Les Chroniques de Poulet Pou. Retour sur Le Parfum vert. Suite des aventures capillaires de Vincent Lacoste

Après Fumer fait tousser et Le Lycéen, suite des aventures capillaires de Vincent Lacoste. Si je vous dis, Double H, réfléchissez, ce n’est ni du démiurge de Taïwan, pour lequel il en faut trois, encore moins du boucher de Prague — quoique, il y a un lien, ténu mais réel, mais il en faut quatre — dont je souhaite vous entretenir. Cessez de parler par énigme, me reprocherez-vous, ce en quoi vous serez injuste, car c’est tout ce qu’il y a de raccord avec le film. Bon, j’espère que vous avez trouvé la solution, c’était facile. H numéro un est Hergé, Vincent ’’houppette’’ Lacoste en Tintin, Sandrine ’’caban’’ Kiberlain en Haddock. Il manque Milou, figurez-vous qu’après la séance je me suis rendu dans un restaurant qui s’appelle comme ça. Mais ne nous égarons pas, vous connaissez le label ’’ligne claire’’, qui vient de la BD et qu’on utilise au cinoche dès qu’un film de Bruno Podalydès pointe le bout de son nez. Tout le monde sait ce que ça veut dire, sans trop être capable de l’expliquer. Couleurs vives, légèreté, drôlerie, ne rentrons pas dans les détails, les ingrédients sont bien là. H numéro deux est Hitchcock, nuque au chignon en spirale introductive + Mort aux trousses + 39 Marches sont les mamelles du film. Références qui accueillent par ailleurs le questionnement judéo-européen de gauche qui semble préoccuper Nicolas Pariser (d’où le lien ténu mais réel avec les nazis, pour ceux qui ne suivent pas mon train of thought).

Je ne serais pas honnête si je n’avouais pas être sorti de la séance presque de mauvaise humeur. Peut-être attendais-je trop du film — j’avais aimé les précédents, Le Grand Jeu (2015, Poupaud vs. Dussollier dans une sombre histoire de complot), et Alice et le Maire (2019, Demoustier vs. Luchini dans une évocation de la vie politique à la mairie de Lyon). Ici quelque chose ne va pas, mais je n’arrive pas à mettre exactement le doigt dessus. Peut-être que le méchant est trop fade (on est content d‘apercevoir en sbire le rare Thomas Chabrol, qui a perdu tous ses tifs — jouait-il dans Le Grand Jeu, je crois me souvenir que oui. Il était savoureux dans Alice, en tous cas). Peut-être qu’il y a des choses mal ficelées dans l’intrigue (si quelqu’un peut m’expliquer ce que font les méchants dans la baraque de leur prochaine cible, qu’il se dénonce). Peut-être que la musique de Benjamin Esdraffo (dont j’avais aimé le travail dans Don Juan de Bozon et Petite Solange de Ropert) est trop envahissante. Peut-être que le film est trop sage, que les péripéties manquent de folie — j’attendais un vrai gros crescendo à la fin, or malgré Mozart (symphonie no. 25 en sol mineur, premier mouvement), non. Cependant, après une nuit de mauvais sommeil, mon impression n’est plus si négative. Je ne sais plus qui dit qu’on se rappelle surtout du début des livres, mais de la fin des films. Je ne sais plus si la citation ne dit pas le contraire, d’ailleurs. Qu‘importe car dans le souvenir, ne restent au fond ni le début ni la fin, ni les péripéties un peu sages au milieu, mais les moments où il ne se passe pour ainsi dire rien — monologue judéo-européen de gauche de Kiberlain dans une cuisine bruxelloise, crise d’angoisse parano-ashkénaze de Lacoste dans un train en gare de Nuremberg.