Martin Bourboulon (Papa ou maman, Eiffel) change totalement de registre et se retrouve à la réalisation d’une grande production française au budget faramineux de 60 millions d’euros, une somme colossale pour le cinéma français. On attendait énormément de cette œuvre remettant au goût du jour le spectacle de cape et d’épée, en vogue dans les années 1950 et 1960 ( Fanfan la Tulipe, La Tour, prends garde, Le Capitan) et qui réapparut bien plus tard avec Cyrano de Bergerac ou Le Hussard sur le toit. Cette nouvelle adaptation du roman d’Alexandre Dumas père (dont nous connaissons aussi celles de George Sidney, Bernard Borderie puis de Richard Lester) redonne un nouveau souffle à ce genre mélangeant aventure, combats à l’épée, et intrigues au sein de la cour royale. Nous pouvons exprimer notre plaisir en regardant les mésaventures de ces mousquetaires valeureux, durant deux heures d’excellente qualité proposant prouesses techniques et esthétiques irréprochables. Réjouissant et fort divertissant, la réussite de ce pari ambitieux ne fait pas l’ombre d’un doute, et révèle un réalisateur aux capacités insoupçonnées, pourtant peu visibles dans le passable Eiffel. Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan chevauche vers un grand succès, qui viendrait justement récompenser le magnifique travail de toute l’équipe de ce film techniquement abouti.
D’Artagnan, jeune Gascon, est laissé pour mort après avoir essayé d’empêcher l’enlèvement d’une jeune femme. En cherchant ses agresseurs, celui qui désire devenir un mousquetaire découvre l’existence d’un conflit mettant la France en danger.
Porté par une distribution de premier choix, représenté par la fine fleur du cinéma français, Les Trois mousquetaires : D’Artagnan possède des arguments solides, est l’exemple même de la production pouvant rassembler un large public dans les salles.
Duels, combats, mousquetaires virevoltants, mystérieux complot… Martin Bourboulon réadapte le roman, en le modernisant, redonnant ses lettres de noblesse au cinéma de cape et d’épée avec fougue, fantaisie, vigueur. De quoi garantir un spectacle de fort belle facture, ravissant les rétines des spectateurs, redorant l’éclat d’un cinéma français épique, donnant encore un peu plus de couleurs à un Septième Art qui en a bien besoin. De l’action, de l’aventure, du suspense, ce film en contient, pour le plus grand plaisir des amateurs d’escrime et de ceux voulant se divertir devant une œuvre procurant évasion, détente, et de fortes sensations aventurières.
Nous préparons les selles, montons à cheval, galopons aux côtés de ces mousquetaires déjouant un terrible complot, dans un véritable spectacle dont les grandes qualités techniques apparaissent dès l’entame, avec une utilisation parfaite des plans-séquences et une esthétique sombre propre au climat un peu austère des bas-fonds parisiens. La très haute technicité de l’ensemble justifie amplement le budget et les neuf mois de tournage qui ont servi à la fabrication de l’œuvre, sublimant une nouvelle fois ce monument de la littérature. À la finesse de conception des costumes se rajoute la somptueuse beauté des décors architecturaux, magnifiant la splendeur du patrimoine historique français. L’utilisation des plans larges permet de mieux voir la magnificence des décors utilisés, en explorant les moindres beaux recoins. De château en abbaye, le film prend place dans ces monuments, recréant ainsi l’atmosphère du règne de Louis XIII. À noter également la qualité de la reconstitution historique, dans un film d’époque dressant un contexte marqué par la présence du protestantisme en France, notamment à La Rochelle. La qualité visuelle n’est pas à déplorer, entre bougies et candélabres qui créent une luminosité convenant bien sûr à merveille à ces lieux baignés de lumière et d’obscurité. Quant aux costumes, il est évident d’en louer l’extrême précision, l’élégance, le remarquable choix des tissus. Toutes ces spécificités techniques sont autant d’atouts importants pour un film bénéficiant de tels moyens financiers, et dont on constate la bonne gestion durant tout le film. Dimitri Rassam n’a pas lésiné sur les sommes allouées à la mise en œuvre de ce film, tout en faisant confiance à Martin Bourboulon, cinéaste réussissant le difficile objectif de produire une réalisation plus que notable.
Le metteur en scène franchit un palier compliqué dans sa filmographie, avec Les Trois mousquetaires : D’Artagnan, film qui lui permettra très probablement de connaitre son premier vrai grand succès. Ses capacités se dévoilent, proposant une réalisation digne d’un film de cape et d’épée, alliant rythme et combats chorégraphiés, tout en maintenant une bonne régularité technique. Une prouesse symbolisée par quelques scènes mémorables accompagnées par ces fameux plans-séquences si durs à réaliser, une fluidité certaine dans les mouvements de caméra, et un cadrage permettant d’apprécier la valeur des décors, si essentiels dans ce film. L’intrigue reprend fidèlement le roman, recyclant un peu les précédentes adaptations, avec cette histoire de complot autour des ferrets de la reine. Cependant, cela s’avère être une transposition accomplie de ce roman majeur de la culture littéraire française, toujours une référence en la matière. On s’amuse, se réjouit de voir ces personnages historiques au cœur de ce récit tendu où l’épée vient percer à jour ces esprits complotistes gravitant autour d’un roi défendu par ces mousquetaires respectant les codes de la dignité et du courage. Le contenu rend un hommage aux films emblématiques du genre, embrassant vigoureusement les codes de ce cinéma, entre histoire, actes de bravoure, tensions internes, témoins d’un temps où les complots se fomentent. Ceux qui connaissent Les Trois mousquetaires avec Gérard Barray y verront sans doute une resucée, d’autres le percevront comme une modernisation spectaculaire et épique, ce qui est le cas. Porté par une distribution de premier choix, représenté par la fine fleur du cinéma français, Les Trois mousquetaires : D’Artagnan possède des arguments solides, est l’exemple même de la production pouvant rassembler un large public dans les salles. Si le scenario n’en est pas le point fort, le film vaut surtout pour son potentiel de divertissement, ses tentations romanesques que l’on devine à travers quelques scènes, et pour un François Civil endossant parfaitement le rôle de ce D’Artagnan, le plus connu des mousquetaires, ce héros entreprenant et fantasque. Des notes d’humour parsèment ce film oscillant entre la fantaisie et les coups d’épée. Autant de raisons qui donnent une furieuse envie de découvrir la suite, prévue le 13 décembre 2023.
RÉALISATEUR : Martin Bourboulon NATIONALITÉ : France GENRE : Cape et d'épée AVEC : François Civil, Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Romain Duris, Pio Marmaï, Vincent Cassel, Louis Garrel, Eric Ruf, Eva Green DURÉE : 2 h 01 DISTRIBUTEUR : Pathé SORTIE LE 5 avril 2023