Biopic de l’icône Veil par le créateur de La Môme, ça fait vachement peur dit comme ça, et sans doute vous demandez-vous, Pourquoi diantre s’est-il infligé une telle épreuve. Apprenez que c’était dans le cadre professionnel. Bon, j’ai un peu souffert, car c’est parfaitement raccord avec l’idée qu’on s’en fait a priori, mais je ne sais pas, c’est peut-être mon côté verre toujours à moitié rempli (remettez-nous ça, patron, à la vôtre), je me dis que ça aurait pu être pire. OK, le style publicitaire est affirmé dès la première image, qui évoque les proverbiaux petits déjeuners Ricoré. OK, les mouvements incessants de la caméra, incapable de rester immobile, ou de faire un panoramique sans l’enfler de circonvolutions insensées, sont pénibles, de même que les kilomètres de musique patapouf. Il y a une scène involontairement amusante, pendant laquelle l’époux Veil — on reconnaît Olivier Gourmet sous le silicone, et dans le genre pointures on aperçoit aussi Élodie Bouchez, Sylvie Testud ou Antoine Chappey — pendant laquelle Antoine Veil, disais-je, jouotant sur le piano à queue du salon, semble soudain être la source des flonflons de la BO. OK, les prothèses visage de Zylberstein. Mais glissons là-dessus, et regardons le positif. D’une, c’est peut-être uniquement dans ma tête, mais il m’a semblé que le film prenait en considération les débats historiques sur la représentation de la Shoah au cinéma dans ce qu’il montrait — ou pas. De deux, la figure de Simone Veil est certes monolithique, et le film boulonné à son programme édifiant, cependant il y a une exception — la scène où, dans le but de converser avec lui avant une interview télévisée, Madame la ministre exige la présence d’un malade du sida, que le personnel de l’hôpital où se déroule l’affaire s’empresse de fournir, en déplaçant à l‘endroit indiqué un moribond qui n’avait rien demandé à personne. Soudain s’entremêlent l’humanité et l’autoritarisme brutal du personnage, ses principes moraux élevés et ce qu’il faut bien appeler son égocentrisme. Mais c’est peut-être également uniquement dans ma tête.
À part ça, il se passe beaucoup de choses dans ma tête, mais il me semble que le patchwork temporel que propose le film a tempéré mon ennui. J’entends les réserves de qui s’inquiète de ce que ce parti-pris non linéaire puisse contribuer à perdre les jeunes spectateurs. Cependant, même s’ils n’ont peut-être pas tout bien compris, à entendre les réactions favorables de ces derniers, je dirais que le film fait le job pour lequel il semble être prévu, à savoir être montré en sortie scolaire. Ce n’est déjà pas si mal.