Note spectateurs Allociné 1,9, ça donne envie. Vous connaissez l’expression, du reste je ne sais plus d’où elle vient, sketch d’un comique oublié maybe, Ni vous, ni moi, mais les gens, sont des cons. Parce qu’en réalité c’est vachement bien, chose dont votre humble serviteur acquit la quasi-certitude dès que la musique synthético-émotionnelle de Howard Shore — j’ai pensé au Jean-Michel Jarre de la grande époque — eut retenti au générique. Continuons dans le registre comique, nous sommes à la caisse du cinoche, la personne chère à mon cœur achète deux places et commande un café, un ou deux s’enquiert le caissier, UN SEUL avec les LINCEULS. Il n’y a pas tellement de jeux de mots dans le film — me revient à l’esprit une histoire de crash avec Karsh, le nom du héros —, mais petit a malgré son thème morbide il est continûment drôle. La personne chère à mon cœur ne valide pas tellement cette affirmation, mais disons que son sens de l’humour est moins accordé à celui du démiurge de Toronto, dont elle n’est pas non plus la plus fondue des amatrices — apprenez que ça ne l’a pas empêchée d’apprécier relativement le film. Revenons à celui-ci, petit b il est très verbeux, avec des dialogues tarabiscotés, et Vincent Cassel, que je trouve plutôt mauvais comédien en général, y compris dans les Cronenberg où il apparaît, est étonnamment bon en pseudo-démiurge. Diane ’’I have Vertigo’’ Kruger en pseudo-Madeleine Elster est top. En effet, il s’agit peut-être, petit a, du Cronenberg le plus autobiographique, petit b, du plus hitchcockien, pensez Sueurs froides et sa femme double donc, et Fenêtre sur cour et sa pulsion scopique.
Vous avez peut-être remarqué que ça faisait un certain temps que je n’avais rien écrit ici, ni du reste ailleurs, manque de temps, absence de sorties culturelles, lassitude aussi, tâchons donc de faire court. M’ont marqué, petit a, que les héros aiment se raconter des histoires — je me demande si le gag de l’excitation sexuelle via la théorie du complot n’est pas une référence malicieuse à Un poisson nommé Wanda, où c’est la langue russe parlée qui la provoque —, et petit b, que Karsh se refuse à observer la réalité directement, préférant le faire au travers de la technologie et ses multiples écrans, au risque d’être dupé. Petit c pour conclure, que les dialogues, au lieu d’être filmés en champs-contrechamps classiques, avec amorce d’un personnage de dos sur l’écran, le sont souvent dans des plans où on ne voit que celui qui cause. Comme si les personnages étaient seuls, face à la caméra. Choix de mise en scène qui contribue à distiller un sentiment de terrible solitude. Pas comme sur l’image en illustration, vous me direz, mais le personnage à droite est aveugle.