un soupçon d’émotion. Tout cela reste vain, stérile, sans profondeur, baignant dans une extrême superficialité, exposant constamment une peinture maladroite de la pauvreté. Autant dire que ce film donne l’impression de représenter une vision bourgeoise véhiculant de grotesques et ridicules clichés.
La seconde partie du film élève vainement l’ensemble, mais reste tout de même dans une médiocrité alliant mise en scène absente et écriture défaillante.
La défaillance du scénario s’affiche à tous les niveaux, tant les deux personnages principaux possèdent une psychologie balayée d’un revers de main. De cette jeune femme au passé relativement flou et plus qu’énigmatique à ce juge tourmenté par une tragédie familiale, peu d’éléments sont proposés pour comprendre les doutes de leur existence et savoir ce qui les lie concrètement. Le mot « pourquoi » se diffuse de manière permanente, sans obtenir les réponses adéquates. Ainsi, cette rencontre entre ce juge et cette serveuse ne produit pas l’effet attendu, alors que tout le piment de ce récit réside dans cette relation qui, dans la vraie vie, est pratiquement impossible. Est-ce pour panser les plaies béantes provoquées par des blessures intérieures ? Le personnage interprété par Michel Blanc, rongé par l’alcoolisme, est cependant mal exploité par cette écriture qui lui procure l’image antipathique d’un homme hautain et bougon, dont les rares saillies humoristiques rappellent sans cesse les rôles culte de l’acteur. L’association tant espérée n’a pas lieu, fortement due à l’antagonisme évident entre Marie-Line et ce juge, avec une rencontre à laquelle il est difficile d’y croire, même une seconde. Les dialogues font rarement mouche, et les situations s’enchaînent sans saveur. Le ton monocorde de Louane Emera et l’impassibilité de Michel Blanc n’arrangent rien du tout. Pourtant, il y avait une incroyable matière pour fabriquer une histoire à la Intouchables. Jean-Pierre Améris manque son objectif en adoptant un regard biaisé de la société pauvre, sur laquelle il porte un jugement maladroit, parce qu’on ne connaît pas le terme symbiose ou François Truffaut, une inculture manifeste qui ressort de ce film, mais déforme la réalité.
RÉALISATEUR : Jean-Pierre Améris NATIONALITÉ : France GENRE : Comédie AVEC : Louane Emera, Michel Blanc, Philippe Rebbot, Victor Belmondo DURÉE : 1h43 DISTRIBUTEUR : ARP Sélection SORTIE LE 11 octobre 2023