Le titre est trompeur pour deux raisons, d’une, comme dit la chanson, When he goes, he really goes. Votre humble serviteur qui a passé enfance et adolescence à déménager peut en témoigner, comme le pressentent les héros de ce beau portrait documentaire de bandes de copains sur le point de se défaire pour cause de fin du lycée, difficile de garder le contact quand on ne se voit plus, malgré les serments aussi intenses que les amitiés. Deuxième raison, le film n’est pas seul, mais suivi du plus court mais plus fort encore Un pincement au cœur, qui redit la même chose, quoique dans un milieu géographique et social opposé. Aux babos enthousiastes et probablement bien nés d’un internat de Die succède la mélancolie de Linda et Irina, dont le tragique ordinaire des vies à Hénin-Beaumont transpire à chaque plan. Pour ne rien arranger, c’est la fin de la seconde, Linda déménage dans les Yvelines, les deux amies savent qu’elles ne se reverront plus, c’est à peu près tout et c’est bouleversant.
Guillaume Brac observe ses gracieux sujets avec beaucoup d’amour et une juste distance — outre la brusquerie maladroite aussi drôle que touchante de Linda, m’a marqué la scène où, vue de loin dans un étrange paysage, Irina fait un jogging avec son soupirant. Je me demande pourtant à quel point le cinéma est un vampire, je veux dire, les jeunes filles des deux films se rendent-elles compte de ce qu’elles ont donné d’elles-mêmes à la caméra. Dans le même ordre d’idée, m’a interrogé le fait que les ados ne sont crédités que par leur prénom au générique, alors que les quelques adultes qui apparaissent à l’écran le sont par leur prénom et nom de famille.