Les Chroniques de Poulet Pou : retour sur Yannick de Quentin Dupieux. Du pouvoir et des luttes pour s’en saisir.

Dupieux vous montre le monde à travers de drôles de lunettes déformantes, pourtant vous allez voir ses films et vous vous y sentez chez vous. Je dis vous, je parle pour moi, je connais des gens très bien qui trouvent ça bof, ou pire — prenons la personne chère à mon cœur, qui avait d’ailleurs plutôt bien aimé les deux précédents. Elle m’a avoué cette fois-ci, d’une, s’être un peu sentie prise en otage comme les spectateurs de la pièce dans le film. De deux, qu’elle reconnaissait au réalisateur un talent certain pour obtenir quelque chose à partir de rien. De quoi s’agit-il, le buste d’empereur romain qui vous toise au générique vous met la puce à l’oreille. On causera, plutôt que d’angoisse ultramoderne, du pouvoir et des luttes pour s’en saisir.

Relative nouveauté pour notre Quentin national, cependant le discours social/marxiste/etc., ainsi que les résonances avec les diverses crises qui secouent notre beau pays, se diluent dans le jeu, avec cette qualité qui est au fond la plus grande de Dupieux, celle d’être connecté à l’enfance et son idiotie primordiale. Bref, comme d’hab j’ai passé un super moment, comme d’hab les comédiens sont au top, on est même carrément ému à la fin, ce qui n’arrive pas tous les jours chez l’Oizo — merci Raphaël Quenard et son abattage qu’il faut voir pour croire. En bonus, super BO de méga hipster — morceaux de piano solo d’Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou, la bonne sœur éthiopienne aux blues bizarres, décédée ce printemps à l’âge de 100 ans. Je vous recommande le volume 21 des compiles Éthiopiques, vous m’en direz des nouvelles.