Portrait de l’artiste en vieil homme ? Il y a de ça. Le film opère (astuce) à la façon d’un portfolio, et d’ailleurs, discrètement goguenard, il en exhibe un, de portfolio. L’auto-réflexivité, ce n’est pas ce qu’il y a de plus léger, ni les monologues explicatifs. Ceux-ci sont un peu systématiques, quoique nécessaires — comme le cancéreux sa tumeur, ils fabriquent le récit, dans lequel, à la façon de Videodrome ou du Festin nu, le héros se trouve plongé au milieu d’un obscur combat que se livrent des organisations mystérieuses. Il est permis de se dire que ce récit n’a aucune importance, que ce sont les images qui comptent — et à ce titre, le début est saisissant —, mais pourquoi tous ces monologues théoriques, alors ? M’a sans doute manqué une dose de romantisme, cependant la maison avoue elle-même ne plus savoir comment s’y prendre en ce qui concerne le sexe à l’ancienne mode, et la vision désolée du cadavre d’un enfant sera l’unique concession au sentimental.
Mieux vaut en dire le moins possible, sachez que le film m’a fait l’effet d’un objet étrange, à la fois dévitalisé et foisonnant, déjà-vu et singulier, sinistre et bouffon. C’est peut-être le propre de l’œuvre digne de ce nom, que de susciter une interrogation, un flottement intellectuel. Ou peut-être sont-ce les séquelles du Covid. Ou peut-être le film est-il un peu raté. Time will tell, raccrochons-nous à du solide, la musique de Shore est envoûtante, malgré les monologues les comédiens sont super, au premier chef Sa Majesté Viggo en artiste-ninja perclus sur son lit de douleur augmenté, et le film a été tourné à Athènes, bonus de 100 points.