Ces Fabelmans sont magnifiques, bouleversants. Une mise à nu d’une grande sincérité, bien plus subtile que ce qui est dit (parfois) ici et là, il y a notamment une mélancolie, une tristesse désarmante que le jeune acteur arrive à restituer à la perfection. Le film, l’un de ses meilleurs, m’a littéralement transpercé le cœur.
Le film est, on le comprend bien, très personnel : Spielberg y évoque avec tendresse (mais aussi lucidité, celle que pose un homme qui a de l’expérience) son enfance, son rapport au cinéma et à la vie (à ce titre la scène avec son oncle Boris est magnifique de vérité), revient aux sources de son inspiration, mais surtout, rend hommage à ses parents (notamment à sa mère, l’objet de toutes les attentions du cinéaste, ici incarnée à la perfection par Michelle Williams). On est pourtant loin du simple film hommage au cinéma, Spielberg s’en détache constamment. Il suit l’évolution de Sammy, mais a l’intelligence de stopper son histoire au moment où le jeune Sammy va sans doute connaitre la gloire. The Fabelmans prouve une fois de plus le talent de conteur de Steven Spielberg et, dans le même temps, permet intrinsèquement une relecture de toute son oeuvre, marquée du sceau de l’enfance confrontée aux aléas de la vie, d’une « incapacité d’être ». Il y a dans le film une tristesse, une mélancolie chez le jeune Sammy, magnifiquement rendue à l’écran par Gabriel LaBelle, qui m’a littéralement bouleversé. Spielberg, à l’instar de James Gray récemment (avec le sublime Armageddon Time, centré lui, sur les années Reagan), aborde également sa judéité (et l’antisémitisme fortement présent dans la société américaine).
Le souci des détails, la fluidité des transitions, le classicisme superbe, la sensibilité de l’ensemble, sans parler de l’apprentissage de la vie par le cinéma (le conflit art/famille, la caméra qui capte bien plus que ce que l’on voulait réellement filmer, comme dans la scène du montage du film de vacances, le cinéma comme refuge) achèvent de faire de ces Fabelmans un grand film.